Camp BoiroSékou Touré

Qui était Barry Ibrahima dit Barry III (1923-1971)?

Au moment où les guinéens célèbrent la 61ème année de l’indépendance de leur pays, je voudrais partager avec vous le souvenir d’un des pères de la nation indignement accusé de trahison et exécuté par le tyran Sékou Touré, Barry III. Au moment où les mensonges de l’état guinéen semblent aboutir à la réhabilitation du tyran et couvrir d’une épaisse couverture de mensonges l’histoire de notre pays, il est opportun de rappeler que:

  1. C’est le culte de sa personnalité qui a porté à faire croire que c’est à lui uniquement que le peuple de Guinée doit son indépendance. Autrement:
  2. AST n’a pas été le seul père de l’indépendance guinéenne. Il fut le dernier à se prononcer pour le NON, bien que son parti était le plus suivi par les jeunes qui militaient pour l’indépendance. Il se prononça après les pressions des étudiants et la diaspora africaine à Paris.
  3. D’autres leaders aussi ont joué un role important car si un seul d’entre eux avait invité les électeurs à opter pour le OUI, le pouvoir colonial aurait tout fait pour qu’il l’emporte, comme cela s’est passé au Niger où le parti SAWABA de Djibo Bakary avait invité à voter NON, mais où les colons avaient saboté son choix et l’ont forcé à l’exil.

Article de Bah Mamadou Sanoussi paru sur guineeactu.info

Dans mes pérégrinations à travers la Guinée et le Fouta particulièrement, j’ai constaté qu’il y a une ignorance presque totale de l’histoire de notre pays et de notre région. Il est fondamental que les Guinéens connaissent notre passé, particulièrement les jeunes. Connaitre notre histoire est essentiel et nécessaire pour bâtir un meilleur futur que celui qu’offre la Guinée telle qu’elle se présente aujourd’hui. Je ne suis ni historien, ni un bon rédacteur. Cependant l’œuvre que je veux entreprendre est commune à nous tous.  Certains corrigeront ma syntaxe et d’autres apporteront leur contribution à ce travail collectif en le garnissant. Je ne fais que débuter, en tout cas c’est mon espérance.

Je voudrais commencer par Barry Ibrahima III et El Hadj Barry Diawadou. Dans un geste de noblesse de caractère inégalé, qui se terminera tragiquement par leur cruel assassinat,  ils fusionnèrent leurs partis respectifs à celui de Sékou Touré pour faire accéder notre pays à l’indépendance. Ces hommes m’ont toujours fasciné pour leur exceptionnel amour pour notre malheureux pays. Ils sacrifièrent leur carrière pour leur patrie. On devra parler de nos pères de l’indépendance et non du père de l’indépendance. Il y a imposture quelque part.

Lire aussi: Le 25 janvier 1971, une des dates les plus sombres de la première république

J’emprunte ici une page sur Barry III au site campboiro.org de notre frère et mémoire du pays, Thierno Siradio Bah, pour démarrer notre entreprise, que j’espère commune, avec Barry III. Je fais appel à toute personne qui détiendrait des photos, des anecdotes ou des pans de la vie de Barry Ibrahima III pour qu’elle me les envoie à mon email pour publication.

  • Né à Bantinhel, Pita, en1923, dans une famille aristocratique du clan Seeriyaabhe, lignage Dayeebhe, du Fuuta-Jaloo
  • Magistrat
  • Leader de la Démocratie socialiste de Guinée, parti d’opposition au PDG, de 1954 à 1958
  • Son parti fusionna avec le Bloc africain de Guinée (dirigé par Barry Diawadou et Keita Koumandian ) pour former la section guinéenne du Mouvement socialiste africain
  • Conseiller Territorial de Pita
  • Député aux assemblées constituante et nationale
  • Ancien dirigeant de l’opposition socialiste au PDG
  • Surnommé « Syliyorè » (petit éléphant) pour la similarité entre son programme politique et celui de Syli
  • Rallié au PDG pour le referendum, il entra au gouvernement en 1958
  • Ancien secrétaire d’Etat
  • Professeur de droit à l’Ecole supérieure d’administration de l’IPGAN
  • Kidnappé à domicile en décembre 1970
  • Pendu en public sans procès quelques semaines plus tard, le 25 janvier 1971 au pont Tombo à Conakry.

Secrétaire d’Etat à la Présidence au moment de son arrestation, Barry III vint présenter son soutien moral à Sékou Touré au lendemain de l’attaque guinéo-portugaise du 22 novembre. Il sera arrêté et exécuté quelques semaines après.

Ici, Barry III est torturé, ligoté, et affublé de talismans fournis par ses bourreaux. Il conservera cependant son port altier jusqu’à l’ultime supplice du pont Tombo, où, après un faux procès, Magassouba Moriba, Baldet Ousmane, Keita Kara Soufiana et lui-même seront nuitamment pendus par Diarra Traoré en personne, sur ordre et en présence de Sékou Touré et des membres du BPN.

Dans Prison d’Afrique, J-P. Alata a fait l’oraison funèbre de Barry III ainsi qu’il suit : « Il y a trois mois, il s’en est donc bien allé vers la mort. Lui, dont l’ambition était de diriger son peuple vers la liberté, il s’est balancé au bout d’une corde, en plein centre de Conakry. Un cercle de voyous et de catins ont insulté son pauvre cadavre. »

« La mort miséricordieuse a épargné à son visage la grimace affreuse des suppliciés de la corde. Ibrahima, vaincu de la politique, est resté vainqueur de son dernier combat. Il est mort en regardant l’horreur en face. Musulman sincère, il a accepté l’au-delà comme sa demeure choisie. Il est mort en homme.

Qui sait ? Les générations futures chanteront-elles, peut-être, la geste des pendus du pont Tumbo, des martyrs morts dans l’ignorance de leur crime. Parmi eux, peut-être, glorifieront-elles le courage de Barry le Sérianké, qui, à l’ultime minute, réconforta ses compagnons et mourut la tête haute, la geste de Barry III qui, cette nuit du 25 janvier 1971 et toute la longue journée du lendemain, se balança sinistrement sur l’autoroute, appelant la malédiction divine sur ses assassins. »

Rappel : La plupart des auteurs-témoins de ce quadruple assassinat (Ismaël, Siaka Touré, Kabassan Keita, Diarra Traoré, etc.) seront exécutés sommairement à leur tour en 1985 par le gouvernement militaire du colonel Lansana Conté.

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Source: http://guineeactu.info/debats-discussions/chroniques/5349-barry-ibrahima-iii.html

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konakryexpress

Je revendique le titre de premier clandestin à entrer en Italie, le jour où la mort de Che Guevara a été annoncée. Mais comme ce serait long de tout décrire, je vous invite à lire cette interview accordée à un blogger et militant pour les droits humains qui retrace mon parcours dans la vie: https://fr.globalvoices.org/2013/05/20/146487/

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