Ainsi donc, les militaires de 13 états africains ont participé au défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées devant M. Sarkozy et leurs leaders. Beau symbole des indépendances acquises, de la fraternité entre anciens maitres et sujets, mais aussi un moment pour faire un petit bilan et réfléchir sur combien cette souveraineté a été un gâchis ainsi qu’aux responsabilités.
Les pays représentés étaient: Bénin, Burkina Faso, Cameroun, République centrafricaine, Congo-Brazzaville, Gabon, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. De quelque angle que l’on regarde les réalisations de ces pays comparativement aux autres pays du monde, la situation est déplorable, à de rares exceptions près. Pour l’indice de développement humain établi par le PNUD, dans la catégorie « faible », d’une manière générale, à part l’Afganistan et Timor-Leste, il y a que des pays africains, soit 21 sur 23. Le nombre n’est pas plus élevé tout simplement parce que des pays comme le Gabon et le Congo jouissent de la manne pétrolière. Sur ces 21 pays africains à l’indice de développement le plus faible du monde, 12 sont francophones. Parmi ces 12, des militaires provenant de 8 pays ont marché sur « l’avenue la plus belle du monde, celle qui va avoir plus de lumière aujourd’hui que probablement tous les quartiers des capitales africaines d’où ils sont originaires. Les conditions de vie de leurs peuples sont pries que celles des territoires palestiniens occupés.
Sur le plan de la liberté de la presse, Reporters sans frontières nous rappèle quelques faits douloureux:
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L’année 2009 a confirmé que, dans certains pays africains, la démocratie repose sur des bases solides et que le respect des libertés y est garanti. Dans d’autres pays, en revanche, les crises politiques et l’instabilité ont porté des coups très durs au travail des journalistes et des médias.
A Madagascar (134e) par exemple, qui perd cette année quarante places, les médias ont été pris au piège de l’affrontement entre le président déchu Marc Ravalomanana et le président de la Haute Autorité de transition, Andry Rajoelina. Censures, saccages et désinformation ont été à l’origine de la dégringolade de l’île, où un jeune journaliste a été tué alors qu’il couvrait une manifestation populaire. Au Gabon (129e), le black-out médiatique instauré par les autorités sur l’état de santé d’Omar Bongo avant sa mort et le climat délétère entourant l’élection présidentielle du mois d’août ont sapé le travail de la presse. Le Congo (116e) enregistre un recul de vingt-quatre places, principalement en raison de la mort encore mystérieuse du journaliste d’opposition Bruno Jacquet Ossébi et du harcèlement subi par plusieurs correspondants de la presse étrangère lors du scrutin présidentiel du 12 juillet. Enfin, si en Guinée (100e) la situation a pu sembler relativement calme au cours de l’année, les événements tragiques du 28 septembre et les menaces explicites adressées actuellement aux journalistes par les militaires nourrissent de vives préoccupations.
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Sur le plan du respect des droits humains, à part le Mali et le Bénin tous les pays représentés présente un déficit très lourd. Tous ont connu l’instabilité politique, la guerre civile, des élections truquées, des assassinats politiques ou la saisie du pouvoir par la violence. Parmi les chefs d’état africains qui entouraient M. Sarkozy, la majorité ont spolié leurs populations par la corruption pour accumuler des fortunes colossales, acquérir des biens immobiliers dans les quartiers les plus chics de Paris. Certains sont parmi les plus anciens dictateurs au pouvoir. D’autres ont simplement hérité la présidence de leur pères qui avaient occupé le fauteuil depuis l’indépendance.
Les pays africains représentés à la fête nationale française sont tous dotés de richesses naturelles immenses, dans leur ensemble, et d’un potentiel agricole qui aurait pu leur permettre de nourrir décemment leurs populations. Malheureusement l’incapacité des classes dirigeantes n’ont permis aucun développement appréciable. Les premiers responsables de cet état de fait étaient ces hommes à l’air digne qui suivaient de la tribune officielle l’évolution des troupes sur le pavé des Champs-Elysées. Aider les pays africains à combattre les abus de ces seigneurs est la meilleure manière d’aider les peuples à sortir de la misère.