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Répression post-électorale en Mauritanie : coupure d’Internet et détention d’un journaliste

Les résultats des élections ont été diffusés en direct sur Facebook avant que les autorités mauritaniennes ne coupent Internet. Source : Capture d’écran d’une retransmission en direct sur Facebook de la commission électorale nationale.

Les autorités mauritaniennes ont rétabli l’accès à Internet après l’avoir interrompu pendant 10 jours suite à l’élection présidentielle contestée du 23 juin 2019. Toutefois, le gouvernement continue de restreindre la liberté de la presse et d’expression dans le cadre de sa répression post-électorale.

Le candidat soutenu par le gouvernement, Mohamed Ould Ghazouani, a recueilli 52% des voix, mais de nombreuses allégations de fraude ont entaché l’élection: trois candidats de l’opposition, dont le militant anti-esclavage Biram Dah Abeid (arrivé en troisième positionavec 18% des voix) contestent les résultats devant le Conseil constitutionnel. De petites manifestations contestant les résultats ont également eu lieu dans la capitale, Nouakchott.

Lundi 1er juillet, le Conseil constitutionnel a rejeté l’appel de l’opposition et a confirmé M. Ould Ghazouani comme le prochain président du pays sur la base d’éléments de preuve insuffisants pour justifier les allégations de fraude par l’opposition.

Arrestations de journalistes et de personnalités de l’opposition

Ahmedou Ould al-Wadea, présentateur de la chaîne de télévision mauritanienne Al Mourabitoun, a été arrêté à son domicile de Nouakchott le 3 juillet. M. Al-Wadea, connu pour ses critiques du président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz, est toujours en détention dans un lieu non divulgué selon des groupes de défense des droits de l’homme [ar]. On ignore encore de quoi il sera accusé.

M. Al-Wadea n’a pas été le seul journaliste à être pris pour cible dans la répression post-électorale. Le 26 juin, la police a arrêté Seydi Moussa Camaras, un autre journaliste connu pour ses critiques du gouvernement. M. Camaras est le directeur de l’hebdomadaire indépendant La Nouvelle Expression. Il a passé une semaine en détention avant d’être libéré le 3 juillet. Selon Reporters sans frontières, des agences de sécurité l’avaient accusé [en] de contester les résultats des élections lors d’appels téléphoniques :

RSF a appris que des agents de la sécurité de l’État qui avaient arrêté Moussa à son domicile, saisissant tous les téléphones et ordinateurs portables, l’accusaient de contester les résultats de l’élection lors de conversations téléphoniques, suggérant que ses appels avaient été mis sur écoute.

Plusieurs personnalités de l’opposition ont également été arrêtées par les autorités, a déclaré Amnesty dans un communiqué [en] du 27 juin . Parmi eux, Samba Thiam, le chef des Forces progressistes pour le changement, avant sa libération [en] au début du mois de juillet.

La coupure de dix jours d’Internet levée

Au milieu de la répression, le gouvernement a également décidé de couper Internet, avant de le rouvrir le 3 juillet.

Le ministère de l’Intérieur aurait ordonné la coupure pour des raisons de sécurité, bien que des militants et des groupes de défense des droits de l’homme estiment que le véritable objectif était d’empêcher l’opposition de mobiliser les manifestants.

Le gouvernement a tout d’abord perturbé l’accès à l’Internet mobile vers 23h, heure locale, selon [en] la Media Foundation for West Africa. Quarante-huit heures plus tard, ils ont également perturbé l’accès aux connexions fixes.

Les perturbations ont touché les trois fournisseurs d’accès à Internet mauritaniens: Mauritel, Chinguitel et Mattel. Les entreprises n’ont pas expliqué la raison [en] des perturbations et n’ont pas informé [ar] leurs utilisateurs avant qu’elles se produisent.

Les coupures ont empêché les dirigeants de l’opposition d’organiser et de mobiliser des manifestants, dans un pays où seulement 21% des 4 millions d’habitants disposent d’une connexion Internet [en].

Ces coupures d’Internet ont isolé les Mauritaniens du reste du monde, et en particulier des défenseurs des droits de l’homme, des leaders de l’opposition et des journalistes, limitant [ar] considérablement leur capacité à accéder aux informations et à faire des publications sur la répression exercée par le gouvernement sur les manifestants, les journalistes et l’opposition politique.

Ce billet a été écrit par Afef Abrougui éditrice principale pour Advox, une autre plateforme de Global Voices, qui l’a publié le 19 juillet 2019.

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konakryexpress

Je revendique le titre de premier clandestin à entrer en Italie, le jour où la mort de Che Guevara a été annoncée. Mais comme ce serait long de tout décrire, je vous invite à lire cette interview accordée à un blogger et militant pour les droits humains qui retrace mon parcours dans la vie: https://fr.globalvoices.org/2013/05/20/146487/

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