Le Prof Ibrahima Barry,chirurgien pédiatre, président du conseil national de l’Ordre des médecins de Guinée, fondateur du Centre Mère et Enfants de Conakry et Nathalie Zajde maitre de conférences à l’université de Paris-VIII – Centre Georges-Devereux, ont signé un article intitulé La malédiction des femmes de Guinée, par Ibrahima Baldé et Nathalie Zajde publié par la version online du quotidien français lemonde.fr du 27 janvier, présentant la cauchemardesques des victimes des viols collectifs le 28 septembre 2009. Voici quelques extraits qui se passent de commentaires:
Les femmes que nous recevons dans cette cellule sont souvent arrivées plus d’un mois après les événements. Elles sont venues car elles souffraient trop : traumatismes crâniens, infections vaginales, grossesses, contaminations vénériennes et VIH, toutes en état de stress post-traumatique très avancé : elles ne dorment plus depuis des semaines, sursautent au moindre bruit, elles sont terrorisées et désespérées, ne parviennent plus à penser ni à travailler. Certaines tentent de se suicider, d’autres se sont mises à boire et à fumer pour noyer les foudroyantes reviviscences des scènes d’horreur, les brutales visions de corps piétinés, mutilés, les monceaux de cadavres auxquels elles ont été mêlées… et les réapparitions soudaines des visages de leurs violeurs surgissant devant leurs yeux, surtout le soir, quand vient la nuit. Elles sont ménagères, pauvres le plus souvent ; elles sont intellectuelles ou employées de l’administration et des ministères ; elles sont couturières ou vendeuses d’huile de palme sur les bords de route ; elles sont aussi femmes d’ingénieur, de médecin, de professeur, ou célibataires. Ce sont nos mères, nos sœurs, nos filles, nos grand-mères. Ce sont les femmes de Guinée !
Binta : « Vous vous rendez compte, moi, une veuve de 50 ans ! Ils m’ont arraché mes vêtements, j’ai été nue, totalement nue, allongée sur le dos à même le sol, le sexe nu, en plein jour, devant l’entrée du stade, et deux jeunes « bérets rouges » qui me violaient… des gamins ! Je les ai regardés au fond des yeux pour ne pas oublier leur visage, car je voudrais les revoir un jour ! Je leur ai hurlé : ‘Ce n’est pas moi que tu violes, c’est ta propre mère !’ Ça les a rendus plus enragés ; ils me disaient de me taire, ils me tapaient sur la bouche, frappaient ma tête, mais je ne me taisais pas. ‘Soyez maudits, vous êtes maudits, au nom de Dieu, je vous maudis !’ Et ils continuaient de me frapper ; ils m’ont jeté du sable sur le sexe ; moi, je n’avais plus rien à craindre, je ne ressentais plus rien, j’étais déjà… morte ! Je vous le dis comme je le leur ai dit : tous ceux qui ont fait ça sont maudits ! Ils vont tous mourir. Pas un n’échappera à la malédiction divine. »