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Guinée: Horreur à Labé, des filles violées, battues par des militaires et menacées de mort par les autorités publiques

A la fin de l’article, il y a des liens en mettant le curseur dessus, avec la touche controle enfoncé, on arrive aux enregistrements sonores. C’est horrible!

Source: http://www.guineelibre.com/article-exclusif-temoignages-de-jeunes-filles-peuhles-victimes-des-viols-de-labe-evacuees-a-dakar-avec-images-et-enregistrements-sonores-62966948.html

Exclusif : Témoignages de jeunes filles peuhles victimes des viols de Labé évacuées à Dakar (avec images et enregistrements sonores)

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Guineeactu a pris contact avec quelques femmes victimes d’agressions sexuelles à Labé après la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle et qui ont été évacuées à Dakar. Une première correspondante a commencé à recueillir leurs témoignages mais elle n’a pas pu achever l’interview, foudroyée par ce qu’elle entendait : « Je n’ai pas pu continuer : mon cœur battait si fort que j’ai eu peur », dit-elle. Tout en priant son collègue de continuer l’interview, elle le prévint qu’il pourrait, lui aussi être pris de nausée…

Plusieurs femmes ont été violentées, à divers endroits, soit isolément soit en compagnie d’autres femmes. Dans un cas, c’était en public dans un pick-up. Après avoir enlevé le pagne de la fille, déchiré sa culotte et son slip, les militaires l’ont violée sur le banc de leur véhicule, devant des jeunes que les mêmes militaires avaient arrêtés. Puisque la fille tentait de résister, ils l’étranglaient, lui assénaient des coups un peu partout ; elle a même perdu des dents. Après tous les sévices, on l’a déposée à la sureté, nue comme elle est née. On a dû emprunter une jaquette pour l’attacher autour de ses hanches. C’est de là que ses parents l’ont ramenée chez eux.

Parmi ces nombreuses victimes de viols, certaines s’enfuient, gênées de divulguer leur malheur et tentent de se soigner à domicile. Mais d’autres, comme la fille violée dans le pick-up, étaient dans un état si grave qu’elles ont dû être hospitalisées. Parmi ces dernières, quatre ont été regroupées et ont bénéficié d’une prise en charge par une organisation caritative et sont venues pour les soins médicaux à Dakar, au Sénégal. Ces quatre sont accompagnées d’une de leurs parentes, qui a aidé à organiser leur évacuation. Voici la liste des quatre :

· F. Diaraye Diallo : 18 ans

· A. Oury Diallo : 20 ans

· A. Lamarana Diallo : 20 ans

· F. Korka Bah : 25 ans

Elles ont presque toutes subi le même calvaire. Enlevées par des hommes en uniforme venus dans des pickups, elles ont subi des viols multiples, des bastonnades et autres sévices. En les forçant à subir leurs sales besognes, les criminels ont fracturé les bras et les jambes de plusieurs de leurs victimes. L’une d’elles a sa jambe plâtrée.

Bref, nous vous livrons des extraits de nos multiples communications téléphoniques avec elles. Ci-dessous, le témoignage de Korka, une ménagère originaire de Koubia, qui était venue à Labé pour chercher du travail pendant la saison sèche.

Dites-nous comment ça s’est passé.

Venus dans un pick-up vert, ils m’ont prise près de la poste, le vendredi à 11 heures. Ils étaient habillés de tenues vertes, casqués et armés. Il y avait deux autres femmes dans le véhicule. Ils nous ont déposées dans une maison inachevée. Nous y avons trouvé trois autres femmes. Donc nous étions en tout 6 femmes dans la maison. Les trois femmes qui y étaient avant notre arrivée étaient des femmes des madrasas, toutes voilées. Mais elles étaient déjà épuisées… Plus tard ils les ont fait sortir, et on ne les a plus revues. Ils ont ramené leurs habits et leurs chaussures. C’est tout ce que nous avons revu d’elles. C’est comme ça qu’ils font : Ils violent les femmes jusqu’au moment où ils sentent la mort approcher et ils les envoient quelques part pour les tuer… Ils nous violaient pendant la journée. Ils sortaient à 18 heures pour revenir à 6 heures le lendemain. Les deux autres filles qui restaient avec moi avaient les jambes cassées…

Comment ont-ils cassé ces jambes ?

C’est en nous tordant les bras et les jambes ou en les frappant avec leurs fusils. Ils le font dès que vous leur résistez… Ils nous violaient dans la même chambre. Moi, ils me violaient « par devant » et « par derrière ». Après ma libération, quand j’allais au WC je n’évacuais que du sang. J’ai passé une semaine sans pouvoir m’asseoir …

Justement, comment vous a-t-on libérées ?

Dès qu’ils vous prennent ils retirent votre téléphone et enlèvent la puce, pour qu’on ne puisse pas vous appeler… Nous nous sommes libérées un jour, au petit matin, vers 5 heures, juste avant leur retour. La fenêtre de la chambre n’avait pas d’antivol mais elle était très haute. Les deux autres filles ne pouvaient plus se déplacer. Moi, je venais près de la fenêtre et criais pour appeler de l’aide. Par chance un homme qui était de passage m’a entendue et est venu. Il s’est approché doucement et m’a demandé pourquoi nous criions. Je lui ai expliqué ce qui se passait et lui ai demandé de nous aider. Il avait une Mercedes. J’ai donc réussi à tirer les deux autres, une à une, et à les faire passer par la fenêtre. L’homme les a récupérées de l’autre côté et les a mises dans la voiture. Ensuite il m’a aidée à sortir de la chambre. C’est ainsi que nous avons réussi à nous échapper… Après il m’a déposée près de l’hôpital, où je suis restée jusqu’au matin. Il a continué avec les deux autres, qui ont préféré rechercher leurs familles. L’une d’elles est de Koura Hôdè et l’autre de Petêwel… Je lui ai demandé son nom, mais il m’a dit qu’il ne nous aidait pas pour se faire un nom, qu’il nous aidait parce qu’il avait des enfants, lui aussi. Il ne m’a pas dit son nom…

Avant son enlèvement et sa séquestration, Korka était enceinte d’un mois et demi. Dans son cas, c’est deux hommes qui la violaient à tour de rôle. Pendant que l’un tord et maintient ses bras derrière sa nuque, l’autre la viole. Dans les interrogatoires on lui a demandé à plusieurs reprises combien de fois ils l’ont violée. Mais sa réponse a été toujours la même : pendant les trois jours de sa détention, elle ne connait pas combien de fois ils l’ont violée. Et pendant ces trois jours, elles n’ont rien reçu à manger ou à boire.

Ces quatre femmes sont juste un échantillon de très nombreuses victimes, enlevées çà et là, cruellement blessées dans leur corps et leur dignité par des personnes qui sont chargées de les protéger. Et nous savons qu’au moins trois d’entre elles ont été probablement assassinées, d’après ce que l’on comprend du récit de cette victime.

Il faut préciser qu’après ces odieux crimes, les criminels et les autorités locales, dont le gouverneur, ont tenté de les nier, d’intimider les victimes, et même d’escroquer leurs familles. Mais le pire, peut-être, est que ces crimes ont été motivés par les haines ethniques. Avant de saisir leurs victimes, les bourreaux leur demandaient pour qui elles avaient voté ou quelles étaient leurs relations avec le candidat de l’UFDG. Dans l’enregistrement sonore No. 6 (details_sur_les_auteurs_des_viols_et_les_motifs) on entend ceci :

« Il n’y avait aucun Peulh parmi eux… On a demandé à toutes les victimes et elles ont dit qu’il n’y avait aucun Peulh parmi leurs agresseurs. Ceux-ci parlaient tous le malinké, le soussou, ou le français. … Il n’y avait aucun Peulh parmi eux. D’après les victimes, lorsqu’ils les attrapaient, ils leur demandaient d’abord pour qui elles avaient voté. Ils leur disaient : « Tu as voté pour Cellou ou pour Alpha ? » Pour l’autre fille [celle qui a une jambe fracturée], c’est cette question qu’ils lui ont posée en premier lieu. Elle s’est tue. Alors ils lui ont demandé : « Qui est Cellou pour toi ? » Elle a dit : « C’est mon oncle. » Il ne le fallait pas. C’est en ce moment qu’ils lui ont donné un coup de pied qui à cassé sa jambe. »

Les enregistrements sonores, pris pas téléphones, contiennent les explications de la femme qui a accompagné les victimes à Dakar (Mme Barry) et de brefs témoignages de Korka, juste pour la confirmation. Ils offrent tous les détails des faits résumés ici.

La Rédaction de Guineeactu.com

Quelques témoignages sonores :

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konakryexpress

Je revendique le titre de premier clandestin à entrer en Italie, le jour où la mort de Che Guevara a été annoncée. Mais comme ce serait long de tout décrire, je vous invite à lire cette interview accordée à un blogger et militant pour les droits humains qui retrace mon parcours dans la vie: https://fr.globalvoices.org/2013/05/20/146487/

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