Selon des informations que j’ai reçues de Guinée, les forces sensées protétéger les citoyens continuent à etre leur principale source de mauvais traitements, de viols et d’assissinats.
Le seul recours c’est la communauté internationale. A cet effet, le Haut Commissariat des Nations Unis sur les droits de l’homme (HCDH) qui a ouvert un bureau à Conakry pour suivre l’évolution du respect des droits des citoyens lors de la transition a déposé un rapport intérimaire accablant contre les forces de sécurité suite aux violences qui ont endeuillé le pays depuis la proclamation des résultats transitoires de la CENI.
Selon Rupert Colville le porte parole de l’HCDH, depuis Génève, les forces de l’ordre – gendarmes, bérêts rouges, policiers – ont tabassé, arreté et tiré à bout portant sur des manifestants désarmés dans plusieurs endroits de la ville de Conakry. Cela en pleine vue des observateurs des droits de l’homme et des journalistes internationaux.
Le HCDH cite des exemples spécifiques d’assassinats:
· le 15 novembre dans le quartier Koloma, des citoyens ont vu les agents de la FOSSEPEL tirer à bout portant sur un homme de 32 ans alors qu’il quittait sa maison. Selon les témoins, le gendarme a visé soigneusement pour achever le citoyen qui était déjà à terre.
· le 16 novembre, un citoyen de 29 ans a été tué dans le quartier Cosa. Selon des témoins la victime était en train d’aller chercher de l’eau quand des agents de la FOSSEPEL descendirent d’une pick-up et l’ont abattu. Les témoins ont affirmé que les agents lui ont tiré sur la nuque et le citoyen est mort sur le champ.
· le 17 novembre un garcon de 16 ans à Bambéto I a été tué par un béret rouge. Le soldat qui vivait dans le quartier aurait ouvert le feu sur un groupe de personnes et les aurait ciblé du fait de leur appartenance ethnique. La balle est rentrée par la nuque du garcon et ressortie par le visage.
· le 17 novembre dans le quartier Hamdallaye Pharmacie des policiers auraient crié sur la foule: “nous allons tué tout le monde !” et sont descendu de la pick-up, arrétant une personne agée de 18 ans pour la battre avec les crosses de fusils. Un soldat a exécuté la victime sur la nuque en présence de plusieurs témoins occulaires. Les agents ont ensuite menacés les témoins avec leurs fusils avant de quitter en trombe pour une destination inconnue.
Les agents du HCDH ont aidé les familles a transporter les corps des victimes à la morgue.
En plus d’assassinats selon les témoignages concordants que le HCDH a recuilli, le 15 novembre les gendarmes de la FOSSEPEL ont pillé des maisons privées dans les quartiers de Hamdallaye, Cosa et Bambeto et ont tiré sur 4 jeunes agés entre 18 et 30 à l’intérieur de leurs maisons. D’autres agents ont tiré sur des jeunes qui étaient de passage dans la rue Route du Prince à Hamdallaye tandis qu’à Taouyah, c’est un bébé de 15 mois qui dormait dans son berceau qui a été blessé par des balles perdues.
Le HCDH a aussi obtenu des rapports de bagarres intercommunautaires entre jeunes et dans certaines de ses bagarres, les agents de la FOSSEPEL ont pris parti contre un groupe au lieu de séparer les protagonistes.
Selon l’Agence France Presse, des viols sont signalés dans la ville de Labé ou des agents de la FOSSEPEL aurait enlevés des jeunes filles et les aurait violées à tour de rôle. Certaines de ces victimes sont toujours à l’hopital préfectoral.
D’autres organismes de défense de droits de l’homme doivent remettre leur rapports cette semaine ce qui explique en partie selon des observateurs, l’empressement du gouvernement à annoncer des arrestations d’éléments « incontrolés » dont certains ont été présentés hier et fouettés publiquement – en violation de leurs droits élémentaires – par le gouverneur de la ville de Conakry. « C’est un premier pas, d’annoncer des coupables présumés mais insuffisant. Le gouvernement doit commencer depuis les troubles de Siguiri et Kouroussa en octobre s’il veut être pris au sérieux » estime un militant international des droits de l’homme qui suit de près les évènements de Guinée.
Ces rapports embarassent au plus haut point la communauté internationale qui a formé, financé et équipé les forces de stabilisation des élections FOSSEPEL. Maintenant plusieurs organismes internationaux prennent leurs distance avec les autorités guinéennes face à la violence politique à laquelle plusieurs Guinéens sont malheureusement habitués.
Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme est le principal responsable des droits de l’homme des Nations Unies. Il a pour mandat unique, celui de promouvoir et protéger tous les droits de l’homme et a écrit plusieurs rapports dénoncant les violations des droits de l’homme en Guinée et dans le monde.