Autrement dit, les eaux s’acidifient, produisant de moins en moins d’oxygène et de poissons.
Pour l’élaboration du rapport, plus de 100 auteurs issus de 36 pays ont évalué les publications scientifiques les plus récentes liées à l’océan et à la cryosphère (toutes les portions de la surface des mers ou terres émergées où l’eau est présente à l’état solide) dans le contexte du changement climatique, référençant quelques 7.000 d’entre elles.
Ils ont ainsi épluché une longue liste d’impacts dévastateurs, à commencer par le sort des populations vivant dans l’ensemble des zones côtières basses de la planète. L’augmentation du niveau moyen et extrême de la mer, parallèlement au réchauffement de l’océan et à l’acidification, devrait exacerber les risques pour les habitants de ces zones.
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Aujourd’hui, 680 millions de personnes vivent dans des régions côtières à basse altitude, ce qui représente près de 10% de la population du globe. Ce chiffre devrait atteindre le milliard en 2050. 670 millions de personnes habitent dans des régions de haute montagne, là encore, près de 10% de l’humanité. Leur nombre devrait atteindre entre 740 et 840 millions d’ici à 2050.
A côté de cela, il faut ajouter les 65 millions d’habitants des petits Etats insulaires et les 4 millions des régions arctiques. Toutes ces personnes vont être touchées par le réchauffement des océans et de la cryosphère, à des degrés divers.
Fonte des glaces et élévation du niveau de la mer
En attendant, les conséquences sont prévisibles pour les populations des régions montagneuses qui « sont de plus en plus exposées aux aléas et à la diminution de l’eau disponible ».
Selon le rapport, les glaciers, la neige, la glace et le pergélisol sont en déclin et continueront de l’être. D’après leurs projections, ce recul devrait accroître les risques pour les populations, par exemple les aléas tels que les glissements de terrain, les avalanches et les inondations.
En effet, les glaciers plus petits que l’on trouve par exemple en Europe, en Afrique de l’Est, dans les régions tropicales des Andes et en Indonésie, devraient perdre plus de 80% de leur masse actuelle d’ici 2100 selon les scénarios d’émissions élevées. La fonte de la cryosphère en haute montagne continuera d’avoir des répercussions négatives sur les loisirs, le tourisme et les biens culturels. « La gestion intégrée de l’eau et la coopération transfrontalière sont autant d’outils permettant de faire face aux impacts de ces variations des ressources en eau », selon le rapport.
De plus, le changement climatique pèse déjà lourd sur les océans et les glaces. Les deux calottes glaciaires de la planète, en Antarctique et au Groenland, ont perdu en moyenne 430 milliards de tonnes chaque année depuis 2006, devenant la principale source de la hausse du niveau des océans. Dans le même temps, les glaciers, dont dépendent plus de deux milliards de personnes pour l’eau douce, rétrécissent aussi.
Les glaciers de basse altitude dans les Alpes, le Caucase ou la Scandinavie pourraient perdre 80% de leur volume d’ici 2100 et beaucoup pourraient disparaitre même en limitant le réchauffement.
« Les glaciers et les calottes glaciaires des régions polaires et montagneuses perdent de la masse, ce qui contribue à l’accélération de l’élévation du niveau de la mer, ainsi qu’à l’expansion de l’océan qui se réchauffe », ont estimé les experts du GIEC.
La hausse du niveau des mers 2,5 fois plus rapide qu’au XXe siècle
Selon le rapport, le niveau des mers a augmenté 2,5 fois plus vite au début du XXIe siècle qu’au XXe, et va continuer à s’accroître principalement en raison du rétrécissement des calottes glaciaires.
Cette hausse pourrait atteindre 30 à 60 cm environ d’ici 2100 et ce, même si les émissions de gaz à effet de serre sont fortement réduites et si le réchauffement planétaire est limité à une valeur bien en dessous de 2 degrés Celsius, mais environ 60 à 110 cm si ces émissions continuent d’augmenter fortement.
« Au cours des dernières décennies, l’élévation du niveau de la mer s’est accélérée en raison de l’augmentation des apports d’eau provenant des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, ainsi que de la contribution des eaux de fonte des glaciers et de l’expansion des eaux marines qui se réchauffent », a indiqué Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du Groupe de travail I du GIEC.
Or l’élévation du niveau de la mer augmentera la fréquence des valeurs extrêmes de ce paramètre enregistrées, par exemple, à marée haute et pendant les grandes tempêtes.
« Quel que soit le réchauffement supplémentaire, des événements qui se produisaient précédemment une fois par siècle se produiront chaque année d’ici 2050 dans de nombreuses régions, augmentant les risques auxquels sont confrontées de nombreuses villes côtières et petites îles de faible élévation », mettent en garde les experts.
Des écosystèmes océaniques en mutation
Sans investissements majeurs dans l’adaptation, ces zones seraient exposées à des risques croissants d’inondation. Selon le rapport, tout semble indiquer que certains États insulaires deviendront inhabitables en raison des changements liés au climat subis par l’océan et la cryosphère, mais les seuils d’habitabilité demeurent très difficiles à évaluer.
L’intensification des vents et de la pluie associés aux cyclones tropicaux exacerbe les valeurs extrêmes du niveau de la mer et les aléas côtiers. L’intensité des aléas sera encore plus grande en raison d’une augmentation de l’intensité des cyclones tropicaux, de l’amplitude des ondes de tempête et de la pluviométrie qui y sont associées, en particulier si les émissions de gaz à effet de serre demeurent élevées.
Autre point de l’étude du GIEC, « les océans se sont réchauffés sans relâche depuis 1970 ». « Depuis 1993, cette cadence de réchauffement a probablement plus que doublé », précise le rapport. C’est que les océans sont des puits de chaleur qui fonctionnent à plein de régime en ces temps de réchauffement climatique. « Ils ont absorbé plus de 90% de l’excès de chaleur », précise le GIEC.
D’ici à 2100, les océans absorberont 2 à 4 fois plus de chaleur que pendant la période allant de 1970 à l’heure actuelle si le réchauffement planétaire est limité à 2 degrés Celsius, et jusqu’à 5 à 7 fois plus, si les émissions sont plus élevées.
Il est encore temps d’agir
La fréquence des vagues de chaleur marines a doublé depuis 1982 et leur intensité augmente. Or selon les projections, ces vagues caniculaires seront 20 fois plus fréquentes si le réchauffement est de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels et 50 fois plus fréquentes si les émissions continuent d’augmenter fortement.
Malgré cet état alarmant de la planète, les experts estiment qu’il est encore temps de réagir.
« En réduisant de toute urgence les émissions de gaz à effet de serre, il est possible de limiter l’ampleur des changements auxquels sont confrontés l’océan et la cryosphère. Les écosystèmes peuvent être préservés », ont-ils fait valoir. « Si nous réduisons fortement les émissions, les conséquences pour les populations et les moyens d’existence n’en seront pas moins éprouvantes, mais elles pourraient être plus faciles à gérer pour les populations les plus vulnérables », a déclaré Hoesung Lee, Président du GIEC.
Pour « maintenir le réchauffement planétaire nettement en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels », ils plaident donc pour « des transitions sans précédent dans tous les secteurs de la société » et surtout l’adoption de politiques climatiques ambitieuses indispensables à la concrétisation de l’Accord de Paris signé en 2015.
« Plus nous agirons rapidement et de manière décisive, plus nous serons en mesure de faire face aux changements inévitables, de gérer les risques, d’améliorer nos vies et d’assurer la durabilité des écosystèmes et des populations du monde entier – aujourd’hui comme demain », a prévenu Debra Roberts, co-présidente du Groupe de travail II du GIEC.
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Source: Ce billet a été repris du site du service d’information des Nations unies, news.un.org/fr