Le Lieutenant-colonel Camara Kaba 41, auteur du livre Dans la Guinée de Sékou Touré : cela a bien eu lieu était bien informé sur les faits qu’il raconte dans ce billet car il a servi l’état guinéen dans de hautes fonctions de son administration. Il a approché le tyran et servi à coté du lui. Il connait son caractère et son jugement est d’autant plus crédible. |
On dit que Sékou est d’une grande intelligence. Oui, il est intelligent, c’est un fait ; c’est un fait indéniable si l’on donne à ce mot son sens étymologique ! Mais, selon moi, Sékou n’est pas vraiment intelligent car, chez lui, cette merveilleuse, indispensable faculté de l’esprit est toute tournée vers le mal.
Son appréhension et sa raison sont plus promptes à saisir le mal que le bien, et cela pour s’en servir. Sa faculté d’appréhension est tellement vicieuse que quand elle lui permet de saisir le bien, c’est pour le transformer sur-le-champ en mal, mal qu’il égrène comme un rosaire pour ses mânes avides de sang.
Sékou, Mal, voit le mal partout et en toute chose. Ceux qui connaissent bien cet homme savent que lorsqu’il sourit ou rit, il faut craindre le pire.
Son charme est irrésistible, désarmant ; il ne s’en sert pas seulement pour séduire les femmes mais surtout pour endormir ses victimes.
Quand il vous a condamné à mort, avant de vous voir pris, il vous invite chez lui. Vous jouerez avec lui au damier, vous parlerez de femmes avec lui comme avec un ami intime ; vous mangerez avec lui et c’est à votre départ, sur les marches de son palais, que vous trouverez les baïonnettes flambant la nuit : «Au nom de la Révolution, je vous arrête », vous dira l’officier gendarme qui conduit l’expédition. C’est ainsi, par exemple, que Barry III (leader du Parti socialiste), qui avait délibérément fondu son parti dans celui de Sékou afin que la Guinée fût indépendante, fut arrêté lâchement, lâchement comme toutes les arrestations crapuleuses, grossières, injustes, inhumaines.
Non, Sékou Touré n’est pas vraiment intelligent
S’il l’eût été, il serait devenu l’enfant chéri du monde entier, l’adoré des faibles du globe, le plus envié des chefs d’Etat Noirs, et Conakry, la capitale des Etats-Unis d’Afrique de demain. S’il l’eût été, il n’aurait pas assassiné un Diallo Telli, un Amilcar Cabral, un Bangoura Karim, un Bangoura Kassory, un Achcar Maroff, un M’Baye Cheik, et tant d’autres nobles fils de cette Afrique martyre, car ces hommes n’appartenaient plus à la petite Guinée, mais à l’Afrique entière, à l’universel. Vous êtes d’accord avec moi qu’il n’est pas vraiment intelligent ?
Il est comparable au capitaine d’un bateau qui détruirait lui-même et sa boussole et son gouvernail pendant la tempête.
Sékou, c’est le génie du mal. Il a, en sus de son intelligence maléfique, une mémoire à la Napoléon mais c’est encore pour retenir le moindre mal qu’on lui fait. Si je vous dit que Sékou se souvient des événements qui eurent lieu le jour où il est venu au monde, vous ne me croirez point. Et pourtant c’est vrai.
Pour Sékou, si sa mère est morte en couches, c’est par la faute du docteur accoucheur, le docteur Souleymane Kantara. C’est lui qui a tué sa mère, le rendant orphelin. Il ne lui a ‘jamais pardonné, en dépit du fait que ce dernier fut un grand militant du PDG-RDA et qu’il l’a longtemps hébergé. En 1971, il séquestra pour sept et huit ans, Odette Kantara et Emile Kantara, enfants du feu docteur Souleymane.
La seule qualité de coeur que je reconnaisse à cet homme, si c’en est une, c’est d’ouvrir son coeur grandement aux malheurs des autres pour en jouir. Le moindre succès d’un Guinéen ou d’un chef d’Etat africain, dans quelque domaine que ce soit, le rend malade. Son service de presse à la présidence coche pour lui tout nom guinéen dont on parle avec éloges à l’extérieur du pays. Automatiquement, il l’enregistre sur ses fameuses fiches secrètes. Pour lui, celui-là est un ennemi de la Révolution. Il est horripilé quand on parle en bien d’un Guinéen de l’intérieur ou de l’extérieur. Lui seul est bon Guinéen, il est le meilleur fils de l’Afrique ; c’est lui seul qui porte le pantalon ; par conséquent, on ne doit chanter que ses seules louanges.