En Guinée, plus d’une fillette sur cinq se marie avant l’âge de 15 ans

La Guinée est parmi les cancres du monde en matière de respect des droits des enfants.  L’ONG internationale Human Rights Watch vient de publier un rapport accablant pour notre pays et pour l’Afrique, intitulé Afrique : Permettre à toutes les filles d’accéder à l’éducation, qui illustre le retard des pays africains en matière d’exclusion des filles. Ceci est du au fait que de nombreuses filles « n’ont pas reçu les informations qu’il leur fallait pour prendre des décisions avisées relevant de leur sexualité, du planning familial ou de leur santé reproductrice ».
Selon un autre rapport, celui-ci de l’ONG « Filles, Pas Epouses » regroupant plus de 700 organisations de la société civile dans 90 pays, sur les 10 pays où les filles se marient le plus tôt dans le monde, 6 sont francophones. Parmi ces 6 pays, la Guinée est 5ème. D’après ce rapport dans notre pays, plus d’une fille sur 5 se marie avant ses 15 ans. Bien que la Guinée, à l’instar des autres pays africains, se soit engagée à atteindre les Objectifs de développement durable de l’ONU en termes d’ égalité des genres et d’accès gratuit à l’enseignement primaire et secondaire pour tous les enfants d’ici 2030, elle est parmi les derniers en matière d’éducation des filles. 
 Dès le mariage ces enfants sont poussées à enfanter, souvent avant que leur corps ne soit en mesure de supporter une grossesse. Ce sont des milliers de gosses qui quittent l’école, privées ainsi de la pleine éclosion de leurs capacités intellectuelles. Cette situation est due à plusieurs facteurs d’ordre culturel, qui prendront du temps pour s’adapter aux changements d’une société dynamique et qui aspire à être moderne.
 
En attendant nous pouvons agir en informant les jeunes sur la procréation pour que chaque adolescent, fille ou garçon, soit en mesure de choisir quand avoir un enfant.

Dans de nombreux pays du continent africain, des millions d’adolescentes enceintes et mariées se voient refuser l’accès à l’éducation à cause de politiques et de pratiques discriminatoires, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui, à l’occasion de la Journée de l’enfant africain. Plus de 49 millions de filles sont privées de l’enseignement primaire et secondaire en Afrique subsaharienne, dont 31 millions pour le secondaire, ce qui porte atteinte à leurs droits et restreint leurs opportunités.

Le mariage précoce et la grossesse des adolescentes font partie des causes principales de ce problème. En Afrique subsaharienne, 40 % des filles se marient avant leurs 18 ans. Parmi les 20 pays du monde ayant le plus fort taux de mariage des enfants, 15 se trouvent sur le continent africain. La région est aussi celle où on compte le plus de grossesses à l’adolescence. Dans 14 pays subsahariens, on dénombre entre 30 et 51 % des filles qui enfantent avant d’atteindre 18 ans. Des croyances culturelles ou religieuses stigmatisent souvent les filles célibataires enceintes, ce qui fait que beaucoup de filles enceintes sont forcées de se marier précocement.

« Le continent africain affiche l’un des taux de grossesse adolescente les plus élevés du monde, pourtant de nombreux gouvernements persistent à traiter ce problème de société et de santé publique en punissant les filles et en compromettant leur avenir », a déclaré Elin Martínez, chercheuse auprès de la division Droits des enfants de Human Rights Watch. « Les gouvernements devraient au contraire tout faire pour aider les filles à éviter les grossesses non désirées et encourager leurs efforts pour continuer à étudier. »…

De nombreuses filles adolescentes tombent enceintes car elles n’ont pas reçu les informations qu’il leur fallait pour prendre des décisions avisées relevant de leur sexualité, du planning familial ou de leur santé reproductrice. D’autres ont été forcées d’avoir des relations sexuelles et ont besoin de protection, de services médicaux et d’assistance. D’après les Nations Unies, 80 % de toutes les femmes du monde âgées de 15 à 24 ans qui sont porteuses du VIH vivent en Afrique subsaharienne. Sur l’ensemble du continent, les filles de 15 à 19 ans ont cinq fois plus de chances que les garçons d’être infectées par le VIH.

Souvent l’éducation sexuelle et reproductive ne figure pas dans les programmes scolaires nationaux. Pour les quelques pays où elle y figure, dans des programmes ou des thèmes de sensibilisation au VIH ou de « compétences de vie », les enseignants sont souvent réticents à aborder ces sujets, soit à cause du contenu sexuel et reproductif, soit à cause de contraintes de temps et de ressources d’enseignement.

Tous les gouvernements d’Afrique se sont engagés à atteindre les Objectifs de développement durable de l’ONU en termes d’ égalité des genres et d’ accès gratuit à l’enseignement primaire et secondaire pour tous les enfants d’ici 2030. L’Union africaine a d’ailleurs reconnu à quel point il était important de mettre fin au mariage des enfants, en constatant que c’était un obstacle majeur de développement et de prospérité dans la région, ainsi que d’éliminer toutes les formes de violence et de discrimination fondée sur le genre.

Les gouvernements d’Afrique devraient garantir aux filles le même accès que les garçons à un enseignement primaire et secondaire gratuit et de qualité, mais aussi un soutien pour continuer à étudier, a déclaré Human Rights Watch. Les gouvernements doivent faire marche arrière en ce qui concerne les politiques et pratiques dangereuses qui stigmatisent les filles, notamment les tests de grossesse forcés et les règlements qui autorisent à expulser les filles enceintes ou mariées. Les gouvernements devraient aussi adopter des lois qui fixent sans ambiguïté l’âge minimum du mariage à 18 ans aussi bien pour les garçons que pour les filles.

Il faut également qu’ils adoptent des directives claires ordonnant aux établissements de réadmettre les jeunes mères, qu’ils leur proposent une assistance et qu’ils veillent à ce qu’elles aient accès à des services pour la petite enfance. Enfin les gouvernements doivent veiller à ce que tous les enfants bénéficient d’une éducation sexuelle et reproductive complète et adaptée à leur âge. Dans la mesure du possible, ces enseignements scolaires devraient coopérer avec des centres d’éducation à la santé orientés vers la jeunesse afin que les adolescents reçoivent des informations impartiales et sans jugement de valeur.

« Ce sont avant tout les gouvernements qui ont la responsabilité de veiller à ce que les filles aient librement accès à lenseignement primaire et secondaire, sans être stigmatisées ou discriminées », a conclu Elin Martínez. « Tous les gouvernements doivent bannir les politiques excluant les filles enceintes ou mariées et mettre en place des mesures qui garantissent que toutes les adolescentes puissent étudier. »

 

Extrait de Afrique : Permettre à toutes les filles d’accéder à l’éducation

 

Laisser un commentaire avec Facebook
Quitter la version mobile