Jusqu’à l’apparition des WhatsApp et Viber, on ne pouvait téléphoner qu’en payant et ce avec quelques limitations. Des changements sont en cours avec quelque préoccupation pour les entreprises fournitrices de téléphonie.
Dans ce billet, publié sur fr.globalvoices.org, intitulé Un ministre ghanéen promet de ne pas interdire les appels sur WhatsApp, Skype et Viber, le blogueur Kofi Yeboah, responsable des communications et des médias sociaux pour Population Services International, au Ghana, présente le débat en cours dans son pays opposant utilisateurs et entreprises de téléphonie.
L’utilisation accrue de WhatsApp, Skype, Viber et d’autres applications mobiles pour les appels au Ghana diminue le chiffre d’affaires des entreprises de télécommunication. Les entreprises de télécommunications ghanéennes ont demandé à maintes reprises à l’Autorité nationale des communications de restreindre le recours à l’Internet pour téléphoner.
Une de ces demandes est récemment devenue virale. Dans un article publié par CitiFM Online, le directeur général de l’entreprise de télécommunications MTN Ghana, Ebenezer Twum Asante a déclaré :
Si l’utilisation des sim box est illégale et que nous devons tous la combattre pour y mettre fin, il y a un problème beaucoup plus important avec les appels téléphoniques au moyen d’Internet. En fait, quand vous faites un appel WhatsApp vous faites un appel téléphonique par Internet, sans passer par le canal traditionnel. À mon avis, si vous comparez cela à du Sim Boxing, c’est que les services HOFAI [hors offre du fournisseur d’accès à l’internet)] sont plus chers. Je pense que nous devons appliquer la même sévérité aux appels HOFAI car ils représentent une plus grande menace pour nos revenus.
Le terme “HOFAI” (hors offre du fournisseur d’accès à l’internet, ou encore Services par contournement ) décrit les applications basées sur Internet (généralement fournies par un tiers) qui permettent aux utilisateurs de téléphones mobiles de communiquer en utilisant la messagerie, la voix et / ou vidéo en passant par la technologie de protocole Internet, plutôt que par les méthodes plus traditionnelles d’appel et d’envoi de texte à l’aide des réseaux téléphoniques. Skype, WhatsApp et Viber sont parmi quelques exemples de technologies qui s’affirment dans l’intérêt de tout utilisateur de données, parce leur coûtant généralement moins cher (ils sont souvent gratuits) que les services similaires fournis par un opérateur de télécommunications.
La déclaration de M. Asante a provoqué un vif débat parmi les utilisateurs de téléphones mobiles et de médias sociaux au Ghana. Maximus Ametorgoh, une autorité dans le domaine du marketing numérique et directeur général de Pop Out, se demande comment une telle mesure pourrait être appliquée :
Je ne comprends pas cet appel pour une régulation de certains services HOFAI parce qu’ils concernent les appels par téléphones cellulaires aussi… Le gouvernement devrait-il surveiller les activités de ces HOFAI ? Comment ? Qu’est-ce que la réglementation devrait comporter ?
Theo Acheampong, un économiste, a relevé sur sa page Facebook [lien devenu inopérant] que les entreprises de télécommunication doivent se préparer à faire face aux nouvelles technologies qui vont changer la façon traditionnelle de passer des appels :
Nos telcos commencent à ressembler à de mauvais perdants. Pourquoi les appels passés en utilisant les services HOFAI sur les réseaux sociaux tels que WhatsApp devraient être redirigés sur les canaux traditionnels simplement pour augmenter leurs chiffres d’affaires ? Est-ce que le coût de la fourniture du service n’est pas couvert par la connexion à Internet que les consommateurs achètent pour accéder à ces applications et programmes ? Par conséquent, pourquoi devraient-ils payer un centime de plus? Il me semble que les compagnies de téléphonie devraient ouvrir leurs yeux parce que leur monopole traditionnel est terminé, et avec lui, leur rente traditionnelle. Tout pour les data ! Bienvenue dans le monde des technologies disruptives ! Le consommateur est ROI …
Suite au tumulte provoqué dans les médias, M. Asante s’est adressé à eux pour clarifier ce qu’il entendait par réglementation des appels HOFAI. Il a dit:
Nous n’avons jamais dit nulle part que les services HOFAI devraient être interdits. Nous ne sommes pas pour une telle mesure, nous sommes plutôt intéressés à tout ce qui doit être fait pour renforcer l’utilisation d’Internet, y compris les services HOFAI. La seule question que nous ayons soulevée est celle de la réglementation. La réglementation ne doit pas être assimilée à une interdiction. Par réglementation, nous voulons juste dire que, tout comme les activités d’une entreprise telle que MTN est réglementée par la NCA, il devrait en être de même avec tous les services HOFAI ; les plus importants devraient également être réglementés afin que ce que chacun fait sur cette plate-forme le soit selon les lois du Ghana.
En réponse à l’appel des entreprises de télécommunications, le Ministre de tutelle, Edward Omane Boamah, s’exprimant à la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information à Accra, a assuré les Ghanéens que le gouvernement n’envisageait aucune interdiction d’appels par Internet. Il a déclaré que :
L’autre objet de discussions d’aujourd’hui concerne les services HOFAI, au centre de nombreuses discussions dans les médias la semaine dernière. La réalité de l’industrie des télécommunications d’aujourd’hui est que les consommateurs sont autonomes. Ils aiment l’innovation, la flexibilité, l’efficacité, le confort et plus souvent, des solutions de rechange à faible coût et ils iront toujours les chercher pour améliorer leur niveau de vie.
Notre objectif devrait être de trouver une approche équilibrée de telle sorte que tous les acteurs de cette industrie aient leurs besoins satisfaits. Il est également impératif pour nous d’apprendre des autres pays et de comprendre pourquoi ils ont ou non encouragé cette tendance des affaires.
Mais dans tout cela, je tiens à dire catégoriquement que le gouvernement n’a pas et n’a en aucun cas considéré une interdiction des services HOFAI. Nous croyons que comme il s’agit d’une tendance émergente, l’organisme de réglementation ensemble avec les opérateurs et les consommateurs devrait trouver un terrain d’entente qui convienne à notre situation particulière.
À cette fin, nous tenons à réaffirmer que nous reconnaissons les médias comme partenaires de développement et en tant que tels, nous avons besoin de votre soutien pour communiquer des messages exacts et vérifiés à la population.
Dans un tweet, Joy FM, une des stations de radio les plus populaires du Ghana, a indiqué que:
Le Fonds d’investissement du Ghana pour les communications électroniques soutient les appels à la régulation des applications d’appel Internet comme WhatsApp.
Nene Odonkor (@nenedonkor) a répondu à ce tweet :
Nous avons des gens à courte vue au Ghana. Nous payons déjà pour l’Internet pour passer ces appels. La cupidité va nous paralyser.
Maxwell Atiah (@maxwell_atiah) a souligné la raison pour laquelle il ne devrait pas y avoir d’interdiction des appels Internet :
Ils ne pourraient même pas interdire l’utilisation de ces médias sociaux, nous payons avec notre propre argent, les data sont coûteuses
De nombreux utilisateurs de médias sociaux invitent les entreprises de télécommunication à développer des idées novatrices pour fournir des services Internet de qualité afin d’augmenter leur chiffre d’affaires au lieu de demander au gouvernement de restreindre les appels Internet.