Plus tôt ce mois-ci, le ministère de l’Éducation angolais a fermé l’école internationale Hope, connue sous le nom de “collège turc”, une école privée de Luanda . Selon le journal angolais O País, tous les étrangers employés à l’école ont perdu leur visa de travail et seront bientôt priés de quitter le pays.
On soupçonne que cette décision, confirmée par un décret présidentiel publié en octobre dernier mais appliqué seulement maintenant, pourrait être le résultat d’une pression exercée par le président turc M. Recep Tayyip Erdogan, dont le gouvernement a procédé à des arrestations massives [fr] en Turquie depuis la tentative de coup d’État en juillet dernier.
En octobre, le journal Folha 8 rapportait, sans citer de sources, que M. Erdogan négociait avec le gouvernement angolais pour obtenir l’extradition de citoyens turcs en échange d’expéditions de produits alimentaires, y compris de riz.
Melle Tchissola Figueiredo, une élève de 16 ans du collège turc, a publié une vidéo sur Facebook décrivant ce qui s’est passé lorsque l’école a été fermée, relatant comment les responsables du ministère de l’Éducation avaient interrompu les cours du matin. Vers 11 heures, la police aurait aligné tous les professeurs de l’école et exigé de voir leurs papiers d’identité.
Dans sa vidéo sur Facebook, qui a enregistré près de 80 000 vues au moment de la rédaction de ce texte, Melle Tchissola nie également les rumeurs circulant sur WhatsApp selon lesquelles l’école ferait la promotion d’un islam radical et soutiendrait le mouvement de M. Fethullah Gülen, un citoyen turc exilé aux États- Unis, que M. Erdogan accuse d’être le cerveau derrière un coup d’état tenté en Turquie l’année dernière:
Le journaliste Pedrowski Teca du journal Folha 8 a enregistré des images du raid du gouvernement sur l’école, en partageant la vidéo sur sa page Facebook :
Selon la radio Deutsche Welle, les parents des élèves auraient fait savoir qu’ils voulaient protester contre la décision de fermer l’école.
Une pression d’Ankara?
La répression policière ne s’est pas limitée à la fermeture de l’école. Deux citoyens turcs, Prof. Ibrahim Gardol et Prof. Elgiam Tusdiev, ont également été accusés de blanchiment d’argent, de financement du terrorisme international et d’être membres d’un mouvement idéologique lié à la tentative de coup d’état en Turquie, selon O País, citant une source anonyme.
Le ministre angolais de l’Intérieur, M. Ângelo da Veiga Tavares, nie que les mesures contre l’école aient été motivées par des pressions extérieures, refusant de donner plus de détails sur ce qui a incité l’opération de police. Lors d’une conférence de presse le 15 février, il a déclaré :
Le président turc a récemment visité l’Afrique, dont le Mozambique, où il a également fait une demande similaire de fermer plusieurs écoles et projets liés à ses adversaires turcs. Dans ce cas, l’utilisateur de Facebook “El Thazi”, un citoyen mozambicain, a partagé son scepticisme :
Luaty Beirão, militant angolais accusé de rébellion dans un dossier de 15 + 2, a également soutenu que le gouvernement turc était impliqué dans ce scandale :
#angola professeurs turcs et les familles pendant deux jours face à une expulsion injustifiée par le gouvernement angolais. Il parait à la demande d’Erdogan !
Le journaliste mozambicain Rafael Ricardo soutient que le gouvernement turc achète le régime angolais “avec une assiette de nourriture” :