Premiers massacres et sacrifices humains attribués à Sékou Touré et son pouvoir

Sur place, des femmes avaient vu leurs règles se déclencher, d'autres avaient vomi, et d'autres encore avorté

Lorsqu’on parle des crimes de Sékou Touré et de son régime, souvent on ne pense qu’aux différents camps de concentration érigés dans tout le pays. Mais ses crimes ont commencé plus tôt. Le Lieutenant-colonel Camara Kaba 41 nous livre des témoignages horribles sur le personnage de Sékou Touré et son régime, dans son oeuvre Dans la Guinée de Sékou Touré : cela a bien eu lieu. 

Ce billet est extrait de cette oeuvre. Mais un rappel est nécessaire. L’auteur nous raconte une prévision du grand érudit Cheik Fanta Mady Kaba que le futur dictateur était allé consulter avant l’indépendance, en compagnie de son ami Béavogui Louis Lansana, en 1954.

Cheik Fanta Mady Kaba baissa la tête; assis jambes croisées, il pivota à gauche, fit face à l’Est, leva les bras, les écarta. Sur tout le mur, un panorama effroyable, incompréhensible pour les visiteurs, se dessina.
— Voyez-vous ? questionna le Saint homme.
Les deux hommes s’approchèrent et virent l’image hideuse.
— J’ai vu, dit Sékou, comme s’il était seul.
— Mais, qu’est-ce que c’est ? poursuivit-il.
— C’est un fleuve de sang et de flammes. C’est ton règne que Dieu nous montre là. Les Blancs vont quitter notre pays, tu les remplaceras. Mais comme tu le vois, du début à la fin de ton règne, il y aura du sang et du feu. Le peuple de Guinée souffrira sous ta botte. Il y aura des morts, des maladies, la famine et des désastres. Tu acceptes, Homonyme ?

— Oui, oui ! se pressa de répondre Sékou Touré, à la fois heureux et médusé. Sous leurs yeux, le monstrueux fleuve coulait roulant des eaux rouges enflammées comme si, à son amont, un pétrolier géant avait éclaté et pris feu. L’image était tellement vivante que de grosses fumées noires tourbillonnantes semblaient sortir du toit de la case.
— Tu acceptes ? insista le Saint, tristement ; tu n’es pas obligé, Homonyme.
— J’accepte ! dit Sékou Touré, fermement.

Le Lieutenant-colonel Camara Kaba 41 nous décrit la suite de cette rencontre sous le titre de: Les premiers crimes de Sékou Touré

La prédiction du Saint ne se fit pas attendre. Dès le début de 1959, l’indépendance de la Guinée étant survenue le 2 octobre 1958, Sékou commit son premier crime officiel en avril. Un jeune homme de 22 ans, Chérif, accusé de vol, fut publiquement fusillé dans l’enceinte de l’école Sandervalia, une après-midi.

C’était la première fois que la population de Conakry assistait à une exécution en plein jour. En vérité, c’était le premier sacrifice humain de Sékou Touré.

L’hallali venait de sonner pour la Guinée, et les Guinéens n’y prirent pas garde. Sur place, des femmes avaient vu leurs règles se déclencher, d’autres avaient vomi, et d’autres encore avorté ; sans doute cela avait-il indigné nombre de gens, mais personne n’avait seulement à Conakry qu’une exécution sommaire eut lieu, mais aussi à Kindia et à Dalaba.

La même année 1959, et au même mois d’avril, une sanglante révolte des anciens combattants libérés de l’armée française eut lieu dans la ville de Guéckédou.

Bilan : 700 morts et des milliers de blessés. Ce massacre a été l’oeuvre de Sangaré Toumani, alors secrétaire général de la section de Guéckédou ; lui-même n’échappa au drame que grâce à son secrétaire politique Traoré Tamba Kalas qui avait réussi à le cacher. Les médecins chefs de Kankan, de Kouroussa et de Dabola venus au secours, furent scandalisés. Celui de Kankan, un médecin-commandant français, dit sans crainte :

— On se croirait à Verdun. C’est que ça commence plutôt mal, cette aventure guinéenne.
C’était peu dire, car il était loin de prévoir les milliers de Verdun qui allaient se produire tout au long du règne de Sékou Touré.

Ce n’était que le début de la tempête en amont du fleuve, du fameux « fleuve de sang et de flammes ».

Diané Lansana, commandant de la circonscription de Kankan, venu en hâte pour voir de ses yeux ce massacre inutile, comme tous les autres qui pousseraient comme du chiendent dans ce pays de rêve, recommanda sévèrement aux secouristes :

— Celui qui en parle, même à son épouse, sera fusillé.

A la même année 1959, à la fin novembre et au début décembre, ce même Diané Lansana ordonna de ramasser tous les aveugles de Kankan, et Dieu sait s’ils étaient nombreux. Dans leurs camions, les militaires les raflèrent dans toute la ville, en particulier devant la poste, les pharmacies, les marchés et devant la concession de feu Cheik Fanta Mady Kaba.

Les camions bourrés s’ébranlèrent vers Baté-Nafadyi, à la sortie de Kankan vers Siguiri. Là, les aveugles, femmes, enfants, vieillards, furent proprement abattus. La raison divine de ce crime ? C’est que la toute puissante Excellence Kwamé N’Krumah devait séjourner à Kankan pour deux semaines. Ses yeux divins (quelle divinité !) ne devaient pas tomber sur ces loques humaines qui faisaient honte à la Guinée.

Encore 1959 : dans la ville de Kissidougou, on découvrit un jour le corps d’un enfant de trois ans et demi. Un corps sans tête. Le meurtrier arrêté par le commissaire avoua avoir reçu l’ordre des membres du comité directeur de la section locale du Parti. Le commissaire n’était pas dans le coup : l’instruction n’alla pas plus loin et le meurtrier fut relâché.

Ce n’est pas Sékou seulement qui pratique le sacrifice humain, mais aussi ses hommes de main et cela, du comité de base au sommet de la hiérarchie politique et même administrative, dans la conviction profonde d’être maintenus à leur poste. C’est ainsi qu’à travers tout le pays, au cours des ans, on a trouvé par-ci, par-là, des corps de femmes, d’hommes et d’enfants mutilés ; après quoi on accusait des tueurs venus de Sierra Léone, de Monrovia ou de Côte d’Ivoire.

Oui ! on peut aujourd’hui les accuser, ces éléments tarés des pays voisins, oubliant que les racines du Parti de Sékou Touré , depuis sa création, ont baigné dans le mensonge, dans la violence, dans la terreur et que ce sont ses éléments tarés à lui, ses voyous drogués, détraqués, dont l’un des chefs typiques, Momo Jo, qui allaient, pendant les sanglantes luttes des Partis politiques en 1954 surtout, recruter les tueurs à gages en Sierra Léone et à Monrovia pour violer, assassiner les soi-disant opposants du Bloc africain de Guinée (BAG). Ils brûlaient alors mosquées et livres saints, pillaient les concessions avant d’y mettre le feu, jetaient par dizaines hommes et femmes vivants dans les puits, et les bouchaient.

 

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