Dans une situation d’instabilité politique dans laquelle une dictature sanguinaire tente de s’imposer à la volonté populaire, la radio/tv joue un rôle primordial. Les journalistes en devenant des griots, chanteurs de louanges non mérités, peuvent transformer des dictateurs qui ont commis les pires crimes contre l’humanité en héros nationaux qui ont toujours raison contre des ennemis imaginaires locaux et qui sont victimes de l’incompréhension de la communauté internationale. Ils se posent en victimes comme en Guinée d’un complot contre la nation orchestrée par HRW, ONU, UA, UE etc. C’est ce rôle que les autorités de facto en Guinée ont voulu faire jouer à M. Fodé Tass Sylla Rédacteur en chef du journal télévisé à la station de a RTG de Koloma, située en face de l’ambassade des USA dans la banlieue de Conakry. Devant son refus, il a été mis tout simplement à l’écart. Le 8 janvier dernier, dans une interview accordée à Camara au populaire site guineenwes.com: « En ces temps de crise dans le pays, je refuse de jouer à l’aboyeur public ! »
Tass, comme l’appelle ses amis, a aussi fustigé le comportement de certains sites web qui n’hésitent pas à chercher à verser de l’huile sur le feu des divisions ethniques, en utilisant des propos qui rappellent ceux de la tristement fameuse « Radio des Milles Collines de Kigali » en 1994:
« Je lis certains sites internet que je qualifie d’ailleurs de ‘’Mille Collines’’, tellement la haine y est effarante. Quelque soit l’argument que ces auteurs emploieront, si un seul de leurs mots fait brûler le pays, pour quelque raison que ce soit, c’est irresponsable et condamnable devant l’Histoire. En intellectuel, je ne le ferais jamais.
Je ne suis pas là à juger en tant que journaliste : le journaliste n’est pas gendarme. Je ne suis pas là à prendre cause, le journaliste n’est pas militant, je ne suis pas là pour défendre quelqu’un, le journaliste n’est pas un mendiant ni un griot encore moins un commerçant. Je suis là à voir et à choisir la Guinée, d’une manière claire et responsable.
Et c’est ce que je subis comme cela, aujourd’hui. Je ne vois que la Guinée, professionnellement, et j’ai des cornes pour ça, je suis têtu pour faire valoir cet idéal. Je vois la Guinée. Parce que quand elle tangue et tombe, ce sont mes oncles, mes tantes, mes pères et mes cousins qui porteront leurs matelas sur la tête et TV5 les films pour les exhiber à la face du monde entier. Je ne veux pas de cela.
Je ne veux être ni bourreau ni victime. J’aiderai la Guinée à aller à l’apaisement par mes petites capacités. Quand je vois certains se cogner en disant que : « tel est plus beau, tel est vilain… », je les vois puérils, irresponsables. Parce que si le pays brûle, cette plume du journaliste ou de tout autre auteur du feu devait être jugée au tribunal de la Hayes, un jour. Mais comme à l’heure de l’électronique, les documents ne disparaissent pas, on photocopiera beaucoup de documents pour la CPI (Cour Pénale Internationale) demain. Et je ne souhaiterais pas figurer sur cette liste honteuse et irresponsable. »