Révisé le 27 octobre 2021 A travers l’histoire et le monde, les tyrans sanguinaires ont toujours eu un point commun au moment où ils pensent ou bien voient la machine de la terreur qu’ils exerçaient sur leurs citoyens s’est grippée. Dans la sale guerre, basée sur des mensonges du gouvernement américain, le sanguinaire Saddam Hussein était tapi au fond d’une cave dans son fief natal. Quant au dictateur Mouammar Kadhafi c’est dans un tunnel qu’il se cachait. Les moins jeunes se rappelleront la fin peu glorieuse du couple Nicolae et Elena Ceaușescu en décembre 1989 en Roumanie. En Guinée, avant de comprendre ce qui se passait à Conakry le 22 Novembre 1970, lors de l’agression portugaise, Ahmed Sékou Touré a eu une peur bleue, en croyant qu’il s’agissait d’un coup d’état militaire. Voici le témoignage de Alpha Abdoulaye Diallo, dans son livre La vérité du ministre. Dix ans dans les geôles de Sékou Touré le comportement lâche que notre dictateur aurait eu en voyant les plus hauts gradés de l’armée guinéenne débarquer chez lui en pleine nuit. |
Aux premiers coups de feu, tirés à Conakry II, à la Minière, aux environs de 2 heures du matin, le dimanche 22 novembre 1970, le commandant Zoumanigui Kekoura, commandant la gendarmerie nationale, le général Noumandian Keita, chef d’état-major général de l’armée guinéenne, accompagnés de certains officiers, se précipitent au palais présidentiel. A leur vue, le président Sékou Touré, croyant à un coup d’Etat, perd son sang-froid et, levant les bras en l’air, leur dit en
tremblant :
— « Tuez-moi, mais ne me livrez pas au peuple. Ne me faites pas honte (en malinké : a lu kana n’maluya!). »
Les officiers répondent :
— « Non Président, nous venons chercher les clés des magasins de munitions. »
Plus tard, le général Noumandian racontera la scène à son vieil ami, le sage El Hadj Sinkoun Kaba, qui lui dira :
— « Vous auriez dû improviser un coup d’Etat, l’arrêter. Vous avez eu tort, bien tort. »
Et, une certaine tristesse dans les yeux, une certaine émotion dans la voix, il ajoutera :
— « Maintenant il vous tuera tous ! Il n’épargnera aucun de vous. »
Effectivement, Sékou Touré les fera tous arrêter et exécuter le 29 juillet 1971.
Dès que le régime a repris le contrôle de la situation, il a renforcé son système de dénonciations et de terreur, arrêtant, tuant, torturant et volant les biens des victimes. Dès le 21 janvier 1971, parmi les nombreuses victimes de la furie homicide il y a Baldet Ousmane, Gouverneur de la Banque centrale, Barry Ibrahima, dit Barry III, un des artisans de l’indépendance et du Plan triennal, Keïta Kara Desoufiane, jeune commissaire de police dont le fils aîné sera arrêté par la suite et Magassouba Moriba, médecin, compagnon de l’indépendance, ministre. D’autres victimes qui payèrent de leur vie la folie homicide de Sékou Touré et de sa machine infernale furent l’Allemand, Adolf Marx, directeur de l’unique brasserie de la Guinée, arrêté le 26 décembre 1970, Camara Sékou, Ministre du Commerce intérieur; ambassadeur à Pékin; ancien gouverneur de Siguiri, Mme Camara Loffo, Membre -pionnière du Parti démocratique de Guinée (PDG), membre du gouvernement et du Bureau Politique national du PDG, dont tous les guinéens étaient membres d’office de la naissance à la mort, et beaucoup d’autres connus et non. Dans son livre déjà cité, le doyen Alpha Abdoulaye Diallo fait une longue liste de personnes qui ont été arrêtées, torturées, assassinées et les biens confisqués par la machine à tuer que fut le PDG . On peut les consulter sur le site du Mémorial du Camp Boiro. Pour les seules années 1970 et 1971, on y trouve 10 ministres, 8 ambassadeurs, 42 hauts fonctionnaires de l’état, 18 gouverneurs de région, 9 secrétaires fédéraux, 20 Officiers et sous-officiers (toutes armes confondues), 13 hommes d’affaires. Mais cette liste est trs partielle.
Le rescapé du Camp Boiro, Maurice Jeanjean, décrit l’atmosphère que le dictateur instaura dans tout le pays après l’agression portugaise, dans son livre Sékou Touré: Un totalitarisme africain, en ces termes:
Sékou Touré va alors passer, à la mi-1971, à un stade supérieur qui permettra d’étendre la sphère des coupables en confiant le soin de les découvrir aux différents échelons du Parti, et en dernier ressort au Peuple. On entre alors dans une phase de dénonciations sans fin orientées par le Comité révolutionnaire, qui permit à Sékou Touré d’éliminer d’autres cadres, mais aussi des milliers de citoyens ordinaires : ménagères, gargotières, paysans, plantons.
Ce n’était pas nécessaire de conduire une activité politique quelconque pour être considéré comme opposant ou bien comploteur. Même le fait d’avoir une belle épouse qu’un des membres du cercle restreint du dictateur convoitait, pouvait constituer une menace pour le mari. Massacrer la classe intellectuelle et les entrepreneurs dont, c’était détruire les bases du développement, au moment où la nation en avait tant besoin.