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Guinée: L’inoubliable horreur de ces sacrifices humains du 18 octobre 1971

Notre soeur Hadja Hadia qui faisait partie du groupes des membres de l’Association des victimes du Camp Boiro qui, en 2011 avait visité les lieux où le régime de Sékou Touré pratiquait ses macabres sacrifices humains, nous livre ici un récit émouvant qu’elle a écrit à l’occasion du 40ème anniversaire de cette barbarie. Cette année nous commémorons le 48ème anniversaire de cette barbarie inhumaine.

Si aujourd’hui, la Guinée est une épave abandonnée au milieu des flots violents de la mondialisation, un pays qui a échoué dans tous les domaines, c’est parce que ses meilleurs hommes gisent dans des fosses communes éparpillées à tracer le pays.

Une histoire nationale falsifiée érige les bourreaux en héros et perpétue l’injustice envers les vrais bâtisseurs dont un pouvoir sanguinaire nous a privé de leur part dans l’édification d’une Guinée viable, saine et unifiée.

L’Horreur !!

Comme chaque année, la date anniversaire des exécutions massives du 18 Octobre 1971 nous rappelle

es sur le mont Kakoulima
Moment de recueillement des parents et amis des victimes dans les fosses communes sur le mont Kakoulima, 18 octobre 2011

les périodes inconcevables d’une République digne de ce nom. A la vue des photos des disparus, avec toutes empreintes de douleur que leurs visages nous renvoient, notre cœur se serre, et pleure encore plus fort que les autres fois.

La première visite de l’endroit où ces exécutions ont eu lieu, au pied du Mont Kakoulima, en 2011 par un groupe composé d’enfants, d’amis et de rescapés de cette douloureuse date était encore bien triste. Toute l’atmosphère était enveloppée de deuil. Chacun pensait au sien, absent pour toujours.
Ce jour-lâ, â 13h, après avoir visité tous les sites où étaient enterrées les victimes de ces exécutions, le groupe se retrouva à l’improviste devant une maisonnette fermée. Du petit banc où ils étaient assis sur la véranda d’une maisonnette, deux petits vieux, en caftan et petit bonnet blanc laiteux, firent un petit salut de la tête au groupe.
Au même instant, quelqu’un dans le groupe murmura: « C’est l’endroit où se faisaient les sacrifices humains » !!!
Une bombe n’aurait pas fait autant d’effet et de dégâts.
On murmura, les yeux écarquillés, incrédules : « SACRIFICES HUMAINS ! « ,  » SACRIFICES HUMAINS !!  » à plusieurs reprises. Chacun pensa immédiatement au sien!
Certaines femmes tombèrent, secouées par l’émotion. Des hommes portèrent les mains à la tête, criant : « Allahou Akbar, La ilaha Illalahou !! » en chœur.
D’autres essayèrent de tenir la bouche des deux mains pour ne pas hurler. Des groupes se formèrent, s’agglutinant les uns aux autres pour aller vers la maisonnette tout en éprouvant de la crainte et de la répulsion.
Les deux petits vieux, pas impressionnés se levèrent et ouvrirent la petite porte aux visiteurs.

Une petite salle vide, glacée, avec un plancher en ciment. Deux ouvertures béantes, en forme de carré. On imagine alors la suite: « l’arrivée des exécutants masqués, portant sur leurs épaules les corps ligotés des victimes qu’ils déposaient à terre. Ensuite ils sortaient leurs outils et approchaient de leurs victimes. Alors jaillissaient des entrailles de celles-ci les cris stridents remplis d’horreur, suivis du sang abondant qui gicle inondant la main et le couteau pointé à la

Mon père, une des victimes de cette horrible journée du 18 octobre 1971. C'était un homme de valeur qui avait su se faire une fortune bien avant l'indépendance de la Guinée. Source: Mémorial virtuel campboiro.org
Mon père, une des victimes de cette horrible journée du 18 octobre 1971. C’était un entrepreneur de valeur. Source: Mémorial virtuel campboiro.org

gorge.

Puis viennent les râles très forts au début, semblant ne jamais s’arrêter pour se terminer par un murmure à peine audible. Peu après on entend le « plouf », du bruit du corps inerte qui tombe au fond du trou. La deuxième victime suit, ainsi de suite jusqu’au dernier. »
Les deux petits vieux connaissant la scène macabre par cœur imaginaient facilement ce que pensaient les visiteurs de ce jour. Ils préférèrent disparaitre.
La stupéfaction et l’horreur se lirent sur les visages, chacun s’imaginant à la place des victimes ligotées, ne pouvant même pas faire le moindre mouvement. Chacun sortit en marche arrière, effaré, comme anesthésié. Ils marchèrent aveuglement en titubant vers les véhicules, avec le secret désir d’en finir une fois pour toute avec cette visite éprouvante.
Bien à vous.
Hadja Hadiatou.
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konakryexpress

Je revendique le titre de premier clandestin à entrer en Italie, le jour où la mort de Che Guevara a été annoncée. Mais comme ce serait long de tout décrire, je vous invite à lire cette interview accordée à un blogger et militant pour les droits humains qui retrace mon parcours dans la vie: https://fr.globalvoices.org/2013/05/20/146487/

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