Dans son 31 octobre, l’hebdomadaire 2011 de Conakry « Le Lynx » publie les commentaires de El Hadj Camara sur l’organisation du Hadj 2011. Voici le texte gracieusement fourni par la rédaction. Comme toujours, j’avertis les lecteur que l’article est écrit dans le langage typique de ce journal forgé à partir du Français.
Hadj 2011 Satan conduit la marche
Docteur – Professeur son Excellence El Hadj Koutoubou Sanoh était donc un as du pèlerinage. En deux temps, quatre mouvements, assaisonnés de billets d’avion impayés, il pouvait vous expliquer les tenants et les abrutissants de tout ce qui avait pu disparaître des caisses et du budget des Hadj 2009 et 2010. Là où l’explication était simple, on la compliquait. Là où elle était compliquée, on la compliquait davantage. Résultat: la fin de l’explication constituait une délivrance. On pouvait respirer à pleins poumons.
Seulement voilà. Avec le Hadj 2011, la tradition guinée-haine aura été respectée à la lettre. Celle-ci consiste à s’enfoncer chaque année davantage. A la malgouvernance de l’Administration, se sont ajoutés le vol et la tricherie de certains candidats au turban. On vole pour pouvoir visiter les lieux saints de l’Islam. On triche pour s’acquitter des exigences du 5è pilier de l’Isam. On ment pour obtenir le titre d’El Hadj. On embrouille le Consulat d’Arabie Saoudite pour mieux tromper les candidats malheureux au pèlerinage. Parce qu’il y a des candidats malheureux. Comme au Bac. Tout se passe comme si personne ne contrôle plus rien. Satan excepté. C’est lui qui conduit la marche.
Pourtant, cette “ pagaille organisée ” est une simple affaire de Toto. Si les opérations de pèlerinage sont bien ficelées, que mangeront les prédateurs ? Quelque 6800 visas avaient été négociés avec les Saoudiens. Plus de 8 000 ont été déjà délivrés. Au compte gouttes, affirment certains des déçus du pèlerinage 2011. Un simple petit contrôle effectué la semaine passée en Arabie Saoudite a permis de déceler 50 fraudeurs parmi les pèlerins. Il y en a qui se sont ingéniés à se rendre en Arabie Saoudite “ sans payer ”. Ou du moins, sans payer à une caisse connue. A l’heure qu’il est, ils ont dû commencer à faire leur “ Tawaf ” entre Safa et Marwa. En toute confiance.
Mais, ce petit exploit ne mérite pas que l’on s’y arrête, compte tenu des performances du 26è et du 27è convois. Les négociations pour le déroulement du Hadj 2011 ont été si rondement menées que ces convois-là n’ont pas pu atterrir directement à Médine. Le coucou a pris la direction de Jeddah. Pour déverser ses passagers qui ont été bloqués-là pendant deux jours. En ce qui concerne la Première Dame de la République qui était de ce convoi, une solution “ protocolaire ” a pu être trouvée. Le reste du lot a élu domicile là où bon lui semble. “ Jusqu’à ce que la situation se débloque ”.
C’est dans ce tohu-bohu que 8 ex-futurs pèlerins ont été appréhendés à Jeddah. Ils avaient tout simplement effectué le voyage avec des passeports d’autres candidats pèlerins, restés, eux, à Conakry. Quand nous mettions sous presse, Jeddah n’avait pas accepté d’annuler la décision de les réembarquer pour Conakry. Carrément.
Paradoxalement, que dis-je, parallèlement, des imams des préfectures de l’intérieur du pays, invités à la Mecque par le Président de la République, ont dormi à la belle étoile à Conakry. “Faute de visas ”.
Le Secrétariat général aux affres religieuses a sorti une cinquantaine de ces précieux visas de l’Ambassade saoudienne. Mais, ce n’était guère une “ bonne nouvelle ” parce qu’ils étaient destinés à la même présidence de la République pour “ ses protégés ”. Entre invités et protégés, on savait parfaitement qui privilégier. A part ces quelques désagréments, le pèlerinage reste un privilège.
El Hadj Camara