Ce 2 août 2019, ma femme et moi nous célébrons les 50 ans de mariage. Ce serait faux de dire que ces années se sont passées comme un fleuve tranquille. Mais je dois reconnaitre qu’elle a été patiente. Elle m’a pardonné bien des écarts.
Avec ce mariage, j’ai eu beaucoup de chance. Il a transformé complètement ma vie. On s’est connu, j’étais déjà diplômé universitaire, inscrit à l’université de Rome pour un deuxième diplôme. Avec son aide, j’ai terminé la faculté que je suivais et fait deux Masters.
Elle m’a sorti de la faim. Lorsqu’on s’est marié, il était interdit aux étrangers de faire un travail qu’un Italien pouvait faire. Malgré mes diplômes je ne pouvais donc pas travailler. A cause du régime en Guinée, mes parents ne pouvaient pas m’envoyer de l’argent. J’étais si sous-alimenté que je pesais 51 kg, avec une taille de 1,70 m. Jusqu’à ce que j’entre aux Nations unies en 1975, nous avons vécu avec son salaire. En tant que cadre supérieur, elle gagnait 120 000 lires, soit 60 Euros nominaux.
Ce cinquantenaire me fait revenir tant de souvenirs personnels et d’autres. Par exemple, comment a changé le monde. C’est simplement incroyable! Je vais vous raconter certains de ces changements.
La TV:
Aujourd’hui il y a une profusion d’images télévisuelles avec des couleurs très proches de la réalité. Et il n’y a pas que la TV pour les voir, on peut les regarder sur: PC portable, smartphones, tablette, etc. En outre, on peut regarder son programme préféré où que l’on soit dans le monde, à l’heure de son choix, sans l’avoir enregistré au préalable.
En 1969, il n’y avait que quelques heures, par jour, de TV en blanc et noir. La RAI, la TV italienne n’avait que deux chaines qui émettaient quelques heures par jour. La télécommande, n’étant pas entré dans le marché, pour changer de chaines il fallait se lever et aller appuyer un bouton sur l’appareil TV. Il fallait aussi de temps à autre taper sur les cotés du poste TV, lorsque le flux des images s’interrompait ou lorsque celles-ci devenaient trop floues. L’enregistrement des images devait encore arriver.
Le téléphone:
Aujourd’hui, on peut se faire joindre par téléphone rien qu’avec le smartphone, en plus sans nécessairement changer de numéro lorsqu’on est en voyage. Ainsi, notre fils qui vit habituellement à Nairobi nous a appelés d’Italie avec son numéro kenyan, grâce à WhatsApp.
Vingt quatre ans après la fin de la deuxième guerre mondiale 1939-45, la téléphonie était encore un objet rare. Le numéro des lignes était si limité qu’en Italie, une seule ligne pouvait être partagée entre jusqu’à 4 numéros.
Pour la téléphonie internationale, il fallait nécessairement passer par la poste. Oui, par la poste! En effet, alors partout dans le monde que je connais, la poste était une entreprise publique comprenant la téléphonie et les télécommunications.
Pour appeler la Guinée de Rome, il fallait se rendre, donc, à la poste pour faire un booking. D’après une liste d’attente, on vous fixait un rendez-nous, en général dans une semaine. Le jour fixé venu, il fallait y aller, en priant Dieu qu’il n’y ait pas à trop attendre que votre tour arrive, que votre correspondant soit joignable et aussi qu’on vous connecte avec le numéro souhaité. En effet, il arrivait que lorsqu’on vous passe votre communication, dans la cabine, qu’à l’autre bout du fil vous tombiez sur un numéro différent. Il fallait alors tout recommencer: booking, une semaine d’attente et retour à la poste.
La communication écrite:
Pour envoyer un message écrit à plusieurs correspondants loin de vous, aujourd’hui , rien de plus simple: on aligne la liste des adresses des correspondants dans le courriel et on clique. Ou bien, comme dans le cas de ce blog, une fois terminé l’écriture du texte, on appuie sur « Publier » ou bien on programme la date et l’heure de publication. Quelque soit le nombre des correspondants, le message arrive immédiatement et à tous où qu’ils soient dans le monde.
En 1969, même le fax ou télécopie n’était pas encore arrivé. On devait faire l’envoi individuellement, en écrivant l’adresse de chacun sur une enveloppe et en allant l’affranchir, après avoir collé le timbre. Si c’était urgent, il fallait aller à la poste et envoyer un télégramme à chacun de vos correspondants.
Retrait et transfert argent:
Aujourd’hui, si on a besoin d’argent, il suffit d’aller au distributeur automatique de billets et avec son code on retire autant qu’on peut se le permettre ou que l’on veut. Ainsi, j’ai pu retirer de l’argent de mon compte à Rome depuis un distributeur sur une ne route en brousse au Vietnam, en payant des frais tout à fait raisonnables, puisqu’il s’agissait de 3,90 Euros.
Avant, retirer de l’argent était tout un programme. On devait aller à la banque où on avait le compte, très souvent faire une longue queue, avant de pouvoir retirer ses sous. Si on voyageait, comme les cartes de crédit n’existaient pas, on devait acheter des travellers chèques toujours à sa banque, avant de partir. Et une fois arrivé à destination, on devait aller à un bureau de change pour avoir de l’argent local.
Pour envoyer de l’argent, aujourd’hui on peut le faire même à partir de son portable. Autrement, on a un grand choix d’entreprises spécialisées comme Western Union, MoneyGram, PayPal, etc.
Avant 1969, l’expéditeur devait demander une lettre de crédit à sa banque ou faire un mandat postal qu’il devait envoyer au destinataire de l’argent. Celui-ci devait aller à la poste où à banque sur laquelle la lettre de crédit a été émise. Ce qui pouvait prendre des semaines. Lorsqu’on était étudiant, cette attente était interminable.
Les réservations de vols:
Quoi de plus simple que réserver un vol ou un hôtel aujourd’hui? Il suffit de se connecter à Internet et procéder à une recherche selon son budget et ses préférences.
Pour le vol, on devait se rendre à une agence de la compagnie aérienne, décliner son nom et ses coordonnées et attendre quelques jours pour qu’on vérifie s’il y a de la place sur le vol. Ensuite seulement, on vous confirmait votre vol.
La restauration
Lorsque l’on visite une ville aujourd’hui, la première chose que l’on note est l’abondance de l’offre et la variété de nourriture: indienne, thaïlandaise, chinoise, turque, africaine, pizzerie,…On peut manger debout, en marchant ou assis, à toute heure de la journée et de la nuit.
En 1969, à Rome, on ne pouvait manger que dans les restaurants et quelques rares « Tavole calde » et ce à des heures fixes, pas toute la journée. Dans tout Rome, il n’y avait qu’un restaurant chinois.