Le 17 novembre Houphouët-Boigny dement les accusations niant toute implication dans un quelconque complot. Il pousse le bouchon en affirmant qu’à travers cette affaire, Sékou Touré volait masquer son incompétence et son échec dans sa gestion politique, économique et humaine de son pays.
Kamano fait des aveux sur les ondes de Radio Conakry, évoquant qu’il fut directement chargé par Hophouët-Boigny de remettre 30 millions de francs Cfa à Mamadou Touré dit petit Touré, dans le but de recruter des hommes, étudiants, commerçants pour renverser Sékou Touré.
Le président guinéen va jusqu’à annoncer qu’il va traverser sur la Côte d’Ivoire pour aller libérer le Ghana de la dictature des traîtres militaires afin de rétablir Kwamé N’krumah au pouvoir. Malgré des tentatives d’apaisement du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie, rien ne bougea.
Interrogé par Abdoulaye Bamba, Jean Marie Doré résume en tant que témoin privilégié dans cette histoire :
« il se trouve qu’avant que Rallou ne vienne en Côte d’Ivoire, elle est la maîtresse de Sékou Touré. ce dernier apprend que Rallou est parti à Abidjan et qu’elle a noué des relations personnelles avec Houphouët-Boigny. Alors Sékou Touré n’est pas content mais ne veut pas créer d’incidents dans le vide. Il attend, comme Kamano a l’habitude de venir rendre visite à la belle famille à Conakry. Sékou Touré ne pouvais pas faire cas publiquement et préféra retenir comme chef d’accusation officielle sa participation au complot dit « petit Touré ».
Le 19 février 1967, le bateau ivoirien est capturé dans les eaux territoriales guinéennes avec tous les membres d’équipage : un ivoirien, deux maliens, deux français, deux togolais, deux voltaïques et 11 ghanéens. Ils sont accusés de vouloir enlever Kwamé N’krumah, réfugié en Guinée.
Le gouvernement ivoirien avance quant à lui, l’argument selon lequel, ce battu s’est retrouvé dans les eaux de son voisin à la suite du mauvais temps. Suite à une diplomatie du président libérien, rien n’a abouti. Et la Côte d’Ivoire dit n’avoir aucune connaissance d’enlèvement du président N’krumah.
le 26 juin 1967, des autorités guinéennes sont arrêtées. Le ministre des Affaires étrangères, l’Ambassadeur permanent auprès des Nations-Unies et un étudiant. L’avion de la KLM, Las Palmas avait été détourné pour des raisons de mauvais temps. Sékou avait posté en affirmant que l’avion hollandais avait été détourné sous la demande de l’autorité ivoirienne. Le représentant de la Hollande en Guinée ainsi que le directeur de la compagnie furent arrêtés.
Le 30 juin les autorités ivoiriennes assument officiellement l’arrestation en la qualifiant de réponse immédiate de détention des autorités guinéennes de ses ressortissants depuis 2 ans. Elles qualifient l’acte comme étant un moyen de ramener Sékou Touré à la table du dialogue.
La Côte d’Ivoire accentue la pression et accuse ainsi cette présence sur son sol de » violation flagrante en matière d’entrée et de séjour des étrangers quelque soit leurs qualités », et que cette présence est de tous « les suspects ». Les prisonniers furent retenus 92 jours dans un hôtel non loin de la résidence privée de Houphouët-Boigny.
Après les pressions de l’organisation de l’organisation de l’organisation de l’unité Africaine, du Secrétaire général de l’organisation des Nations-Unies, la Côte d’Ivoire ne fléchit point.
Le 3 juillet 1967, Arsène Assouan, ministre des Affaires étrangères ivoiriennes, considère la détention de son homologue guinéen, Béavogui et Achkar Marof comme le seul moyen de forcer Sékou a libéré les ivoiriens sans justification valable. La Côte d’Ivoire reçoit des condamnations générales en raison d’une violation de la section 2 de la Convention sur les privilèges et l’immunité des l’ONU, et l’article 40 de la convention de vienne.
Quelques jours plus tard, Sékou Touré fléchit et accepte la médiation proposée par le Mali, le Niger et le Liberia. Et le 20 septembre 1967 lors de la libération des Ivoiriens, Sékou Touré laisse entendre un message de fraternité : » les Guinéens et les Ivoiriens sont deux peuples frères « .
Le 22 septembre, le navire et son équipage quittèrent Conakry pour Abidjan. Kamano décolla aussi de Conakry pour Dakar avant de continuer à Abidjan, le 26 septembre 1967. Le même jour, la délégation guinéenne regagne Conakry, accueillie par une foule en liesse.