Le Comité pour la protection des journalistes a présenté son rapport 2010 sur les attaques contre la presse dans le monde.
Riz Khan, le présentateur de «Riz Khan » et de «Riz Khan’s One on One» sur Al-Jazeera English, en a fait la préface. D’après lui les nouvelles technologies de l’information sont une arme à double tranchant car si d’un coté elle rendent la vie des journalistes bien plus aisée, de l’autre elles exposent les journalistes aux représailles et aux intimidations de la part de ceux qui veulent contrôler le flux de l’information.
Il rappelle que même dans les pays les moins avancés, où les infrastructures simples « telle que la route pavée reste un luxe, l’accès aux téléphones mobiles, la portabilité des systèmes de radiodiffusion par satellite, la croissance des plates-formes de livraison et la popularité des chaînes d’informations 24h/24 permettent à des centaines de millions de personnes d’écrire instantanément des articles depuis leurs foyers. »
Il ajoute qu’un reportage est difficile à manipuler lorsque l’information peut être diffusée à la télévision, la radio et le Web avant que la censure « ne puisse mettre la main sur le message. Alors quelles sont les options, si ce type de reportage doit être arrêté? »
C’est pour cela qu’à travers le monde, « l’intimidation est devenue l’outil de choix: effrayer les journalistes afin qu’ils restent loin de l’actualité; s’assurer qu’ils comprennent que leur ingérence n’est pas la bienvenue. Quelques cadavres sur la route feraient l’affaire.
Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ a fait l’analyse du rapport pour ce qui concerne l’Afrique sub-saharienne.
Il constate qu’à travers l’Afrique, les gouvernements criminalisent le journalisme d’investigation. Il écrit:
À travers l’Afrique, l’émergence du journalisme d’investigation et l’absence de lois effectives sur l’accès à l’information ont établi une trajectoire de collision dans laquelle les autorités, déterminées à voiler leurs activités, opèrent agressivement pour démasquer les sources confidentielles des journalistes et criminaliser la possession de documents administratifs divulgués dans la presse. Du Cameroun au Kenya, de l’Afrique du Sud au Sénégal, les représailles gouvernementales ont abouti à des emprisonnements, à des actes violences, à des menaces et au harcèlement judiciaire. Au moins deux décès suspects, notamment ceux d’un directeur de publication et d’une source confidentielle, ont été signalés sur fond de représailles gouvernementales contre le journalisme d’investigation ».
M. Keita ajoute entre autre que:
« Le journalisme d’investigation se focalise sur la gouvernance à la base, telles que la prestation des services publics et l’utilisation des deniers publics. Lorsque la presse découvre une malversation, c’est une question sensible pour les gouvernements dépendants de l’aide et des investissements étrangers. Les récentes révélations de corruption au Sénégal, par exemple, ont fait que le pays a considérablement régressé dans l’Indice de perception de la corruption de Transparence International ces deux dernières années.
Selon lui, les bailleurs internationaux internationaux de fonds, loin de voir les révélations de la presse comme négatives, « estiment que la publication d’informations sur la gestion gouvernementale comble le vide en matière de communication de données officielles. Même lorsqu’un pays souffre des conséquences négatives à court terme d’un article critiquant sa gestion, disent-ils, il a l’avantage d’être perçu comme une nation ayant une société transparente et une presse qui permet de contrôler le pouvoir ».
Malheureusement les dernières informations du Comité de protection des journalistes semble avoir oublié la Guinée, bien que l’année 2010 ait été difficile même pour les médias, bien que le CNT ait approuvé deux lois dont celle décriminalisant la diffamation par voie de presse accueillie favorablement par les militants pour la liberté de la presse.
Pour plus d’information voir: http://cpj.org/fr/2011/02/attaques-contre-la-presse-en-2010-analyse-afrique.php#more