Manifestations, deuils et diplomatie

Depuis que les forces armées ont tué plus de 150 personnes au stade du 28 septembre, les guinéens pleurent leurs morts et portent le deuil. Mais, ils ne sont pas prêts à se résigner. Ainsi, une vive échauffourée a-t-elle opposé, encore une autre fois les forces armées et des membres des familles de personnes disparues, dans l’enceinte de la mosquée Roi Fayçal, la principale de Conakry. Des membres de familles de disparus ne trouvant pas les corps des leurs ont manifesté vivement leur colère, en jetant des pierres et en malmenant les imams. Entre la population en majorité musulmane et les religieux, il n’y a jamais eu une grande confiance. Dans le passé, les responsables religieux musulmans ont utilisé l’ascendant qu’ils ont sur les fidèles pour soutenir le dictateur du moment, en organisant des cérémonies de lecture du Coran ou en immolant des bœufs en signe de sacrifice.
La police ayant été vite débordée, d’après un correspondant que j’ai eu ce soir, les agents du BAG (Brigade anti-gangs) sont venus à la rescousse. En Guinée, il n’existe pas de forces spéciales pour faire face à une manifestation, la police étant sous-équipée, ce sont les forces du BAG ou l’armée qui répriment les manifestations. C’est là une des raisons des massacres enregistrés chaque fois qu’il y a une manifestation.
Avec la chaleur et l’humidité élevée de Conakry, les corps des victimes ont été hâtivement inhumés. Les évènements prenant une tournure peu propice à la prière, ce vendredi 2 octobre il n’y en a pas eu dans la mosquée Roi Fayçal, les forces de répression sont intervenues, mais cette fois-ci sans faire de victimes.
La peur de la population est à son comble, surtout avec l’information qui voudrait que des forces étrangères aient participé dans la tuerie du 28 Septembre. Selon M. Mouctar Diallo, un dirigeant de l’opposition qui a personnellement subi des violences a déclaré à la presse : »Parmi ceux qui ont tiré sur les gens, il y avait des individus qui ne portaient pas l’uniforme de l’armée régulière. Ils parlaient une langue que je ne comprends pas »
Un fonctionnaire local de l’Onu souhaitant l’anonymat affirme avoir été battu par des hommes armés parlant anglais avec l’accent libérien. « Ils étaient ivres et, à l’évidence, sous l’influence de stupéfiants ». Un journaliste que j’ai pu contacter ce 3 octobre à Conakry n’exclut pas que cette information soit vraie car certaines victimes auraient été tuées au couteau et autres moyens dont l’armée guinéenne n’est pas équipée. Ce n’est pas la première fois que des forces étrangères régulières ou rebelles, sont soupçonnées d’avoir participé à des répressions sanguinaires en Guinée, en provenance des pays voisins.
Pendant que la peur continue de bloquer toutes les activités du pays et à obliger la population, en particulier à Conakry, à se terrer en famille, la diplomatie bouge. Après les condamnations en provenance de nombreuses organisations internationales gouvernementales ou de la société civile, des actions sont déjà en cours pour faire baisser la tension.
Suite à la demande du chef de l’état guinéen, M. Dadis Camara, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et le Groupe de contact international sur la Guinée (ICG-G) ont nommé le président du Burkina Faso Blaise Campaoré a été nommé « facilitateur » selon un communiqué publié le 3 octobre par la Commission de la CEDEAO, à Abuja, au Nigeria.
Mais si avant cette nomination des représentants des partis de l’opposition et de la société civile rejetaient tout gouvernement d’union nationale présidé par le cap. Dadis Camara, elle ne fera qu’augmenter les difficultés pour aboutir à une solution. Le Président burkinabè est considéré comme un homme ayant trempé dans de nombreuses tentatives de déstabilisation et des guerres en Afriques de l’Ouest. Il est considéré comme un agent de Ghedafi dans la région. Pour ce qui est des résultats d’une éventuelle enquête internationale ne pourront être crédibles.
Les Guinéens de la diaspora se sont mobilisés en organisant des manifestations dans de nombreuses capitales étrangères.

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