Lors de la récente COP21 qui a eu lieu à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015 on a souvent entendu dire que les pays africains étaient ceux qui contribuaient le moins aux problèmes ayant produit le dérèglement climatique auxquels notre planète est exposé. Dans de nombreux pays africains, l’équation posée est de savoir comment satisfaire les besoins alimentaires et le développement sans contribuer à l’augmentation des problèmes environnementaux.
Dans ce billet, Chiara Ronca qui a participé à une conférence qui a eu lieu à Cotonou après la COP21, examine les défis qu’un pays africain comme le Bénin doit relever. La traduction en français a été faite par Suzanne Lehn, éditrice en second de GV en français, avec le titre de Bénin : Les complexités de l’adaption au changement climatique
Quelques jours avant les négociations sur le changement climatique récemment conclues à Paris, la COP 21, c’est une autre conférence sur les inquiétudes environnementales qui s’est tenue au Bénin. Le 2 décembre, des spécialistes se sont réunis dans la plus grande ville du pays, Cotonou, pour discuter des rapports entre développement et changement climatique, lors d’une table-ronde organisée par l’Agence Française pour le Développement.
La même ville avait connu, le 29 novembre, la Marche béninoise pour le Climat, organisée par des mouvements de défense de l’environnement, l’ONG internationale de la société civile Avaaz et le Consulat de Belgique au Bénin.
Les problèmes d’environnement sont plus présents que jamais dans ce pays d’Afrique niché sur le golfe de Guinée, considéré comme un pays non pollueur selon les critères de la COP 21 aux dires de Raphaël Edou, ancien ministre béninois du changement climatique et actuel conseiller spécial pour l’environnement, présent à la conférence de Cotonou. Alors que le Bénin a émis de faibles niveaux de CO2 au total pendant les dix dernières années, ses émissions n’ont cessé d’augmenter dans les années récentes, selon les Indicateurs mondiaux de développement, et le pays ressent les effets du changement climatique.
Mais s’adapter à un environnement qui change et s’efforcer de stopper ces changements sont plus faciles à dire qu’à faire.
‘Le climat, quelle opportunité pour le développement ?
Le thème de la conférence de Cotonou, tenue à l’Institut Français du Bénin, était : “Le changement climatique peut-il représenter une véritable opportunité pour le développement ? Et au bénéfice de qui ?”
Les débats étaient centrés sur la possibilité ou non pour l’humanité de s’adapter à la réalité nouvelle du changement climatique et d’en tirer avantage. Au Bénin, cette adaptation — que d’autres diraient une contrainte — se voit dans les tentatives de certains Béninois de rendre productifs au moyen de pesticides des sols abîmés. Le Bénin n’est en fait pas capable de satisfaire ses besoins alimentaires par ses propres moyens, comme le montrent les chiffres collectés par la FAO. Les agriculteurs préfèrent utiliser des pesticides pour maximiser leurs récoltes, au détriment de l’environnement et de la santé publique. Un usage massif de pesticides qui ignore la mobilisation des mouvements agro-écologiques pour sensibiliser aux dangers de leur utilisation.
Lors de la conférence, Raphaël Edou a argumenté que l’un des plus gros problèmes au Bénin est la mise en oeuvre de stratégies et projets environnementaux de qualité. Mais sans préciser quel serait l’engagement concret des acteurs politiques et des diverses institutions dans la définition de ces stratégies, ni dire si l’impulsion serait donnée par les administrations, le secteur privé ou la société civile.
Comment amener les Béninois à surveiller leur pollution individuelle si leur première priorité est d’essayer de s’extraire de la pauvreté ? Telle était la question mise en avant par la représentante de l’Unicef au Bénin, Anne Vincent.
Le Bénin est l’un des pays les plus pauvres du monde : en 2013, l’ONU classait le Bénin 165ème sur 187 de l’Index de Développement Humain. D’où l’extrême difficulté de pousser les gens à modifier leur comportement. L’ONG Pro-environnement au Bénin est un exemple d’organisation qui travaille à la sensibilisation et au plaidoyer sur l’environnement.
Les effets du changement climatique au Bénin
Le Bénin, qui s’étire de l’Océan Atlantique jusqu’au parc de Pendjari à la frontière avec le Burkina Faso au nord, affronte plusieurs défis climatiques. Les orages violents de plus en plus fréquents ont accru le volume annuel des précipitations. Des averses diluviennes pendant des heures inondent les rues dans la plupart des zones urbaines. La situation empire dans les campagnes : pendant la saison des pluies, la production agricole baisse, car la pluie intense détruit souvent les récoltes, tandis que les voies de communications sont coupées et que les paysans ont du mal à se rendre aux marchés pour vendre leurs produits.
Outre la fréquence des événements météorologiques extrêmes, de nombreux spécialistes — parmi lesquels Yves Du Penhoat, chercheur à l’Institut [français] de Recherche pour le Développement, présent à la conférence de Cotonou — font état de la remontée constante depuis quelques années du niveau des mers. Pour un pays dont les principales villes, Porto Novo et Cotonou, sont situées près de la lagune ou sur la côte, le potentiel de scénarions-catastrophe n’est pas négligeable.
S’ajoute à cela l’accumulation des ordures dans le pays. A peine croit-on y être habitué que le regard ne peut manquer d’être impressionné par l’omniprésence d’une multitude de sacs plastiques, même le long des bords de mer les plus magnifiques, et en particulier, sur la panoramique et de toute beauté Route de Pêche .
‘Penser mondial, agir local‘
Le Bénin a envoyé une délégation de 100 personnes participer à la COP 21 de Paris. “Penser mondial, agir local”, tel était son message essentiel. L’idée est que la société civile ne peut seule agir localement sans l’implication de l’ensemble des acteurs nationaux, en particulier des institutions politiques.
L’amélioration des conditions de vie de la population facilitera la prise à bras-le-corps des problèmes environnementaux et sanitaires à venir. C’est un processus de longue haleine qui requiert un peu plus que de seules bonnes intentions et des slogans. Il y faut un engagement politique sur le long terme.