La Tanzanie lance une application mobile pour aider les victimes à signaler les violences sexuelles et sexistes

«Orangez le monde», une campagne mondiale des Nations Unies pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes, organise une marche dans le district de Kibondo, région de Kigoma, en Tanzanie le 28 novembre 2017. Photo via ONU Femmes / Flickr, sous licence CC BY ND 2.0.
«Orangez le monde», une campagne mondiale des Nations Unies pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes, organise une marche dans le district de Kibondo, région de Kigoma, en Tanzanie le 28 novembre 2017. Photo via ONU Femmes / Flickr, sous licence CC BY ND 2.0.

Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages web en anglais.

«Le changement commence par moi» est le thème choisi par la Tanzanie pour les 16 jours d’activisme de cette année pour mettre fin à la violence basée sur le genre (VBG). Le thème a été annoncé par Prudence Constantine, directeur de l’unité de communication au ministère de la Santé et du Développement communautaire.

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M. Constantine a expliqué que «le thème est un appel à l’action pour que chacun de nous prenne la responsabilité de mettre fin à la VBG en s’attaquant aux normes sociales persistantes qui dévalorisent les femmes et les filles et en garantissant aux survivantes l’accès à un service de soutien complet».

Cette campagne mondiale annuelle [fr] soutenue par les Nations Unies a commencé le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, et se poursuivra jusqu’au 10 décembre, qui est la Journée des droits de l’Homme. La couleur orange étant le symbole international de la campagne pour mettre fin à la VBG, le thème mondial de cette année est «Orangez le monde : financez, répondez, prévenez, collectez !»

«Alors que les mesures de confinement introduites pour freiner la pandémie de Covid-19 forcent tous les humains à se retrancher dans leurs domiciles, on signale une hausse inquiétante des actes de violence perpétrés à l’encontre des femmes, une violence qui atteignait déjà des niveaux pandémiques.»

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En raison de la pandémie, des restrictions de mobilité, des déserts d’information et l’isolement accru ont conduit à une diminution de 30% des signalements de violence sexuelle et sexiste en Tanzanie, selon Relief Web.

La coalition contre les VBG basée en Tanzanie connue sous le nom de MKUKI a lancé les 16 jours d’activisme en créant une application appelée Taarifa, ou Information, un outil qui offre des informations sur ce phénomène et qui permettra également aux victimes de signaler leurs cas aux autorités.

L’utilisatrice de Twitter Viola Julius explique [original en Swahili]:

MKUKI a lancé aujourd’hui l’application nationale pour la dénonciation de la VBG dans le but d’aider chacun à obtenir des informations sur le phénomène, mais plus encore, pour aider à déposer une plainte sur l’abus subi.

Hon. Dr. Tulia Ackson, la  vice-présidente récemment réélue de la 12e Assemblée nationale, était l’invitée d’honneur du lancement de l’application Taarifa. La vice-présidente a déclaré que l’application était une intervention importante vers l’objectif ultime d’éliminer toutes les formes de violence sexiste. Mme Ackson a déclaré qu’elle espérait que l’application aiderait à lutter contre la stigmatisation qui entoure la dénonciation d’actes de violence entre partenaires intimes, selon le Daily News, un site d’information local.

«Nous sommes tous conscients que la violence sexiste est répandue dans notre société depuis très longtemps, c’est pourquoi diverses interventions sont nécessaires pour l’éliminer», a déclaré Mme Ackson. Cette application mobile [aidera] de nombreuses personnes qui ont peur de sortir et de signaler de tels incidents.»

Pendant les 16 jours d’activisme, la coalition Mkuki est en tournée en Tanzanie pour lancer l’application dans diverses universités de différentes villes.

Des internautes de différentes universités ont partagé des informations sur la visite de Mkuki.

L’utilisatrice de Twitter Holy a rapporté depuis la ville de Njombe :

Le réseau anti-violence en ligne Njombe MKUKI est présent à l’Institut supérieur de santé de Njombe
~ Lancer le bureau du genre
~ Fournir une éducation sur les violences sexuelles
~ Lancer l’application de notification des VBG
#LeChangementCommenceParMoi

Et depuis la ville d’Iringa :

Iringa
L’équipe de Caravan est arrivée à Iringa pour parler aux étudiants de l’Université à propos :
~ des effets de la violence sexuelle
~ de la corruption sexuelle dans les universités
~ de la création d’un bureau du genre
~ du lancement de l’application de notification VBG
#LeChangementCommenceParMoi

Et cet autre utilisateur de Twitter a tweeté de l’Université de Mzumbe :

Aujourd’hui, à l’Université de Mzumbe, une application d’information sur la VBG a été lancée, où les étudiants auront l’occasion de lire les dernières nouvelles, de commenter et de rendre compte de la violence sexuelle.
#LeChangementCommenceParMoi #StopAuxVBG #16Journéesd’Action

L’application est déjà un succès parmi les internautes car ils font campagne pour encourager d’autres à la télécharger.

Téléchargez l’application VBG Info dès aujourd’hui ! Vous pouvez bénéficier d’une formation mais plus encore, vous pourrez signaler lorsque vous êtes victime d’un acte de violence sexuelle. 

Et Mbundi John est intervenu avec un message similaire :

Téléchargez dès aujourd’hui l’application #VBG pour vous informer sur la violence sexuelle. Ce sera une plate-forme pour que toutes les personnes rapportent les différents problèmes de violence sexuelle, discutent et s’informent sur ce sujet dans chaque région du pays. 

L’internaute Careen Joel, journaliste, écrivaine et pionnière du changement social tanzanien, a activement plaidé contre la VBG avec un poème intitulé «Je pleurerais», en l’honneur des victimes de VBG en Tanzanie.

Mme Joel a écrit :

Je dors toujours avec l’espoir d’un lever de soleil changé,
Comme nos jours dans les pins et les mots de miel, 
Quand j’étais ton étoile et non ton sac de frappe.
Même les vents sont étonnés.

Rebeca Gyumi, qui figure sur la liste des 100 femmes de 2020 de la BBC, est inébranlable dans sa mission contre le mariage précoce. Souvent appelées «child brides» (épouses enfants) en anglais, les jeunes filles concernées par cette pratique ne sont pas en mesure de choisir leur partenaire et, par conséquent, ces types d’unions sont considérées comme une forme de violence, chose que ce terme occulte.

Conformément à l’Initiative mondiale Msichana (jeune femme), une organisation non gouvernementale fondée par Mme Gyumi, une table ronde sur la fin du mariage des enfants a récemment été organisée dans la région de Shinyanga. En partenariat avec KIWOHEDE, une organisation à but non lucratif axée sur la santé et les droits des femmes et des enfants, la réunion a ciblé les chefs religieux et a également été suivie par des représentants de l’ONU.

Nous remercions le Commissaire régional de Shinyanga d’avoir participé à notre réunion qui a rassemblé les chefs religieux et traditionnels ainsi que le comité régional de paix pour discuter de leur rôle dans l’élimination des mariages précoces.

Les dirigeants de la région de Kigoma ont également pris part au mouvement national contre la VBG. Un agent de développement communautaire a informé les résidents du quartier de Kibirizi de l’impact de la VBG sur les femmes :

Kigoma Ujiji, agent de développement communautaire s’adressant aux membres de la communauté sur les effets de la VBG sur les femmes pendant les 16 journées d’action contre la VBG à Kibirizi.

La Fondation pour les sociétés civiles en Tanzanie (FCSTZ) s’est également jointe au mouvement en faisant campagne en ligne contre la VBG :

@FCSTZ se joint aujourd’hui aux mouvements, événements et conversations mondiaux qui marquent le début des 16 journées d’action contre la violence basée sur le genre. Nous croyons en cette puissance mondiale contre les #VBG

Le FCSTZ a souligné que l’un des facteurs qui mettent les femmes et les filles en danger est la masculinité toxique.

Les systèmes patriarcaux de la société exposent les femmes et les filles à des risques de violence sexuelle. #EnsembleNousPouvonsMettreFinAuxVBG #16Jours #16Journéesd’Action #LeChangementCommenceParMoi

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Ce post que j’ai traduit de l’anglais en français a été écrit par la poétesse tanzanienne Susie Berya, plus connue sous le nom de Nasikiwa Susie, pour globalvoices.org qui l’a publié le 7 décembre 2020.
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