L’archevêque de Conakry Mgr. Raymond-Marie Tchidimbo  analyse le caractère de son ami Sékou Touré

Sékou Touré était capable de rires et de pleurs

Monseigneur Raymond-Marie TCHIDIMBO né à Conakry en 1920 est de la génération de la classe politique qui a porté la Guinée à l’indépendance, confisquée par le régime totalitaire de Sékou Touré. A peine ordonné prêtre, en 1951, il est affecté à Dabadougou en 1952 et quatre ans plus tard à Conakry. Il a commencé à servir à un moment crucial de l’émergence de notre jeune classe politique avec la naissance des syndicats et des partis politiques.  C’est, donc, tout naturellement qu’il a connu Sékou Touré et ils se sont liés d’amitié. Ces liens d’amitié valurent au prêtre de soupçons de la part des autorités coloniales.  Ce qui n’empêchera pas Sékou Touré de l’arrêter, l’humilier, le torturer et l’enfermer de 1970 à 1979, au Camp Boiro. A sa sortie de prison, j’ai eu la chance de le rencontrer à Rome, au milieu des années ’80. J’en garde le souvenir d’un homme d’une grande sensibilité.

J’ai eu l’honneur de le rencontrer dans la residence mise à sa disposition après sa libération, accompagné de ma femme et d’un beau-frère. Il nous a laissé à tous une très bonne impression.

Il était ami avec Sékou Touré, bien avant l’accession de celui-ci à la présidence de notre pays.  Dans son livre,  Noviciat d’un évêque : huit ans et huit mois de captivité sous Sékou Touré, (autrefois consultable gratuitement sur le site campboiro.org comme la presque totalité des livres d’où j’extrais cette série d’articles, avant que ce site ne soit piraté) où il raconte sa pénible expérience, Mgr. Raymond-Marie Tchidimbo décrit en ces termes son ami:

Sékou Touré avait, en effet, de réelles qualités humaines !

En ses débuts de carrière syndicale, il animait tous les milieux qu’il fréquentait par sa cordialité. Il était capable de rires et de pleurs, capable de vibrer au diapason des autres, dans la joie et dans l’épreuve. Je l’ai vu passer plusieurs nuits d’affilée au chevet du lit de son ami Louis Lansana Béavogui qui était dans un état comateux ; simplement installé sur une chaise longue. Je l’ai vu se rendant dans des domiciles visités par le deuil pour y présenter ses condoléances. Les deux fois où je fus-hospitalisé pour des interventions chirurgicales urgentes, Sékou Touré fit le déplacement pour venir me faire part de sa sympathie ; et son épouse, Mme Andrée, vint aussi me voir.

Mais, revers de la médaille, Sékou Touré était un grand malade psychique qui s’ignorait !

Mon ami Sékou Touré était un authentique paranoïaque, même s’il savait donner le change.

Je n’avancerai ici que quelques-uns de ses traits de caractère pour illustrer mon affirmation.

Mais ces deux traits essentiels du profil psychologique de Sékou Touré devaient être gravés dans l’histoire; et ce, aussi bien par fidélité à la vérité qui libère, que pour soigner la responsabilité de tous ceux qui, pour de prétendues raisons d’Etat, soutiennent au pouvoir des monstres sociaux au détriment de l’homme parce que tout simplement, l’or, le diamant, la bauxite et le pétrole auront été au rendez-vous des conversations inter-États !

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Publié une première fois le 21 octobre 2013 sur mon premier blog konakryexpress.wordpress.com sous le titre de Le profil psychologique de mon ami Sékou Touré et révisé le 21 janvier 2018 pour publication le 26 mars 2018 à l’occasion du 7ème anniversaire de son décès survenu à Conakry le 26 mars 2011.

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