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Ces victimes de l’horrible nuit du 17 au 18 octobre attendent toujours la justice

Dans notre pays, aucun effort sérieux n'a été entrepris pour qu'il y ait une réconciliation nationale. Au contraire, pendant que les fripouilles sont honorées, les martyrs sont oubliées.

 

Cette année cela fait 51 ans depuis cette horrible nuit du 17 au 18 août 1971 pendant laquelle la fine fleur des cadres, entrepreneurs et des citoyens lambdas déjà dans les camps de concentration du régime sanguinaire du tyran Sékou Touré furent extraits de leurs cellules pour être exterminés.

Ces victimes innocentes attendent toujours d’être réhabilitées et que l’état reconnaisse ces crimes qui ont été commis en son nom. Malheureusement, au lieu de cela nous assistons même avec le nouveau régime du colonel Mamady Doumbouya et son Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) à la glorification du tyran tout en oubliant ses victimes qui gisent toujours dans des fosses communes anonymes. 

Au nom de la paix sociale et des priorités du moment, certains guinéens nous invitent à oublier les crimes passés des régimes dictatoriaux qui ont porté la Guinée à être une nation en déclin et dont les citoyens sont souvent stigmatisés dans le monde entier. Récemment, un de ceux-ci, qui a, pourtant, eu dans sa famille de nombreuses victimes, nous invitaient à faire comme les européens, qui malgré les horreurs de la deuxième guerre mondiale, se donnent la main pour construire un futur radieux.

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Mais, ces gens font preuve d’ignorance car pour en arriver là, les européens n’ont pas oublié leurs victimes ni la nécessité de sanctionner les coupables identifiés afin d’éliminer toute forme d’impunité. Ils n’ont pas pris de raccourcis comme certains le voudraient en Guinée! Au contraire, ils ont emprunté sans équivoque la voix de la réconciliation. Auraient-ils agi de la même manière si la résidence de la Chancelière Angela Merkel s’appelait Hitlershaus? Ou si on ne commémorait que les dates qui ont émaillé la conquête du pouvoir de la part du criminel Hitler et celles de sa sanglante dictature? Ou encore si les manuels scolaires continuaient à nier ce qui s’est passé?

Dans notre pays, aucun effort sérieux n’a été entrepris pour qu’il y ait une réconciliation nationale. Au contraire, pendant que les fripouilles sont honorées, les martyrs sont oubliées. Si le Général Lansana Conté avait dans sa mentalité rétrograde et de militaire semi-illetttré des raisons pour honorer Sékou Touré pour l’avoir servi pendant de nombreuses années comme aide de camp et exécuteur de basses besognes, nous étions en droit de nous attendre du Président Alpha Condé, qui prétend avoir été professeur de droit, de réelles tentatives de rompre avec l’impunité qui a toujours prévalu dans notre pays, d’autant plus qu’il ne doit son propre salut qu’au fait de se trouver à l’étranger lorsque le criminel Sékou Touré l’a condamné à mort par contumace (selon certains). Au contraire, la Présidence porte toujours le nom de ce sanguinaire, au mépris de toutes ses victimes. L’anniversaire de sa mort donne lieu à des célébrations officielles, son parti bénéficie de financement public, etc.

Après Sékou Touré, le Président Alpha Condé a stigmatisé la composante ethnique la plus grosse de son peuple. En outre, si sa gouvernance avait été aussi efficace qu’on le prétend, il y aurait eu une inversion de tendance dans le déclin du pays dans tous les domaines. Notre pays ne serait pas le cancre de l’Afrique de l’ouest, qui fait que les gens émigrent en masse. Ainsi en 2019, la Guinée était le 12ème pays fournisseurs de migrants à l’Union européenne et le 2ème à la France, n’ayant devant elle que des pays beaucoup plus peuplés ou en guerre, tels que la Syrie, l’Afghanistan, le Vénézuela, la Turquie, le Pakistan, etc. En 2018, ils étaient même la première nationalité d’origine des mineurs non accompagnés, selon les chiffres de la douane à arriver France.

Quant au Colonel Mamady Doubouya, un militaire bien formé avec une expérience acquise dans des opérations dans des pays aussi variés que l’Afghanistan, la Côte d’Ivoire, Djibouti, la République centrafricaine, en Israël, à Chypre et au Royaume-Uni, on était en droit de s’attendre à ce qu’il essaie de changer cette situation. Mais hélas! Après un discours plein d’espoir pour les familles des victimes, il s’est montré encore plus insensible, allant jusqu’à donner des propriétés publiques à la veuve du tyran et baptiser l’aéroport de Conakry du nom du tyran.

Si vous voulez contribuer à l’édification d’une Guinée saine où ne se répéteront jamais les horreurs qui ont constitué notre histoire jusque’à présent, il faut que ça change..

Alpha M. Diallo dit Alphadjo m’a envoyé la note suivante contenant une liste de noms de quelques victimes dont certaines de cette terrible nuit du 18 octobre 1971, élaborée par l’Association des victimes du Camp Boiro. Elle est naturellement incomplète car les assassins n’ont pas laissé de traces ou celles qui ont été laissées ont disparu.

Selon les témoignages des rescapés des camps de détentions politiques, dans la nuit du 17 au 18 octobre 1971, soixante-dix (70) détenus ont été extraits de leurs différentes cellules, déshabillés, ligotés et entassés dans des camions, direction l’échafaud.
Cette nuit inoubliable d’octobre 1971, soixante-dix Guinéens qui avaient combattu pour l’indépendance de leur pays, ont été ont fait l’objet de sacrifices rituels sur ordre de Sékou Touré.
Presque tous étaient des hauts cadres de l’état, ministres, ambassadeurs, gouverneurs, magistrats, ingénieurs, médecins, professeurs, des entrepreneurs et des citoyens lambda.
Mais pourquoi cette date du 18 octobre 1971? Parce qu’il s’agissait de sacrifices rituels prescrits par les voyants occultes du régime d’alors pour obtenir la chute du Président ivoirien Houphouët-Boigny dont il croyait que c’était le 70e anniversaire. Ces 70 hommes ont été extraits de leurs cellules dans quatre camps de détention politique: Boiro (Conakry), Kémé Bouraïma (Kindia), Soundjata Keita (Kankan) et El Hadj Oumar Tall (Labé).
Voici lune liste partielle des victimes massacrées dans la nuit du 17 au 18 octobre 1971, élaborée par l’Association des victimes du Camp Boiro. Si vous trouviez les noms qui manquent et des photos, je vous prie de nous les communiquer [les points d’interrogation devant des noms indiquent que les informations concernant le martyr ne sont pas sures ou bien qu’elles sont incomplètes]:
ARIBOT « SODA » Souleymane Planteur
BAH Bademba Notable
BAH Mody Amadou Baïlo Commerçant
BAH Thierno Ibrahima Gouverneur /Chef de Cabinet
BALDE Abdoulaye Directeur Ecole Militaire
BALDE Oumar Ingénieur Secrétaire exécutif OERS
BAMA Marcel Mato Ministre 3 Août 1971 à Siguiri
BANGOURA Karim Ex Ambassadeur, Ministre des transports
Barry Abbas Douanier
BARRY Cellou Inspecteur des Douanes
BARRY Mody Oury Industriel (Fils de l’Almamy de Mamou)
CAMARA Ali Inspecteur Affaires financières (douanier)
CAMARA Baba Gouverneur
CAMARA Bakary chef de quartier juillet 1971
CAMARA Bakary Président du Tribunal
CAMARA Doussou Mory Financier
CAMARA Fama Douanier
CAMARA Filas Contrôleur du travail
CONDE Émile Gouverneur de Kankan (ancien Ministre ) juillet 1971
COUMBASSA Abdoulaye Commissaire de Police (Sécurité N’Krumah)
DIALLO Abdoulaye Docteur Chirurgien
DIALLO Alpha Amadou « M’en Parler » Ministre de l’information juillet 1971
DIALLO Alpha Taran Chirurgien, Ministre
DIALLO Karo Infirmier Camp Boiro juillet ou octobre 71
DIALLO Oumar Kounda Gouverneur
DIALLO Oury Missikoun Inspecteur Finances
DIALLO Souleymane Ex ministre Commerce Extérieur
DIALLO Souleymane Yala Directeur des prix et conjoncture arrêté 1971
DIALLO Youssouf Lieutenant juillet ou octobre 71
DIOP Ahmadou Tidiane “Saint Germain” Restaurateur
DIOP Tidiani Directeur Administratif FRIA
FASSOU Michel Sous Lieutenant janvier ou octobre 71 ???
GHUSSEIN Fadel Chef de Cabinet arrêté 1971
HABA Paul Commissaire 1971
HANN Saïdou ???
KABA ELHADJ Diafodé janvier ou octobre 71 ???
KABA Mamady Notable (Société Sogonikoun)
KEITA Fadiala Ambassadeur (Directeur Général OBK) juillet 1971
KEITA Kémoko Magistrat (Procureur Général) arrêté 1971
KOIVOGUI Massa Planteur, Secrétaire Fédéral Macenta
KOUROUMA Missa Ex Fédéral de Macenta
KOUROUMA Soma Ct Camp Samory juillet ou octobre 71 ???
MAKADJI Tidiane Agent SNE juillet ou octobre 71
MATHOS Gnan Félix Directeur Banque
M’BAYE Cheick Oumar Ambassadeur 6 août 1971
N’DIAYE Boubacar Lieutenant juillet ou octobre 71 ???
PORRI René, dit Doumbouya Chef Milicien Conakry 2
SAGNO Mamady Ministre juillet 1971
SASSONE André Directeur (témoin au mariage de Sékou Touré) arrêté 1971
SAVANE Morikandian Ministre [???] SOW Aliou Contributions Diverses
SOW Mamadou Vétérinaire, Ministre du Plan [???] SYLLA Fodé Saliou Magistrat Procureur adjoint, arrêté 1971
SYLLA Mamadouba Chef réseau SNE juillet ou octobre 71
THIAM Baba Hady Directeur de Banque juillet ou octobre 71
TOUNKARA Tibou Ministre juillet 971
TOURE Kerfala Urbanisme et Habitat
TOURE Sékou Sadibou Industriel Malien Directeur Fruitaguinée

 

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konakryexpress

Je revendique le titre de premier clandestin à entrer en Italie, le jour où la mort de Che Guevara a été annoncée. Mais comme ce serait long de tout décrire, je vous invite à lire cette interview accordée à un blogger et militant pour les droits humains qui retrace mon parcours dans la vie: https://fr.globalvoices.org/2013/05/20/146487/

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Un commentaire

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