D’un problème sentimental à une discorde entre Guinée-Côte d’Ivoire : les dessous d’une crise diplomatique

Un ressortissant ivoirien est conditionné à 15 ans de prison en Guinée. Un navire et son équipage détenus par les autorités. Et les dirigeants du pays voisin, la Côte d'Ivoire guettent l'occasion pour répliquer. Mais pour quel intérêt ?

Deux hommes à la tête de leurs pays sont opposés idéologiquement. D’un côté Sékou Touré, avec le PDG-RDA, parti qui le porta au pouvoir dirige son pays, la Guinée de 1958 à 1984 avec une main de fer. Il dirige en maître absolu. Il se rapproche d’abord de l’union des Républiques socialistes soviétiques (URSS), avant de tenter de revenir vers la France.

Mais la célèbre et triste prison du camp Boiro, a sans nul doute contribué à réduire au silence les voix dissonantes contre son règne.

De l’autre côté Houphouët-Boigny, dirige aussi la Côte d’Ivoire de 1960 à 1993 sans partage. Il fonda d’abord le PDCI-RDA, puis chemina avec les communistes français et se reprocha du centre gauche. Il a l’autoritarisme politique et modernisation économique et sociale.

Affaire « petit touré » et les commerçants guinéens :

le 8 novembre 1964, Sékou Touré promulgue la loi cadre pour s’offrir les pleins pouvoirs dans la gestion étatique. Une loi qui réduit la liberté des commerçants et accentue le contrôle de l’État sur leurs biens.

Le 9 octobre 1965, petit Touré et ses compères commerçants dont il est le porte-parole, créent un parti politique qu’ils nomment parti de l’unité nationale de Guinée (PUNG), Conformément au texte constitutionnel qui prévoie le multipartisme. L’annonce est faite à Sékou Touré par une lettre, dans laquelle il est rappelé de certains passages :

N’est-ce pas lui qui suggéra aux dissidents du PDG-RDA de créer leurs propres partis? Ils le rappellent même qu’il avait promis au commerçants de leur fournir une aide matérielle.

Le parti nouvellement créé est à vocation libérale, s’opposant ainsi au parti socialiste d’État.

Sékou prend connaissance de la lettre le 12 octobre. Le même jour, il fait arrêter les dissidents ainsi que des ministres comme Jean Faraguet Tounkara, Bangaly Camara et l’ambassadeur Kaba Sory. Il profite également d’une visite de l’ivoirien François Kamano Kata, en visite chez sa belle famille en Guinée pour l’arrêter. L’accusant d’être le relais entre Houphouët-Boigny et les « rebelles » guinéens.

Le 15 novembre, le président de l’Assemblée nationale de la Guinée, Léon Maka dénonça le prétendu faux complot en public contre le dictateur guineen. Selon lui , les tentacules de ce projet de déstabilisation s’étendrait jusqu’en Côte d’Ivoire, au Zaïre, au Niger et même en France. Et Paris rappelle son ambassadeur en Guinée.

Léon accusa Kata en ces termes : » …acheter à sa famille pour 4 millions de francs Cfa, sa propre belle-sœur de nationalité guinéenne, que Hophouët Boigny a immédiatement installé dans un appartement luxueux à Paris… »

originaire de la Côte d’Ivoire, François Kata est né en 1925. Il occupa la fonction de directeur général de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale, sous le règne de Hophouët. Il épousa une guinéenne. Très ami avec Sékou Touré, il se déplaçait à bord de véhicules officiels guinéens lors de ses visites dans ce pays. sa belle-sœur nommée Ralou miloyanis, une très belle jeune métisse guinéo-grecque.

D’après les écrits de l’ambassadeur français Koenig, deux versions s’opposent au sujet de ce conflit de cette femme.

1- Jacques Baulin évoque qu’après l’arrestation de Mamadou Koné à Abidjan, dans le complot contre Hophouët Boigny, sa fiancée Rallou était rentré en Guinée.

2- l’ambassade américaine sur télégramme, s’appuyant sur des propos de Gervais Attoungbré, ici, c’est Sékou Touré qui succomba au charme de la belle-sœur de Kamano. il refusa que la jeune femme effectue une visite en Côte d’Ivoire. Mais finit par être convaincu par son ami Kamano qui se porte garant du retour de sa belle-sœur en Guinée. Malheureusement cela ne fut pas le cas. cet acte suscita la colère de Sékou Touré qui n’hésita pas à faire arrêter Kamano qui a aussi de fortes amitiés avec le président ivoirien.

Que se passera t-il sur le plan diplomatique et idéologique entre les deux chefs d’États, hier amis ? Se rapprocheront-ils ou pas ?

Dans un article qui sera prochainement publié par konakryexpress, nous explorerons d’autres témoignages avec un témoin clé sur la raison de cette crise, pour la suite et fin.

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