Guinée: #‎TouchePasAmaSoeur‬, le combat de tous les guinéens

J’ai le plaisir de partager avec vous, cher lecteurs le le dernier article que j’ai écrit pour le réseau globalvoices.org sous le titre de Les guinéens se rassemblent contre le viol lors des manifestations #‎TouchePasAmaSoeur‬.

Il a été révisé par mon ami Lova Rakotomalala, responsable de la publication des contenus en français concernant l’Afrique de notre réseau.

Bonne lecture

« Touche pas à ma sœur », les Guinéens marchent contre les violences sexuelles via Facebook – Les Observateurs

Le premier week-end du mois de novembre 2015, la blogosphère guinéenne s’élève  d’une seule voix à cause d’une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montrant une scène qui semble celle d’une tentative de viol.

Ensuite, une marche organisée par des organisations de la société civile contre les viols et les violences faites aux femmes a eu lieu à Conakry, le 3 novembre 2015. Dans une société conservatrice comme celle de la Guinée, le viol et autres violences envers les femmes sont couverts d’un voile hypocrite, qui force les victimes à cacher ce qu’elles ont subi.

Tout est parti d’un appel lancé par Mme Fatou Baldé Yansane sur sa page Facebook, le 31 octobre:

« Ça n’arrive pas qu’aux autres. 75% des filles sont victimes de tentative ou de viol entre 8 et 20 ans. Dans la zone spéciale de Conakry, on estime à 96% de femmes victimes des violences basées sur le genre. Ces chiffres proviennent d’une étude multi sectorielle PNUD, autorités policières et judiciaires de guinee sur une durée de trois ans. »
Le site gnakrylive.com, nous présente les faits:

Ce mercredi 28 octobre matin, un vidéo amateur du viol d’une jeune fille a fait le buzz sur  les réseaux sociaux. Sur la vidéo, on voit une fille entrain d’être menacée avec un couteau. Celui qui filme la scène semble être, son violeur. Ce dernier, intime à la fille d’enlever son c*****n. On voit la victime s’exécuter et se mettre à p***. 

Informé de l’intention de ces organisations de la société civile de marcher, les membres de l’association des blogueurs de Guinée, @ablogui, ont vite commencé à réagir, d’abord, individuellement, comme cireass sur son blog Rivières du sud, ayant comme sous-titre Un œil sur la Guinée, du réseau francophone mondoblog.org:

Aujourd’hui, les violences sexuelles en Guinée ont un visage [faisant allusion à l’accusé du viol en question dans la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux]…

Nous devons soutenir cette victime présumée dont nous n’avons pas forcément besoin de connaître la personnalité. Nous devons la soutenir parce qu’en Guinée des femmes sont souvent violées dans l’impunité totale. Oui, nous devons la soutenir parce que nous avons des mères, des jeunes et grandes sœurs, des tantes, des nièces, des cousines, des amies et des femmes ou des petites amies que nous aimerions être en sécurité. 

Nous devons soutenir cette femme parce que les relations sexuelles doivent être un plaisir partagé entre les deux partenaires. Pour la première fois, il faut que ces hommes comprennent que le sexe ne se force pas mais plutôt se négocie, et qui parle de négociation s’attend à des réussites et/ou à des échecs. 

Bien informé du point de vue juridique, cireas souligne que le viol n’est pas une mince affaire et cite l’Article 321 du code pénal guinéen qui assimile la tentative de viol au viol, lui-même:

Le viol n’est pas une petite infraction. Selon l’Article 321 du Code pénal, « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte ou surprise, constitue un viol. Le viol sera puni de la réclusion criminelle à temps de 5 à 10 ans. Toutefois, le viol sera puni de la réclusion criminelle à temps de 10 à 20 ans lorsqu’il aura été commis soit sur une personne particulièrement vulnérable en raison d’un état de grossesse, d’une maladie, d’une infirmité ou d’une déficience physique ou mentale, soit sur un mineur de moins de 14 ans, soit sous la menace d’une arme, soit par deux ou plusieurs auteurs ou complices, soit par un ascendant légitime, naturel ou adoptif de la victime ou par une personne qui a abusé de l’autorité que lui confèrent ses fonctions. La tentative de viol sera punie comme le viol lui-même. »

Ensuite, Alfa Diallo, un des membres fondateurs de l’Association des blogueurs de Guinée (@ablogui), comme cireas, a de son coté, publié cet appel sur Facebook adressé à toute notre communauté:

Des activistes de la société civile guinéenne ont décidé de ne pas laisser cet acte impuni. Ils ont accompagné la victime à la police pour porter plainte et projettent une manifestation.
Mais vu que le présumé coupable n’a pas été arrêté, les risques que les autorités abandonnent l’affaire, s’il n’y a pas de pression, sont bien réels.

Je propose donc qu’Ablogui, en tant qu’organisation citoyenne, se joigne aux autres organisations pour maintenir la pression sur nos autorités notamment sur internet.
Cela passe d’abord par la création d’un hashtag puis une campagne sur les réseaux sociaux.

Poster pour dénoncer les violences sexuelles via Alfa Diallo avec permission
 Après un bref débat, les membres d’ablogui ont adopté le hashtag qu’ils ont utilisé principalement sur Twitter et Facebook:

#‎TouchePasAmaSoeur‬ est le hashtag retenu pour la campagne contre les violences faites aux femmes en général et pour l’arrestation du violeur…Place à Twitter!

D’autres hashtags ‪#‎NonCNon‬, ‪#‎HalteAuViol‬ ‪#‎LaPeurDoitChangerDeCamp‬,‪#‎TamsirMostGoToJail‬, etc.. ont été utilisés.

Parlant du supposé coupable, Kindy Dramé, pour éviter toute confusion avec le groupe musical dont il a fait partie dans le passé, est soucieux de préciser:

Abdouraim Bah a partagé la publication de Ousmane Fédérateur Guinée Yattara sur sa page Facebook, dans laquelle on peut lire:

Nous savons tous qu’elles sont nombreuses à subir quotidiennement les agissements de cette société injuste. Nous vivons dans une societe où il y’a bcp de facteurs rétrogrades et où les femmes ont peur de decrire certaines mésaventures  Cette histoire serait certainement méconnue si ce criminel n’avait été aussi sûr de lui [jusqu’à filmer et publier la scène]. Les guinéens doivent soigner leur société. 28 septembre fut le résultat d’une impunité érigée en mode de gouvernance et de l’absence d’une éducation qui prend en considération la dignité et de la vie humaine

Cette marche contre les viols et les violences faites aux femmes, une première en Guinée, doit marquer un virage dans l’approche à ce grave problème.
Des campagnes de sensibilisation et d’information doivent avoir lieu régulièrement partout: écoles, armées, police, à la TV, sur les radios et en ligne. L’état guinéen doit mettre fin à impunité qui les accompagne en appliquant les lois prévues qui considèrent les crimes et délits contre les personnes en comme étant un crime contre l’humanité.
 Après la marche le débat a continué au sein des différents groupes sur Facebook et plusieurs messages continuent à être publiés sur Twitter.

N’empêche que son stage ait pris légalement fin, la victime reste toujours sous le coup d’une double peine : le regard de la société, très difficile à porter. Il y a toujours lieu de faire une campagne dans ce sens, essayer par exemple de lui trouver une bourse à l’étranger pour qu’elle ait un avenir serein. Ablogui peut appuyer cette demande avec l’appui de ses partenaire. Kouyah Kouyate
Vos avis, svp !

 Répondant à une interrogation du Président d’ablogui, Kouyah Kouyate, le membre Solo Niaré relève que sur le plan légal:
c’est méconnaitre l’état d’esprit d’une victime d’agression sexuelle en général. Elle n’entreprendra aucune initiative, si tu veux bien savoir. C’est à nous d’aller très vite vers elle. Renseigne-toi, stp, sur la psychologie des victimes de viol, que ce soit en Afrique ou ailleurs, c’est pareil. Elles se recroquevillent sur elles-mêmes et, au final, tombent dans un trouble aux conséquences très graves.
Moi, ce que je dis, si on veut participer à sa réhabilitation ou la sauver en un mot, c’est de prendre cette initiative car nous sommes les mieux placés pour l’instant à le faire.
Les violences à l’égard des femmes est un phénomène mondial, le site de « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes« , créé par les Nations unies en 2008, citant la Banque mondiale, fait savoir que « le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand pour une femme âgée de 15 à 44 ans, que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis. »
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