En janvier 2016, j’avais écrit un billet intitulé Ebola: Nous exigeons un audit sur l’utilisation des dons reçus pour combattre le fléau, invitant le gouvernement à satisfaire la curiosité des guinéens sur la manière dont les importantes sommes et les dons en nature reçus ont été utilisés. En février 2015, l’ONG Transparency International avait déjà invité les pays concernés et les Nations Unies à effectuer un audit complet de tous les dons internes et externes fournis pour combattre le fléau. L’ONG partait de la constatation que des systèmes de gouvernance peu efficaces avec un niveau élevé de corruption dans ces trois pays pouvaient créer de nombreuses opportunités pour l’abus de pouvoir, la corruption et les actions contraires à l’éthique. »
En Sierra Leone, selon un article du site guineenews.org, citant « les conclusions du rapport d’audit du bureau du vérificateur général de la Sierra Léone « L’audit dévoile des stratagèmes classiques de détournement des fonds publics: fausses factures, sur-facturations, services payés non rendus, bien achetés non livrés ou livrés en deçà de la quantité ou qualité promise. » Ces pratiques ont conduit à la disparition de sommes colossales de plusieurs manières. La somme de 5 millions de dollars auraient disparu au niveau de la présidence et du bureau de la première dame, sans une justification claire.
Au Liberia aussi, la General Auditing Commission (GAC) a examiné la manière dont les dons ont été utilisés. Dans mon article cité plus haut, j’avais repris un passage du rapport, dont le lien sur Internet a été cassé, qui révélait une utilisation de 800 000 dollars qui sans la transparence nécessaire.
Malheureusement, en Guinée, jusqu’à présent, aucune initiative n’avait été entreprise pour faire savoir aux citoyens comment avait été utilisé que l’argent destiné à la lutte contre le virus Ebola. Il aura fallu que la Fédération des guérisseurs traditionnels porte plainte pour pour que l’on commence à en parler.
Voici un article de la radio la Voix de l’Allemagne nous présentant l’affaire.
- Date 14.06.2016
- Auteur Carole Assignon
Début de l’article: Des fonds pour la lutte contre Ebola détournés en Guinée?
529 millions de francs guinéens, soit environ 60 000 euros… En Guinée un membre de la Coordination nationale de la lutte contre l’épidémie Ebola est accusé d’avoir détourné cette somme.
L’argent devait servir notamment à la formation des tradipraticiens dans la lutte contre Ebola. Un projet qui avait été validé et financé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais en Guinée comme ailleurs, qu’on fasse cas de détournement de fonds destinés à un projet dans le domaine de la santé n’est malheureusement pas une première.
Que ce soit au Cameroun, au Niger ou au Burkina, pour ne citer que ces pays, des affaires de détournement de fonds dans le domaine de la santé sont souvent révélées notamment par la presse. Il s’agit généralement d’argent accordé par l’Organisation Mondiale de la Santé pour la lutte contre des maladies comme le Sida, le paludisme ou la tuberculose.
Dans le cas précis de la Guinée, c’est dans le cadre de la lutte contre Ebola que des responsables de la coordination de cette lutte sont mis en cause. Selon la Fédération des guérisseurs traditionnels qui a porté plainte en octobre 2015 quelque 529 millions de francs guinéens, soit environ 60 000 euros avaient été débloqués pour les former sur les dangers liés au virus Ebola. Une formation qui n’a jamais été organisée selon la Fédération alors que le projet avait été validé et financé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une enquête, puis un procès pour acquisition d’avantages illicites s’ouvrent.
Le Coordinateur national de la lutte contre l’épidémie, le Dr Sakoba Keita et son adjoint sont entendus comme témoins. Le Dr Sakoba Keita que nous avons joint assure qu’il y a bien eu formation et dit s’en remettre à l’enquête du procureur qui a requis dix-huit mois de prison fermes contre le principal accusé dans l’affaire et 5 ans de prison contre un employé du ministère de la Santé.
Pour approfondir:
Ebola: Nous exigeons un audit sur l’utilisation des dons reçus pour combattre le fléau