Tandis que le monde politique britannique continue à subir les conséquences politiques du BREXIT, le reste du monde continue à débattre sur ses conséquences et à avancer des hypothèses.
Dans ce billet paru sur globalvoices.org (GV), le namibien Ndesanjo Macha, responsable de l’édition anglaise de GV sur l’Afrique, présente quelques points de vue sur les conséquences du BREXIT sur les pays africains, selon quelques observateurs. Il est avocat, consultant, blogueur, journaliste et activiste numérique & des nouveaux médias.
J’ai fait la traduction qui a été révisée par Suzanne Lehn, éditrice en second de GV en français.
52% des électeurs en Grande-Bretagne ont choisi lors d’un spectaculaire référendum de quitter l’Union européenne (UE) le 23 Juin 2016.
Après la publication des résultats officiels, beaucoup de monde à travers l’ Afrique, où plusieurs pays ont été colonisés par la Grande – Bretagne et sont actuellement membres du Commonwealth, une organisation intergouvernementale qui regroupe pour la plupart des colonies de l’ancien empire britannique, se demandent si la décision de quitter l’UE aura un effet quelconque pour eux.
Analysant ce que ce Brexit signifie pour l’ Afrique, Grieve Chelwa a relevé sur le blog africasacountry.com (l’Afrique est un pays) qu’une récession économique au Royaume-Uni à la suite du référendum est l’une des façons dont les économies africaines pourraient être touchées. Cependant, il conclut que l’ Afrique s’inquiète davantage de la récession en Chine:
Quelle est l’importance du commerce entre le Royaume-Uni et l’Afrique ? Pas grand-chose, en réalité. En combinant les données de l’Office for National Statistics (ONS) du Royaume-Uni avec celles de 2014 de la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), la dernière année pour laquelle elles sont comparables, nous avons calculé que les exportations de l’Afrique vers le Royaume-Uni représentaient environ 5% des exportations totales de l’Afrique. L’Afrique est plus préoccupée par un ralentissement économique en Chine, qui est de loin son plus grand partenaire commercial.
Il a tiré une conclusion semblable sur l’importance des investissements britanniques en Afrique:
Le Royaume-Uni n’a pas la même influence sur le continent qu’il y a quelques décennies. Et le Brexit en sera une preuve de plus. Si le Royaume-Uni éternue, l’Afrique dira .. “A vos souhaits” et continuera son chemin.
Ida Horner a exprimé son désaccord avec ceux qui affirment que les agriculteurs africains allaient gagner avec la sortie de la Grande-Bretagne car celle-ci serait la voix des agriculteurs africains en Europe:
En ce qui concerne les agriculteurs africains, une question a été posée, à savoir si la Grande-Bretagne serait plus efficace dans la lutte pour les droits des agriculteurs africains en ne faisant plus partie de l’Union européenne (UE). Je ne crois pas que ce sera le cas. La raison est que les agriculteurs britanniques auront perdu leurs subventions de l’UE dans le cadre de la politique agricole commune (PAC). Les conséquences ne sont pas encore claires, mais je suppose que la Grande-Bretagne donnera la priorité aux agriculteurs britanniques par rapport aux agriculteurs africains.
Richard Dowden, directeur de Institut royal pour l’Afrique, estime que le rôle de la Grande – Bretagne comme soutien à l’Afrique dans les organisations internationales diminuerait avec le Brexit:
Beaucoup de gens sur le continent voyaient la Grande-Bretagne comme une voix importante pour l’Afrique à Bruxelles et à l’ONU, à New York. Mais maintenant, l’Angleterre et le Pays de Galles – hors de l’UE et dirigées par les petits Anglais – verront l’influence britannique diminuer encore plus dans le monde. La Grande-Bretagne ne risquerait-elle pas même se voir poussée hors du Conseil de sécurité des Nations unies?
Le Brexit pourrait également avoir une incidence négative sur les étudiants africains, les réfugiés et d’autres types d’immigrants, a-t-il soutenu:
Le Brexit renforcera également le racisme en Grande-Bretagne. Il y a peu de doute que la plupart de ceux qui ont voté pour la sortie étaient effrayés par l’immigration et voulaient empêcher les étrangers de venir en Grande-Bretagne. Les Africains – plus visibles que les Européens – en seront sans aucun doute la cible principale.
Mais Ida Horner explique que les changements dans le contrôle sur l’immigration pour les Africains sont difficiles à prévoir:
En effet, la Grande-Bretagne ne peut pas contrôler l’immigration en provenance de l’UE et, par conséquent, afin de réduire l’immigration globale, l’accès des citoyens du Commonwealth sera limitée. La perception de ceux qui sont en faveur de la sortie, est que si la Grande-Bretagne devait quitter l’UE, cette situation serait inversée.
Dans quelle mesure cette affirmation est vraie pour les pays africains fait débat et est ouverte au débat, il faudrait examiner les chiffres existants, par exemple, du nombre d’Africains ayant réussi à obtenir le visa de deux ans Commonwealth Youth (Jeunesse du Commonwealth) ou Ancestry (ascendance) dans le passé et actuellement, comparé à celui des Canadiens, des Australiens voire des Sud-Africains blancs.
Écrivant sur le portail web du groupe de médias Financial Nigeria International, Martins Hile a examiné l’impact du Brexit sur le Nigeria, le deuxième plus grand partenaire commercial de la Grande-Bretagne en Afrique après l’Afrique du Sud:
En tant que membre du Commonwealth britannique, le Nigeria a des liens étroits avec la Grande-Bretagne. Après l’Afrique du Sud, le Nigeria est le deuxième partenaire commercial de la Grande-Bretagne en Afrique, avec un volume de 6 milliards de livres sterlings (environ N2.4 milliards, soit 8,52 milliards de $) l’année dernière. En décembre 2014, le Département britannique pour le développement international avait un portefeuille de 40 projets au Nigeria avec un budget prévu de 232 millions de livres sterlings pour 2014/2015, qui comprennent des subventions aux organisations sans but lucratif, l’assistance technique et en partenariat avec d’autres agences de développement. Une économie plus faible et plus petite au Royaume-Uni aboutirait à une réduction de ses investissements dans des projets de développement au Nigeria, même si c’est de manière temporaire.
Il a averti que le Brexit pourrait avoir une forte influence sur les sentiments sécessionnistes au Nigeria:
Si la Grande-Bretagne, qui a construit l’ensemble nigérian commence à se replier sur elle-même, des agitateurs pour l’indépendance de certains groupes ethniques nigérians trouveraient ce mauvais exemple digne d’émulation. En dernière analyse, comme pour la Grande-Bretagne, les conséquences du Brexit sur le Nigeria seraient moins graves sur le plan économique mais pourraient avoir des implications politiques plus profondes.