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Forte mobilisation pour la libération du chercheur Patrick Zaki, détenu en Égypte pour des motifs politiques

« Cette fois-ci, tout ira bien » Giulio Regeni prend Patrick Zaki dans ses bras comme pour le protéger. Photo de Fotografia Errante (Photographie errante).
[Tous les liens conduisent à des sites en italien, sauf indication contraire].

La peinture murale de l’artiste de rue Laika est une image plus éloquente que mille mots, pour attirer l’attention sur l’arrestation par les autorités égyptiennes du chercheur et militant des droits humains Patrick Zaki. L’œuvre [déjà effacée] réalisée à Rome près de l’ambassade d’Égypte, dépeint Giulio Regeni[fr], le chercheur brutalement assassiné dans ce pays en 2016, prenant Zaki dans ses bras en disant : « Cette fois-ci tout ira bien. »

Qui est Patrick George Michel Zaki Soleyman?

Patrick Zaki poursuit actuellement un Master de recherche GEMMA[en] sur les femmes et le genre à l’Université de Bologne. Il travaille pour l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIRP [en]) et en 2018, il a été directeur de la campagne présidentielle de Khaled Ali, l’un des opposants au président Abdel Fattah al-Sisi.

Les études de Zaki sont étroitement liées à son activisme pour la liberté d’expression et pour les droits humains, en particulier les droits des minorités chrétiennes, de la communauté LGBTQIA [fr] et des femmes. Il a exprimé publiquement son soutien à la campagne de Regeni et a constamment attiré l’attention sur les conditions de détention des prisonniers politiques moins connus. Par le passé, il a sévèrement critiqué le régime du général Al Sisi [fr].

L’arrestation de Patrick Zaki

À l’heure actuelle, des informations contradictoires circulent sur son arrestation. Les rapports de police indiquent que Zaki aurait été arrêté dans sa ville natale, où il était revenu pour de courtes vacances. En fait, le jeune homme a plutôt été interpellé à 4 heures du matin le 7 février à son arrivée à l’aéroport du Caire, après avoir à peine eu le temps de communiquer son arrestation à sa famille. Les yeux bandés, il a été emmené dans un endroit tenu secret et il n’y a eu aucune nouvelle de lui pendant 27 heures. Il a ensuite été présenté le matin du 8 février devant le procureur de Mansoura pour un nouvel interrogatoire, en présence de ses avocats.

L’arrestation aurait eu lieu sur la base d’un mandat délivré le 23 septembre 2019, qui ne lui a cependant jamais été notifié ; il est maintenant accusé de publication de fausses informations, d’incitation contre les pouvoirs publics, de soutien au renversement de l’État égyptien, d’utilisation des réseaux sociaux pour porter atteinte à l’ordre social et à la sécurité publique, d’incitation à la violence et au terrorisme. Le militant a été condamné à 15 jours de détention provisoire, mesure qui peut cependant être renouvelée plusieurs fois, jusqu’à une durée de 2 ans de prison. Selon son père, l’ingénieur George Michel, qui a pu lui rendre une courte visite, il a changé de lieu de détention. Du poste de police numéro 2, où il était en garde à vue avec d’autres prisonniers politiques, Patrick Zaki a été transféré à la prison de Talkha sur l’autre rive du Nil, où se retrouvent des criminels et des délinquants sexuels.

Lire également: Comment la révolution de Sékou Touré extorquait les confessions 

L’organisation Epir et l’avocat de Zaki Wael Ghally signalent tous deux de graves violations de ses droits de la part des agents de sécurité : au moment de son arrestation, le jeune homme n’a pas été autorisé à contacter un avocat ; pendant son interrogatoire, il aurait été frappé et torturé, et ses effets personnels réquisitionnés ou détruits.

D’autres collègues de Zaki ont également été temporairement détenus et interrogés ces derniers mois ; il y a au moins 60 000 prisonniers politiques en Égypte, y compris des personnalités importantes du soulèvement de 2011 et d’éminents politiciens. Les familles des personnes persécutées par le gouvernement ont également fait l’objet d’arrestations et d’intimidations.

Réactions sur les médias sociaux

La nouvelle de l’arrestation de Zaki a été divulguée le 8 février par l’EIPR, alors qu’en Italie, c’est le porte-parole d’Amnesty Italia, Riccardo Noury, qui l’a rapportée. La mobilisation en solidarité avec l’activiste en détention a déclenché différentes campagnes : il y a deux pétitions sur Change.org, qui ont recueilli respectivement plus de 173 000et 1 200 signatures (au moment où nous écrivons), tandis qu’une autre pétition a été lancée par Amnesty International et signée par plus de 54 000 personnes à ce jour.

Des rassemblements ont eu lieu à Grenade, l’université qui propose le Master GEMMA, et une marche a également été organisée le lundi 17 février à Berlin et à Bologne, ainsi que dans d’autres villes italiennes, grâce à l’engagement d’Amnesty Italia.

Dehors pour demander la libération de Patrick George Zaki :
14 février, Pescara – Place Salotto, sit in à partir de 19h00
14 février, Padoue – Palazzo comunale, flashmob à partir de 18h00 organisée par des étudiants de l’UDU et de l’ASU
15 février, Milan – près du consulat d’Egypte, 18h00

Des utilisateurs de Twitter qui soutiennent Patrick Zaki, comme @elianacolombino, ont également ajouté leurs voix au chœur de protestations contre les abus des forces de sécurité égyptiennes :

ACTION URGENTE Liberté pour Patrick George Zaky, activiste et chercheur de 27 ans emprisonné en Egypte uniquement parce qu’il est militant. #FreePatrickZaki [Libérez Patrick Zaki]

@saveriolakadima a fait référence à la vente d’armes à l’Égypte par l’Italie…

1 473 jours sans Giulio.
Au lieu de continuer à vendre des armes à l’Égypte, l’Italie devrait seulement la déclarer un pays dangereux.
On ne peut pas qualifier autrement un pays qui bafoue les droits humains.

… alors que @aledicicco souhaite une action au niveau européen :

où est la politique étrangère européenne et italienne? L’Europe échoue en politique, pas en économie.

Des associations importantes telles que l’ADI, l’Association des docteurs et doctorants de recherche, l’ARCI, Libera et même certains partis se sont alignés aux côtés du chercheur égyptien.

Une attention particulière est accordée par les citoyen.ne.s ordinaires à l’affaire Zaki, peut-être aussi en raison de ce qui est arrivé en 2016 à Giulio Regeni, un chercheur italien à l’Université de Cambridge, qui était en Égypte pour ses recherches lorsqu’il a été kidnappé, torturé et assassiné. L’événement a déclenché une forte réaction en Italie, avec des mobilisations à grande échelle et une campagne autour du hashtag #veritàpergiulioregeni (#la vérité pour Giulio Regeni) toujours en cours. À l’heure actuelle, les circonstances de sa mort n’ont pas été éclaircies, également en raison des fausses pistes et de la mauvaise volonté des autorités égyptiennes.

Si pour l’affaire Regeni, certains politiciens et journaux de droite n’avaient pas manqué d’afficher des positions très dures, faisant passer « le maintien de bonnes relations avec l’Égypte » avant la résolution du meurtre, il n’y a pour le moment aucune déclaration similaire au sujet de Patrick Zaki.

Le rôle des institutions

Au niveau institutionnel, la situation est complexe. Le gouvernement italien suit l’affaire et revendique le choix de confier la tâche à l’ambassadeur au Caire pour obtenir la collaboration nécessaire. Le gouvernement égyptien a répondu que « Zaki était égyptien et non italien et qu’en outre il était recherché ». Ainsi, selon eux, une intervention extérieure constituerait une ingérence et une violation de la souveraineté égyptienne.

Au nom de l’Union européenne, le président du Parlement, David Sassoli, a déclaré:

Voglio ricordare alle autorità egiziane che l’Ue condiziona i suoi rapporti con i Paesi terzi al rispetto dei diritti umani e civili come ribadiamo in tutte le nostre risoluzioni e chiedo che Zaki venga immediatamente rilasciato e restituito ai suoi cari. […] Ne ho parlato con l’Alto rappresentante Ue Josep Borrell che solleverà la questione al prossimo Consiglio europeo lunedì prossimo”.

Je tiens à rappeler aux autorités égyptiennes que l’UE conditionne ses relations avec les pays tiers au respect des droits humains et des droits civils, comme nous le répétons dans toutes nos résolutions et je demande que Zaki soit immédiatement libéré et puisse retrouver ses proches. […] J’ai parlé au haut représentant de l’UE, Josep Borrell, qui abordera la question lors du prochain Conseil européen lundi prochain.

Àcette déclaration, Ali Abdel Aal, président de la Chambre des députés égyptienne, a répondu que c’était là :

Un’ingerenza inaccettabile negli affari interni e un attacco contro il potere giudiziario egiziano” da parte del presidente del Parlamento europeo in merito all’arresto in patria di Patrick George Zaki.

« une ingérence inacceptable dans les affaires intérieures et une attaque contre le système judiciaire égyptien » de la part du président du Parlement européen, en rapport avec l’arrestation de Patrick George Zaki dans son propre pays.

Au-delà des déclarations, cependant, les gouvernements italiens qui se sont succédés ces dernières années ainsi que de nombreuses entreprises italiennes, ont continué à conclure des accords économiques avec le gouvernement égyptien. D’autres contrats sont actuellement en cours de discussion, prévoyant, entre autres, la vente d’armes, et ce malgré le meurtre de Regeni et les graves violations des droits humains qui se produisent quotidiennement en Égypte.

La mobilisation pour la libération de Patrick Zaki (#patricklibero sur Twitter) continue de faire « autant de bruit que possible » sur les conditions de détention du chercheur et des milliers de citoyens persécutés en Égypte. Le compte officiel de la campagne « Free Patrick » (Libérez Patrick) a été censuré par Twitter, mais un autre a été immédiatement créé.

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Ce billet a été écrit par Margherita Martini et moi pour le site globalvoices.org (GV), qui l’a publié le 19 février 2020. La révision a été faite par Marisa Petricca, responsable des publications de GV en italien. Marisa est diplômée, entre autre, en journalisme multimedia. Elle a fréquenté des universités de Rome, de Pékin et de Shanghai.

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konakryexpress

Je revendique le titre de premier clandestin à entrer en Italie, le jour où la mort de Che Guevara a été annoncée. Mais comme ce serait long de tout décrire, je vous invite à lire cette interview accordée à un blogger et militant pour les droits humains qui retrace mon parcours dans la vie: https://fr.globalvoices.org/2013/05/20/146487/

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