A l’occasion de la Journée mondial du réfugié, qui est célébrée chaque année le 20 juin depuis l’adoption d’une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU en décembre 2000, le HCR a publié une pétition, #Aveclesréfugiés, pour demander aux gouvernements d’assurer que :
- chaque enfant réfugié soit scolarisé;
- chaque famille réfugiée puisse vivre en lieu sûr;
- chaque réfugié puisse travailler ou acquérir de nouvelles compétences afin de contribuer à sa communauté.
La pétition #Aveclesréfugiés sera remise au Siège de l’ONU avant l’Assemblée générale des Nations Unies le 19 septembre 2016.
Alors que des états parmi les plus riches érigent des murs pour interdire aux réfugiés l’accès à leur territoire, il y a des pays africains, comme l’Ouganda, qui les accueillent à bras ouverts et leur assurent tout ce que cette pétition demande.
Lors de mon récent séjour dans ce magnifique pays que Winston Churchill avait qualifié de perle de l’Afrique, j’ai pu parler avec des réfugiés vivant à Kampala. Nadine, une dame de la République démocratique du Congo, vendeuse de pain au Village Mall de Bogolobi, m’a dit combien elle se sentait bien dans ce pays et qu’elle n’avait eu aucune difficulté car son employeur cherchait exactement quelqu’un qui parlait d’autres langues que l’anglais.
Voici un article que j’ai écrit pour la plate-forme fr.globalvoices.org sur la politique ougandaise en ce qui concerne les réfugiés. La révision a été faite par mon ami Lova.
Les 6000 délégués en provenance de 135 pays, qui ont participé au premier sommet humanitaire mondial, tenu à Istanbul, en Grèce, du 23 au 24 mai, auraient pu difficilement aller au-delà d’un catalogue de bonnes intentions. Mais, ce sommet aura été l’occasion de rappeler que ce que font certains pays est remarquable. Et pourtant les médias internationaux ne le mentionnent que rarement, en matière d’accueil et d’intégration des migrants. Parmis eux, l’Ouganda a été une des vedettes du sommet de par sa politique d’accueil des réfugiés.
Lors de la réunion préparatoire régionale du premier sommet humanitaire mondial, qui s’était tenu à Kampala, le Premier Ministre ougandais Apolo Nsibambi avait indiqué aux participants:
« qu’il était inacceptable que l’Afrique indépendante des puissances coloniales européennes depuis plus de 50 ans continue à être le plus important générateur de réfugiés et de déplacés internes. « L’incapacité à protéger et assister efficacement ainsi qu’à trouver des solutions en temps voulu aux problèmes ayant créé ces situations de déplacement pose une menace majeure sur le développement de l’Afrique… et a de sérieuses conséquences pour sa paix et sa stabilité »
Lorsqu’il prononçait ces mots, il savait de quoi il parlait car son pays, ayant comme voisins des foyers d’instabilité et de guerres, accueille 700 000 réfugiés, dont des soudanais du sud, des somaliens, des burundais, des rwandais et des congolais.
Malgré ce nombre élevé de réfugiés, la politique ougandaise en matière de réfugiés est appréciée de ses partenaires. Le camp de Nakivale, créé en 1958 pour accueillir des tutsis fuyant la révolution hutu dans leur pays, se trouve à 6 heures de route de Kampala, la capitale ougandaise. Il s’étend sur une superficie de plus de 184 km² sur une zone couvrant un lac, des collines, de nombreux cours d’eau et des champs fertiles, selon le site caritasgoma.org qui nous informe que:
“Le modèle de l’Ouganda est presque unique en ce qu’il accorde aux réfugiés”. Selon les observateurs, ce qui rend l’Ouganda unique, c’est la prise en charge immédiate des réfugiés et l’aide qui leur est apportée. “En Ouganda, les réfugiés ont la possibilité de contribuer à l’économie locale”, affirme un des porte-parole du HCR.
Le chercheur M. Will Jones du Centre d’études sur les réfugiés de l’université d’Oxford, a visité ce camp, il y a 3 ans. Il le décrivait ainsi sur le site fmreview.org:
Il ne s’agit pas du ghetto surpeuplé généralement représenté dans les médias. Nakivale est une confédération de villages autosuffisante grâce à ses activités de culture agricole et d’élevage, qui produisent même un surplus exporté hors de ses limites. Bien que le camp de Nakivale se trouve au milieu de nulle part, il n’est en aucun cas isolé des activités culturelles, sociales et économiques: on y trouve des marchés, plusieurs cinémas et d’innombrables smartphones, qui signalent que la population tire avantage de l’antenne de téléphonie mobile érigée au centre du camp.
Pas uniquement de l’agriculture de subsistance
Les Ougandais qui achètent les récoltes se rendent régulièrement dans les sites d’installation et repartent avec des camions remplis de produits de Kyangwali, destinés au marché de la ville d’Hoima. Les chercheurs ont interrogé un commerçant d’Hoima qui a déclaré avoir acheté près de 500 tonnes de maïs et de haricots aux réfugiés l’an dernier, soit environ 60 pour cent de son stock. Il a vendu le maïs dans d’autres régions de l’Ouganda, mais aussi à l’extérieur du pays ; en Tanzanie et au Soudan du Sud.
Aujourd’hui, les agriculteurs de Kyangwali tentent de supprimer les intermédiaires en vendant directement leurs produits sur le marché, par le biais d’une coopérative de plus de 500 membres qui comprend des agriculteurs ougandais des villages locaux. La coopérative des agriculteurs progressistes de Kyangwali (Kyangwali Progressive Farmers) est une société de capitaux qui signe aujourd’hui des contrats pour vendre les produits directement aux industriels.
Dans le village de Rwamwanja, un programme d’épargne et de prêt, appelé Solo Effort, a été mis au point pour aider les réfugiés et les nationaux à faire de l’élevage ou à créer d’autres types d’entreprises. Initié il y a deux ans, il compte 139 membres. Dans cette vidéo, Mme Rebecca, une des membres explique comment grâce à ce programme elle a réussi à sortir de la pauvreté:
Cependant, les difficultés ne manquent pas dans l’application de cette politique d’accueil et d’intégration des réfugiés. A titre d’exemple, le site caritasgoma.org, déjà cité, signale:
Le gouvernement soutient que ces terres avaient été prévues pour les demandeurs d’asile. Dans un pays qui a l’une des populations les plus jeunes et les plus dynamiques dans le monde, l’accès la terre est un défi auquel doivent faire face les politiques de réfugiés en Ouganda. Mais pour l’instant, le gouvernement et les populations locales sont déterminés à prendre soin de ceux qui sont dans le besoin et de la meilleure façon possible.
Pour que cette politique continue à être praticable, il faudrait que les autorités d’une part associe les populations autochtones riveraines des camps aux programmes mis en places pour les réfugiés, mais aussi que ces politiques leur soient largement expliquées pour éviter les malentendus, souvent générateurs de conflits.