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Le Nigérian Abubakar Idris Dadiyata toujours porté disparu, un an après son enlèvement

Ce billet que j’ai traduit de l’anglais en français a été écrit par le poète nigérian Nwachukwu Egbunike pour le réseau social globalvoices qui l’a publié le 14 septembre 2020.

[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages en anglais, ndt]

Abubakar Idris Dadiyata, maître de conférences et critique féroce du gouvernement nigérian, a été enlevé à son domicile le 1er août 2019, dans le quartier de Barnawa à Kaduna, au nord-ouest du Nigéria.

Un an après son enlèvement, M. Dadiyata n’a pas été retrouvé.

Abubakar Idris (Didiyata) a été enlevé à son domicile dans l’État de Kaduna, au Nigéria. On ne sait toujours pas où il se trouve. Sa famille et ses amis exigent une réponse à la question: où est @dadiyata? Abubakar est victime de disparition forcée.

[image] Une photo de M. Dadiyata à côté du texte: « Un blogueur disparu de force depuis le 1er août » et le hashtag #PressforFreedom par Amnesty International Nigéria.

M. Dadiyata enseignait à l’Université fédérale de Dutsinma, dans l’État de Katsina. En tant que membre du Parti démocratique populaire d’opposition, Dadiyata s’est souvent querellé avec des membres du parti au pouvoir, le All Progressive Congress, sur les réseaux sociaux. 

« L’État et les agences fédérales sont occupés à ne rien faire »

M. Dadiyata a été kidnappé vers 1 heure du matin alors qu’il arrivait à son domicile, il y a un an, le 1er août 2019, a rappelé Premium Times.

Mme Kadija, l’épouse de M. Dadiyata, se souvient dans une interview accordée à la BBC que son mari « passait un coup de téléphone, le moteur de sa voiture tournait encore », lorsqu’il a été saisi par ses ravisseurs. Bien que Mme Kadija n’ait pas pu entendre ce qui « s’était passé au téléphone ou à qui il parlait », elle se souvient que les ravisseurs de son mari « l’avaient suivi, ils sont même entrés dans la maison ». La femme de M. Dadiyata regardait la scène de sa chambre pendant qu’ils enlevaient son mari.

Malheureusement, il n’y a toujours pas d’informations concernant M. Dadiyata. « C’est douloureux », déclaré Mme Kadija à la BBC, alors  que leurs enfants ne cessent de poser des questions sur leur père disparu.

Plutôt que de retrouver M. Dadiyata, les services de sécurité nigérians se déchargent de toute forme de culpabilité ou de blâme pour sa disparition. 

Le Département nigérian de la sécurité d’État (DSS) avait nié en janvier la détention de M. Dadiyata. L’agence de sécurité de l’État a déclaré que depuis que M. Dadiyata « a été emmené de chez lui par des hommes armés, cela ne signifie pas que ces hommes faisaient partie du personnel du DSS ».

De même, Aisha Dikko, la procureure générale de l’État de Kaduna, nié savoir « où se trouve » ou avoir été impliquée « de quelque manière que ce soit » dans l’enlèvement de M. Dadiyata. « Toute affirmation contraire est vile et ne cherche qu’à spéculer sur le fait qu’il a été enlevé dans l’État de Kaduna pour signifier l’implication du gouvernement de l’État », a déclaré Mme Dikko.

Cependant, ces dénégations de la part du DSS et du gouvernement de l’État de Kaduna n’atténuent ni la tourmente de l’épouse de M. Dadiyata et de leurs deux enfants, ni ne lui redonnent sa liberté.

L’appel à la libération de M. Dadiyata est toujours actif sur Twitter avec le hashtag #OneYearWithOutDadiyata, (en français : Un an sans Dadiyata) alors  que les Nigérians exigent sa libération.

Bulama Bukarti a déploré le « traumatisme » que ce « genre d’impunité » a causé à la famille de M. Dadiyata :

Il est incompréhensible qu’un Nigérian puisse disparaître ainsi. Nous devons continuer de faire tout ce que nous pouvons pour que M. Dadiyata retrouve sa famille. Il ne doit y avoir aucune place pour ce type d’impunité. Ceux qui ont enlevé M. Dadiyata en paieront le prix. Si ce n’est pas maintenant, ce sera certainement plus tard.

Cet utilisateur de Twitter s’est dit « bouleversé » en entendant l’interview de l’épouse de M. Dadiyata :

J’ai été bouleversé d’entendre la femme de M. Dadiyata parler à @bbchausa, ce matin.
Tout ce qu’elle demande, c’est que ses détenteurs lui pardonnent et le laissent revenir auprès de sa famille; surtout ses jeunes enfants.  #OneYearWithOutDadiyata

— Anders (@Ameenu_Kutama) August 1, 2020

Akin Akíntáyọ̀ ne peut pas comprendre comment M. Dadiyata ait pu disparaître sans laisser de trace pendant un an » :

Une question, comment M. Dadiyata et sa voiture peuvent-ils disparaître sans laisser de trace pendant un an au Nigéria et le gouvernement être si nonchalant à ce sujet, cherchant à être disculpé plutôt que d’assumer l’entière responsabilité de le retrouver, surtout quand il était la cible de ses critiques ?

Malheureusement, il semble que personne ne se soucie de trouver ce critique du gouvernement.

Au contraire, « les agences étatiques et fédérales sont occupées » à éviter les reproches et à « ne rien faire », déclare l’activiste des droits humains, le professeur Chidi Odinkalu, dans une interview accordée à Vyral Africa : 

À part de dire qu’ils ne savent pas où il est. Personne n’a vraiment fait l’effort de nous dire ce qu’ils ont pour le retrouver ni pourquoi ils n’y parviennent pas. Cela révèle à quel point nous importons peu en tant que citoyens. Le moins que nous puissions faire est de demander où est M. Dadiyata et pourquoi notre gouvernement ne peut pas le trouver.   

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konakryexpress

Je revendique le titre de premier clandestin à entrer en Italie, le jour où la mort de Che Guevara a été annoncée. Mais comme ce serait long de tout décrire, je vous invite à lire cette interview accordée à un blogger et militant pour les droits humains qui retrace mon parcours dans la vie: https://fr.globalvoices.org/2013/05/20/146487/

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