Principales caractéristiques du personnel des médias en Guinée

Guinée : Avec une participation financière de l’Union européenne, l’ONG Chasseur d’étoiles a publié en mars 2015 une étude intitulée Le paysage médiatique guinéen, étude des lieux, enjeux et défis. Les enquêteurs suivants ont participé à l’étude CORINNE MATRAS (coordinatrice), DANIEL FRA, MICHEL LEROY, MOHAMED CAMARA et MONIQUE CURTIS. Leur rapport nous donne des informations utiles pour une meilleure connaissance du paysage médiatique guinéen. Il en ressort que le personnel des médias guinéens, est principalement masculin, jeune et travaille surtout pour des entreprises privées, dans leur grande majorité localisées à Conakry, et gagnent peu. pour vivre, ils cumulent les travaux, écrivant pour plusieurs médias ou exerçant une activité rémunérée en dehors du monde des médias. 

Plus compétentes, mais discriminées partout. Source: leconakryka.com

Malheureusement, la sous-représentation des femmes dans le journalisme est un phénomène répandu, en Afrique et ailleurs.

Dans un article publié sur son blog intulé RDC : Les femmes n’ont pas plus de voix dans les médias, Chantal Faida, révélait que:

Il sied de noter que dans la plupart de cas, au Congo, la femme vit sous l’emprise de la coutume caractérisée par la prédominance de l’homme. «Un écart prononcé dans le département technique/technologique de l’information 9% et dans celui de l’impression et de la distribution 17%. Les hommes prédominent dans tous les départements des entreprises de presse. 29% de personnes figurant dans le département éditoriaux sont des femmes.» En exemple, la couverture médiatique sur l’égalité du genre est à seulement 0.5% en comparaison avec la couverture sur la politique qui est à 23%.

En Italie, les femmes ne représentent que 23% du total des signatures dans la presse écrite; et en France 17 pour cent à la radio et 15 pour-cent dans la presse écrite. Ces pourcentages similaires aux nôtres démontrent que la discrimination envers les femmes dans le journalisme sont répandues et sont indépendantes du niveau de développement des pays.

Tous les militants en faveur de l’égalité dans tous les domaines devraient se sentir interpellés par cette discrimination et redoubler d’efforts pour plus de place pour les femmes dans les médias.

L’enquête réalisée dans le cadre de cette étude a été réalisée du 1er décembre 2014 au 15 janvier 2015 auprès de 804 personnes. Par recoupements, elle permet d’estimer le chiffre, jusqu’ici indisponible, de l’ensemble des travailleurs des médias entre 1 700 et 2 300 sur tout le pays. À la fin de l’étude, un total de 459 répondants à l’enquête a été enregistré, soit 20 % de l’ensemble du secteur. Globalement, 74,7 % des répondants sont des hommes. Ils sont en majorité journalistes (64,3 %) et techniciens (18,9 %) et, à plus de 60 %, ont moins de 30 ans. Plus de 40 % travaillent pour un média privé commercial.

ÂGE. – La pyramide des âges des différentes fonctions dans les médias révèle que les dirigeants ont globalement entre 31 et 45 ans. Ils sont très nettement plus âgés dans les médias pu

blics. À l’opposé, les techniciens des médias sont extrêmement jeunes (près des trois quarts ont moins de 30 ans et 45 % entre 18 et 25 ans). Les journalistes se situent majoritairement dans la tranche 26-30 ans (40 %), mais un gros quart a moins de 25 ans et un petit quart entre 31 et 45 ans.

GENRE. – La direction d’un média revient à un homme dans 95 % des cas dans le privé et dans 73 % des cas dans le public. Près d’un quart des techniciens sont des femmes, sans différence entre secteur public et privé. Dans le journalisme, la part des femmes est globalement de 29 % mais ce chiffre augmente de 8 points dans le cas des journalistes non-rémunérés et baisse de 4 points dans les médias privés.

MOBILITÉ. – Les régions de naissance des travailleurs des médias sont diverses : principalement sur Conakry (24 %), Kankan (16 %), Labé (14 %), N’Zérékoré (12 %) et Kindia (10 %). Le taux de répon dants nés dans une région et n’y travaillant plus varie de 22 % à Kankan jusqu’à 53 % à Labé et N’Zéré-koré et même 65 % à Kindia. Les travailleurs des médias nés à Conakry mais exerçant aujourd’hui dans une autre région se chiffrent à 28 % et un tiers des travailleurs des médias exerçant dans la capitale est né à Conakry.

FORMATION.– Toutes fonctions confondues, 7 travailleurs des médias sur 10 sont des diplômés de l’enseignement supérieur guinéen. Pour ce qui est des dirigeants des médias, les titulaires d’un master atteignent 45 % et ceux qui ont étudié à l’étranger 19 %. Plus d’un dirigeant sur 10 a choisi sa voie « par hasard » (mais cela concerne 27 % des dirigeants de médias publics, ce qui constitue le deuxième motif de vocation) et 5,6 % pour « entrer en politique ». La formation des techniciens des médias est principalement technique (50 %), avec une forte occurrence d’un enseignement technique à l’étranger (14 %). Pour ce qui est des journalistes, la formation universitaire est ultra-dominante (89 %). Le diplôme le plus fréquent est une licence si on considère l’ensemble des répondants ou si on ne retient que les seuls médias privés, mais un master si on ne considère que les journalistes salariés ou le secteur public.

Les journalistes gagnent en moyenne davantage dans le secteur de la télévision. Au total, 30 % des journalistes travaillent pour plus de deux organes, et dans 41 % des cas un employeur hors médias vient s’ajouter. Si l’on considère l’ensemble des salaires perçus, 23,5 % des journalistes restent en dessous du Smig mais 13 % gagnent plus de 2 millions de GNF (248 €).

Les travailleurs des médias disposent souvent à domicile des outils nécessaires à l’exercice de leur profession. Le téléphone portable atteint un taux d’équipement de 85 % chez les journalistes salariés et l’ordinateur de 71 %. Un accès internet est en passe de devenir la norme. Facebook est généralisé. Internet fait une percée en tant que vecteur d’information des travailleurs des médias: les journalistes s’informent moins par la radio (moins de 10 % par la radio publique et moins de 26 % par la radio privée) que par les sites d’information en ligne guinéens (36%), auxquels il faut ajouter les sites étrangers (9 %) et les réseaux sociaux (3 %).

La grande majorité des journalistes (55 %) couvre l’ensemble des thématiques dans le cadre de leur activité. Un sur six seulement (14 %) n’en traite qu’une seule. La politique se taille la part du lion (38 %) devant les faits divers (20 %) et la culture (9 %). À Conakry, la politique atteint même 51 %.

Les sources des journalistes donnent également de précieux renseignements : si le réseau personnel d’informateurs arrive logiquement en tête (40,5 %), les autres médias sont cités par 31 % des répondants. Les communiqués sont ensuite mentionnés par 1 journaliste sur 6 (et même par 1 journaliste non rémunéré sur 4).

L’exercice du journalisme en Guinée est marqué par une forte propension à l’autocensure : 72 % des répondants estiment « tout à fait » ou « plutôt » s’autocensurer pour traiter certains sujets. Ils sont également une large majorité (56 %) à penser que le journalisme est un métier dangereux dans leur pays et 42 % à estimer que la peur fait partie intégrante de leur vie professionnelle.

En dépit de ces réalités, la profession positive : les journalistes sont à 84 % optimistes « sur leur situation professionnelle dans cinq ans.

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