L’ONG internationale Reporters sans frontières rapporte que le journaliste Habarugira Epaphrodite est écroué depuis le 24 avril 2012 à la prison de Gitarama pour avoir eu un lapsus lors du journal parlé de la radio communautaire Hugukaqu’il présentait en kinyarwanda, une confusion entre les termes de « victimes » et de « rescapés ». Ses collègues pensent qu’il s’agirait d’un simple lapsus justifié par le fait que la veille, il avait présenté le même journal sans commettre d’erreurs. Le journal présenté évoquait la cérémonie de
commémoration des victimes du génocide rwandais, survenu 18 ans plus tôt. Le plus triste, c’est que la radio l’a licencié avant meme qu’il soit condamné, au lieu de se battre pour sa libération ou son jugement.
J’ai été parmi les premiers membres de la mission des Nations Unies à arriver à Kigali, le 9 aout 1994, soit à peine 2 semaines après la fin du génocide. Le choc psychologique que j’ai vécu est tel que je n’arrive pas encore à raconter les traces de la tragédie qui étaient visibles et les odeurs pestilentielles des cadavres en décomposition, les regards pleins de douleur des interlocuteurs qui acceptaient de nous parler.
La radio ayant été inaugurée seulement le 13 avril, j’espère que cette arrestation soit due à l’initiative d’agents locaux de l’administration, sans consultation ou instruction de Kigali.
Mais à mon avis, un génocide est la pire expérience que puisse vivre un pays. Mais ce n’est pas rendre justice aux victimes que de commettre des violations des droits humains contre d’autres innocents.