Guinée: Bazar, gala et acrobaties pour célébrer la Jounrnée mondiale des handicapés
Nadine Bari, fondatrice de Guinée-Solidarité, membre du bureau de l’Association des victimes du Camp Boiro et auteure de plusieurs livres sur la Guinée a organisé, après avoir contacté le Ministère des affaires sociales, afin de célébrer la Journée nationale des handicapés. La Journée mondiale des handicapés est commémorée le 3 décembre de chaque année. Elle a été proclamée en 1992 pour célébrer l’anniversaire du Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées adopté par l’Assemblée générale afin de mieux faire comprendre les conditions de vie des personnes handicapées et de mieux faire connaître les avantages qui découlent de la participation de ces personnes à tous les aspects de la vie politique, sociale, économique et culturelle. Pour plus d’informations sur Nadine cliquez ici pour accéder à un article publié en 9 langues de Global Voices online.
Nadine nous décrit elle-même comment se sont déroulées les activités de commémoration à Conakry.
Extra, autant le Bazar du matin que le Gala du soir !
Le Bazar comptait 34 stands d’artisans, d’artistes, de vanneries et de miel de Sébory, ou spécialités de friandises, ou de friperies pour les plus pauvres.
L’animation était assurée par trois groupes de musiciens (dont un aveugle et par des danseurs – la Cie Amoussou – qui a fait un tabac avec ses chorégraphies et ses acrobates qui valent tous les Circus Baobab; c’est un groupe composé de réfugiés ivoiriens,sierra-léonais, de petites Guinéennes, plus deux Togolais et un Sénégalais). Aucun n’a réclamé le moindre cachet à Guinée-Solidarité (ce sont tous des voisins qui savent ce que nous faisons). Je pense que le Bazar aura rapporté aux environs de 5 millions de FG (tous frais déduits, on aura les chiffres exacts ce soir).
Le Gala a eu du succès aussi : on avait vendu 135 tickets à 250 000 FG l’entrée. Les joueurs de kora ont demandé 1 million de FG et nous avons donné 110 000 FG (plus le repas) à chacun des 10 superbes mannequins d’Alpha O, le styliste dans le vent (qui avait choisi de faire une collection sur le thème de l’environnement à préserver). L’idée géniale était de refaire les enchères américaines qui nous avait rapporté au 1er Gala. Deux peintres guinéens et une céramiste russe avaient fait don de trois œuvres.
Le tableau de Youssouf Keita, peintre malien, a été du plus gros rapport : plus de 3 millions de FG. Keita avait eu l’idée de donner un pinceau à trois aveugles frères et soeurs que nous parrainons et qui ont choisi chacun leur couleur. Ils ont fait une oeuvre abstraite bien sûr, que Keita a fignolée et que j’ai appelée « Regards » car il y avait trois yeux à la Picasso dedans.
Le 2e tableau était une « Maternité » très fine et colorée d’Ibrahima Barry, de Labé, qui est monté jusqu’à 1,3 million. Les deux peintres ont leur atelier gratuit dans une case de mon jardin de Kipé.
Le vase en céramique d’Eugénie Condé (Kamsar) a atteint 1,5 million. Je pense que les résultats nous permettront d’acheter une grande partie du matériel d’imprimerie Braille. Nous faisons les totaux ce soir avec le président Kaba et le trésorier Théa.
Mes seuls regrets : a) que l’Union européenne nous ait fait une lettre pour nous dire qu’ils ne soutiennent pas ce genre de projet social (au 1er Gala, il y avait pourtant une tablée de 12 agents de leur siège !); b) que le Bazar n’ait vu aucun visiteur de l’Avcb et qu’au Gala seul le Dr Marega était présent et a pris la parole pour nous soutenir et enfin c) que le gouvernement n’ait fait qu’une vague déclaration pour marquer la Journée mondiale des Handicapés (malgré les belles promesses électorales figurant dans le livre d’AC « Un Africain engagé ».
Je ne me suis d’ailleurs pas privée de le dire haut et fort dans les interviews que Kaba et moi avons données à CNN, Chine nouvelle, Mercure FM, Conakry infos (c’est d’ailleurs un handicapé moteur grave – Barry Samsung – qui tient le site de Cky infos et celui de Justin Morel Jr.), etc.
Nous étions allés le mois dernier demander au Ministère des aff sociales que le gvt proclame le 3 décembre Journée nationale de la Solidarité : la Guinée est en effet le seul pays de la sous-région à n’avoir pas cette Journée nationale ! Le Mali a même une Semaine entière consacrée à la Solidarité (pour appeler les plus riches des Maliens à aider leurs frères plus pauvres…).
Espérons maintenant que nous aurons les locaux demandés au Secrétaire général des affaires sociales dans la Cité de Solidarité, sinon nous ne saurons pas où mettre cette imprimerie Braille pour laquelle nous avons bien travaillé !
Voilà mon résumé.
Nadine exténuée
La journée vise, d’après l’OMS, à faire mieux comprendre les problèmes liés au handicap et à mobiliser en faveur de la dignité, des droits et du bien-être des handicapés. Elle veut aussi attirer l’attention sur ce que peut apporter de positif l’intégration des handicapés dans tous les aspects de la vie.
En Guinée, nous n’avons pas de données exactes sur le nombre de personnes handicapées, mais compte tenu des nombreuses violences des forces de sécurité, les guerres dans les pays frontaliers, les conséquences de la polio, la malnutrition, l’insuffisance des infrastructures sanitaires et la pauvreté extrême, le pourcentage de personnes vivant avec un handicap acquis depuis la naissance ou contracté au cours de leur vie doit être plutôt élevé. En témoigne la présence de ces nombreuses personnes à coté des lieux de culte, près des banques à cité de la cité Chemin de fer et dans la Cité-Solidarité qui a été créée pour les abriter, non loin du centre l’hospitalier Jean-Paul II.
Selon les Nations Unies, les personnes handicapées représenteraient environ 15 pour cent de la population mondiale. On estime qu’environ un cinquième de leur total, soit entre 110 à 190.000.000, rencontrent des difficultés importantes.
Ce n’est pas toujours que la population dans son ensemble connait les nombreux inconvénients et difficultés que les personnes handicapées rencontrent dans la vie de tous les jours ainsi que la stigmatisation et la discrimination dont elles sont victimes. N’avez-vous jamais vu des personnes qui ne souffrent d’aucun handicap garer leurs véhicules aux places réservées aux personnes handicapées ou bien devant le passage aménagé pour que les chaises roulantes puissent monter sur les trottoirs dans les pays développés. Ici à Rome rares sont les bouches du métro disposant des moyens nécessaires pour l’accueil des personnes handicapées.