Champion en comédie, Dadis Camara pensait que sa version des faits était valable pour tout le monde. Mais c’était sans compter avec ces ONG trop curieuses et tetues qui ne reculent devant aucun dictateur pour révéler ce que celui-ci voudrait ne pas faire savoir.
Le rapport de Human Rights Watch publié ce jeudi est accablant pour la junte au pouvoir en Guinée : après avoir recueilli les témoignages de 240 personnes, l’ONG révèle ses conclusions sur les responsabilités dans les événements du 28 septembre. Elle confirme Elle estime qu’entre 150 et 200 personnes ont été tuées et qualifie le massacre de “crime contre l’humanité”.
Jean-Marie Fardeau, directeur France de HRW, déclare sur France24 « la manière dont les militaires sont arrivés au stade, dont ils ont encerclé le stade, leur niveau d’armement, et le fait qu’ils aient tiré immédiatement sur la foule sans sommation » montrent que la tuerie a été planifiée « peut-être quelques heures avant ». HRW affirme avoir en main « des témoignages confidentiels de militaires qui confirment que des corps ont été dissimulés, jetés dans des fosses communes, et que les morgues ont été contrôlées par les militaires ».
Le rapport pointe le doigt sur cinq personnes : Dadis Camara, est « clairement celui qui a ordonné aux bérets rouges de se rendre au stade », estime Jean-Marie Fardeau. Son aide de camp Aboubacar Toumba Diakité « a ouvert la garde présidentielle à l’entrée du stade. Il était directement impliqué. Quoi qu’il ait dit ces derniers jours », affirme le directeur France de HRW. L’ONG pointe également la responsabilité du commandant Moussa Tiégboro Camara (sans lien de parenté avec le chef de la junte), du chauffeur de Dadis Camara, Marcel Kuvugi, ainsi que du capitaine Claude Pivi, dit Coplan, le commandant le plus haut gradé de la force des Bérets rouges, qui « a joué un rôle dans les suites du massacre, en pourchassant les leaders de l’opposition ».
Interrogé par FRANCE 24, le porte-parole de la junte au pouvoir, Idrissa Chérif, rejette le rapport de HRW, estimant que l’ONG n’a pas collaboré avec la commission d’enquête de la junte. « Ils doivent s’en remettre à la sagesse de la commission d’enquête internationale que nous avons essayé de mettre sur pied, et attendre les résultats de la commission avant de condamner. C’est injuste et pas approprié. Nous appelons à la retenue. »
http://www.france24.com/fr/20091217-human-rights-watch-camara-toumba-responsabilite-massacre-28-septembre-guinee?autoplay=