Cette vidéo présente des témoignages sur la personnalité et l’action du Capitaine Mbaye Diagne, au cours de sa courte existence sur cette terre, de la part de personnalités aussi différentes que son épouse, les collègues qui l’ont côtoyé pendant sa formation ainsi que sur le terrain tant au Sénégal qu’au Rwanda, des Présidents Clinton et Macky Sall, etc.
Ce 31 mai marque le 22ème anniversaire de la mort du Capitaine Mbaye Diagne, héros sénégalais qui faisait partie du groupe sénégalais d’observateurs militaires de l’ONU, lors de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR).
Désobéissant aux ordres de ses supérieurs ainsi qu’aux termes de référence de son engagement, il a refusé de se cantonner au rôle de simple observateur de ce qui se passait pendant le génocide au Rwanda en 1994. Il décida d’agir en sauvant des centaines de vies d’innocents!
Sa méthode était simple, mais efficace. Pour commencer, dès qu’il a su qu’il y avait des tutsis à l’Hotel des Mille Collines, il s’y est installé, quittant la résidence des observateurs militaires. Ensuite, plusieurs fois dans la journée, il remplissait la voiture de l’ONU de potentielles victimes pour les emmener dans un endroit sûr, y compris à son hotel. Devant les barrages routiers érigés par les génocidaires pour massacrer les tutsis et les hutus considérés modérés, il déployait son sourire et sortait son paquet de cigarettes. Au bout de quelques instants de palabres, il passait avec son chargement.
Cette vidéo présente des témoignages sur la personnalité et l’action du Capitaine Mbaye Diagne, au cours de sa courte existence sur cette terre, de personnalités aussi différentes que son épouse, les collègues qui l’ont côtoyé pendant sa formation ainsi que sur le terrain tant au Sénégal qu’au Rwanda, des Présidents Clinton et Macky Sall, etc.
C’est le troisième film documentaire produit sur le Capitaine en trois ans (après « A Good Man in Rwanda » de la BBC en 2014 et « Niani : On Nous Tue, On Ne Nous Déshonore Pas » de l’Oxfam et l’ Association du Capitaine Mbaye Diagne pour la Culture de la Paix – Nekkinu Jàmm en 2015). Plusieurs vidéos de courte durée ont été extraites de ces 3 films, qu’on peut consulter librement sur Youtube ou sur le site de divers médias online.
En 2013, je publiais un article, parmi d’autres, pour contribuer à faire connaitre l’oeuvre du Capitaine Mbaye Diagne qui s’est distingué par ses actes de bravoure au moment où le reste du monde tournait son regard ailleurs.
Je rappelle ce billet (qui avait été traduit en: English, Italiano, Español, Magyar, Malagasy, Ελληνικά) pour participer à la commémoration de ce héros et comme reconnaissance pour les efforts de M. Enrico Muratore et des membres de l’Association du Capitaine Mbaye Diagne – Nekkinu Jàmm pour avoir atteint l’objectif de faire reconnaitre le sacrifice du Capitaine Mbaye Diagne.
En effet, la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies, ce 29 mai 2016, qui avait pour but d’honorer tous les soldats de la paix tombés en 2015a été aussi l’occasion pour l’ONU de procéder à l’inauguration de la « Médaille capitaine Mbaye Diagne pour courage exceptionnel« .
Cette médaille, qui est la seconde à être décernée par l’ONU portant le nom d’une personne, après celle qui porte le nom de M. Dag Hammarskjöld, Secrétaire général, tragiquement disparu dans un accident d’avion au Congo, en septembre 1961 (quelques mois après la mort de Patrice Eméry Lumumba le 17 janvier 1961), alors qu’il tentait de régler la crise survenue dans ce pays après son indépendance.
D’habitude l’ONU décerne une médaille à une personne, mais elle ne donne pas le nom d’une personne à une médaille, à part dans l’unique cas précédent de M. Dag Hammarskjöld. Dans son discours à l’occasion des forces armées sénégalaises, le Président Macky Sall a souligné l’importance de ce geste qui honore tous les sénégalais.
L’Association du Capitaine Mbaye Diagne – Nekkinu Jàmm rappelle sur sa page Facebook que c’est 20 ans après son martyr advenu le 31 mai 1994, que le Conseil de Sécurité de l’ONU a institué le 8 mai 2014 la Médaille du Capitaine Mbaye Diagne pour Acte de Courage Exceptionnel. C’est avec un sentiment de satisfaction que j’ai appris que le 19 mai 2016, le Secrétaire-Général de l’ONU, M. Ban Ki-moon avait remis la Médaille à sa veuve et ses enfants devant l’Assemblée Générale.
Le 27 mai 2016, s’est tenue à Dakar, dans la Salle qui porte le nom du Capitaine Mbaye Diagne au siège régional du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme (HCDH) et du Centre d’Information des Nations Unies (CINU) à Dakar, la cérémonie de célébration de la Journée Internationale des Casques bleus de l’ONU, sur le thème : « Honorons nos héros ». Cette initiative est à mettre à l’actif de l’Association du Capitaine Mbaye Diagne pour la Culture de la Paix – Nekkinu Jàmm avec le HCDH, CINU et UNOWAS (Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’ouest et le Sahel).
Elle a été ouverte par la veuve du capitaine Madame Diagne. Voici ce qu’on peut lire sur son intervention introductive, publiée sur la page Facebook de l’association:
Ainsi ce vendredi 27 mai Madame Diagne a présenté la Médaille du Capitaine Mbaye Diagne pour Acte de Courage Exceptionnel pour la première fois au Sénégal. Dans son discours d’ouverture, Madame Diagne a rappelé qu’à l’intérieur de [chacun] de nous tous il existe un Capitaine Mbaye Diagne que l’éducation à la paix, fondée sur l’exemple des Justes, peut réveiller dans nos cœurs.
De nombreux représentants des institutions onusiennes ont pris part à la commémoration. Lors de cette cérémonie plusieurs propositions ont été faites pour contribuer à la diffusion de la culture de la paix au Sénégal et en Afrique:
1. Le Sénégal doit faire d’avantage pour promouvoir la mémoire de son plus grand héros moderne, le Capitaine Mbaye Diagne. Entre autres, il faut :
• raconter son histoire dans les manuels scolaires d’histoire et d’éducation civique;
• multiplier les articles de presse et la couverture de l’histoire du Capitaine par les médias sénégalais et africains;
• lui dédier une rue, une avenue, des écoles, à Dakar comme dans d’autres villes;
• fonder un Jardin des Justes à Dakar, dans lequel seront plantés des arbres pour nous souvenir du Capitaine et des autres Justes du Monde qui ont sauvé [des vies] dans ses moments les plus sombres;
• établir un prix pour la Culture de la Paix portant son nom, à attribuer annuellement à ceux et celles qui se distinguent dans la propagation de la Justice;
• lui dédier un vrai film de cinéma, plus qu’un documentaire: si ce héros avait été Américain, Hollywood l’aurait célébré depuis longtemps.
2. Il ne faut pas oublier les familles de ceux qui périssent au service de la paix, comme il est arrivé à la famille du Capitaine Mbaye Diagne pour de si longues années.
Je retiens plus particulièrement cette dernière proposition. Je trouve injuste que ni l’ONU, ni les gouvernements sénégalais n’aient pris les mesures nécessaires pour assurer un soutien matériel à la famille de ce héros par une stabilité matérielle permettant à ses enfants l’éducation que leur père ne pouvait plus leur donner.
Quelque soit l’importance d’un acte héroïque, il faut qu’un autre homme ou femme à la forte personnalité et armée d’une foi et d’un sens de la justice hors du commun pour oeuvrer à fin qu’il ne tombe dans l’oubli. Aujourd’hui, les signes de reconnaissance de l’action du capitaine pleuvent de partout, mais il n’en a pas toujours été ainsi.
Pour sortir l’histoire du Capitaine Mbaye Diagne des oubliettes, cette personne a été, Enrico Muratore, un jeune italien marié à une angolaise, que la providence m’a permis de connaitre et de me faire aimer comme mon troisième fils, qui n’est plus. Après avoir servi le système des Nations unies dans plusieurs parties du monde, il a quitté sa paisible Ligurie natale, pour aller s’installer à Dakar. Il a remué terre et ciel, il a contacté et mobilisé sans relâche des personnes qui ont connu le capitaine: anciens collègues, le Général Dallaire, la hiérarchie militaire sénégalaise, les autorités rwandaises, la BBC, OXFAM-Dakar, l’ONU au plus haut niveau, d’anciens fonctionnaires des Nations unies, le quotidien Il Fatto Quotidiano en Italie, la Radio Ouest Africaine pour la Démocratie, la Fédération sénégalaise de football etc. Au bout de 5 ans de lutte, il a obtenu une reconnaissance universelle de l’oeuvre grandiose du Capitaine MBaye.
Merci mon fils.
Pour en savoir plus:
Rwanda : après le colonialisme et le génocide, la reconstruction, traduit en Ελληνικά, Español, Italiano, Français, Nederlands, Português, 繁體中文, 简体中文
Rwanda: The Good, the Bad and the Hopeful, traduit en Malagasy, Swahili, Español, 繁體中文, 简体中文, Français
Pascal Simbikangwa, premier accusé de génocide au Rwanda devant la justice française traduit en English, Español
Africa: Interview With Africa Desk Officer at the Committee to Protect Journalists traduit en espagnol