Sékou Touré était-il un homme ?

La question à laquelle Almamy Fodé Sylla nous invite à répondre est celle de savoir si Sékou Touré était un homme. Au vu de ses métamorphosas, ses sacrifices humains et sa traitrise envers le peuple de Guinée, ses plus proches collaborateurs et son machiavélisme, il est vraiment difficile de répondre à cette question. Dans ce billet tiré de son livre Itinéraire sanglant, l’auteur essaie de répondre à cette question. 

Chaque lectrice, chaque lecteur doit répondre à cette question. Mais pour aider à cela, nous rappelons quelques faits.

Adopté par M. Félix Houphouët-Boigny qui l’introduisit auprès du Gouverneur de la Guinée, ardemment soutenu par toutes les personnes que son apparence a lourdement trompées, Sékou reçoit de son père adoptif Houphouët 13 000 000 de francs C.F.A. et 15 000 000 C.F.A. du Grand Conseil de l’A.O.F. C’est ce même Houphouët qu’il insultera tous les jours pendant sept ans d’affilée 5.

Il insiste auprès de maints hauts cadres « solidement installés » à l’extérieur à se rendre en Guinée indépendante pour le travail de reconstruction nationale. Oh ! quel stratège ! C’était tout juste entraîner dans son sillage tous les cadres capables de le remplacer un jour, les exploiter en vue de profiter de leurs connaissances, culture et expérience, les éliminer dès que possible après les avoir accusés de complots. Les exemples sont si nombreux qu’il importe de ne signaler que quelques cas :

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Sékou Touré n’avait aucune considération pour l’avenir. Son action pratique en parfaite contradiction avec sa théorie était forcément réactionnaire par rapport à son propre « moi ». Sa vie durant, Sékou a farouchement lutté contre luimême, contre ses propres idées pourtant émises avec éclat. Toutes ses théories, relatives à toutes les situations, sont souvent très « bonnes », très progressistes. Mais étant donné que tout ce qu’il fait doit contredire toutes ces idées « lumineuses », Sékou n’a jamais eu la paix intérieure. La lutte entre ce qu’il est réellement et ce qu’il prétend être, a sous-tendu sa malheureuse vie faite de guerre froide et d’insécurité morale.

Atteint de folie des grandeurs, résultat de son complexe d’infériorité, Sékou n’a jamais accepté ni la dualité ni la contradiction. Toute bonne idée qui vient d’autrui doit être acceptée comme étant le fruit de son contact ou d’un de ses nombreux enseignements. C’est exactement sa pensée à l’égard de toutes les idées qui viennent de ses collaborateurs.

La responsabilité de ces mêmes collaborateurs a été justement cette faiblesse qu’ils ont manifestée en faisant croire à Sékou qu’il n’avait pas de semblable parmi eux ; surhomme, homme extraordinaire, envoyé spécial de Dieu sur terre pour sauver l’humanité de tous ses péchés, soigner tous les maux qui l’accablent, Sékou s’est finalement considéré comme tel et, petit à petit, le mythe grandissant avec le temps et les éloges des journalistes, des artistes, des femmes, des cadres politiques, le petit syndicaliste d’hier, d’une modeste famille de paysans, est subitement devenu le leader le plus écouté, le plus craint, le plus admiré d’un parti qu’il n’a ni fondé ni même dirigé avant 12 ans de l’existence de celui-ci.

Le hasard aidant, les circonstances historiques favorisent son ascension politique considérée comme mystérieuse dans un pays dont les populations, les cadres de tous les secteurs, les hommes politiques, les syndicalistes, se sont valablement imposés en Afrique depuis bien avant la pénétration coloniale et, aussi, depuis la domination française. L’on comprendra difficilement ce qu’un Sékou Touré a bien pu utiliser pour s’imposer à un peuple aussi éclairé que le peuple de Guinée, à des cadres dont toute l’Afrique était fière :

 

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Sékou s’impose également devant trois sommités intellectuelles de l’époque ayant toutes brillamment réussi le diplôme supérieur d’aptitude pédagogique (D.S.A.P.) :

Sékou prévalut face à :

Il triompha plus tard face à la jeune génération, celle de

A toutes ces valeurs, dont la plupart ont été tuées dans les camps de la honte, le peuple de Guinée doit rendre un hommage mérité pour les services rendus au jeune État guinéen, avec foi et confiance en l’avenir, dont Sékou était supposé être la véritable incarnation.

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