Les guinéens ont fait un pas positif vers une démocratie, boiteuse encore, mais qui vaut tout de même mieux que les dictatures que notre pays a connu depuis son indépendance. Mais il y a encore de sérieux obstacles à cette marche qui doit être irréversible pour que nous nous attendions enfin un futur plein d’espoir pour notre pays.rnrnUn de ces obstacles est sans doute l’incapacité d’ouvrir sereinement la page douloureuse des crimes d’état commis pendant les deux premières républiques.
Ceci est valable plus particulièrement pour ceux qui ont été commis par Sékou Touré et son régime. C’est depuis des années que l’Association des victimes du Camp Boiro se bat pour que les guinéens entament finalement un véritable processus devant conduire à la réconciliation nationale. Malheureusement un tel processus ne semble pas voir le jour car dès que l’on commence à parler des crimes de la révolution touréenne, les contradictions surgissent, certains ignorant ces crimes et défendant, soit par ignorance ou par solidarité ethnique tout l’héritage du tyran. D’autres cherchant à leur ouvrir les yeux sur les horreurs du passé n’arrivent pas à les convaincre.
Ce qui rend le dialogue encore plus difficile c’est que toute la classe dirigeante actuelle des politiques aux militaires n’ont connu rien d’autre que les mensonges colportés par ceux qui avaient eu des responsabilités dans la tragédie guinéenne et que d’anciennes victimes dont quelques unes ont passé plus de 7 ans dans des geôles sans avoir commis aucun crime se sont recyclés et ont servi le régime du feu Président Lansana Conté. Ce régime est allé jusqu’à nommer la Présidence de la république du nom du tyran sanguinaire, tout en ayant dans son gouvernement d’anciens prisonniers ou des membres de la diaspora qui avaient été contraints pendant des années à un exil forcé à cause des risques pour leur vie.rnrn
De nombreux témoignages d’anciens prisonniers, des membres de leurs familles et des organisations internationales des droits de l’homme ont été publiés, mais pour bon nombre de guinéens le tyran est vénéré, alors que ses victimes ne semblent attirer aucune sympathie. rnrn
L’initiative de Me Aminata Barry, Notaire, fille de M. Diawadou Barry, une des victimes les plus illustres, de porter plainte contre le fils de Sékou Touré, Mohamed Touré soulève des critiques et des commentaires de mépris. Mais que ceux qui avancent des accusations contre les victimes nous donnent des preuves en citant des livres ou autres documents n’émanant pas du PDG. Comme dans la plupart des cas il s’agit de jeunes qui vivent dans un contexte démocratique ou ont accès à Internet, je les inviterais à mieux se documenter, au-delà de ce que leur disent leurs parents, sur l’histoire de la première république. Autrement ils ne feront qu’enrichir la culture de la haine que Sékou Touré et son régime ont semé en Guinée.rnrnPar contre, pour ce qui est de la plainte de Me Aminata Barry, je vois qu’il y a beaucoup de lecteurs qui voudraient que Mohamed ne réponde pas des crimes de son père. Ce qui aurait été juste et normal, s’il n’en avait pas revendiqué l’héritage politique et n’était allé jusqu’à menacer de porter plainte contre Amnesty International, mettant en discussion le nombre de victimes et niant les horreurs que son père et sa clique ont imposé au peuple de Guinée.rnrn
Nos parents ont été torturés, humiliés, tués et leurs biens volés par le régime sanguinaire de son père. Nous ne savons meme pas dans quelles fosses communes se trouvent leurs corps. Nos biens n’ont pas été encore restitués 26 ans après sa disparition.rnrn
Chers compatriotes ayez un peu de pitié pour nos familles. Nous ne pouvons pas entamer une réconciliation sans une mise au clair de ce lourd héritage. Libérons-nous des freins qui bloquent un vrai dialogue et une véritable réconciliation en donnant une chance à la vérité.