Le site guineelibre.over-blog.com a publié le post suivant d’une blogueuse dont j’aime bien la qualité de l’écriture et les analyses bien documentées qui caractérisent les articles. Voici ce qu’elle nous livre sur les ambitions de notre Président par interim S. Konaté et les raisons pour lesquelles toute autre candidature que celle de M. A. Condé était destinée à une faillite. Ses hommes occupaient de nombreuses positions clés dans la structure de l’état guinéen.
« Celui qui prétend ne rien savoir de la politique peaufine sa stratégie de conquête du pouvoir depuis des années.
Sekouba Konaté est né en 1964 à Conakry d’une mère chrétienne métis libanaise-guinéenne de Kissidougou en Guinée forestière et d’un père guinéen originaire de Kankan en Haute Guinée.
Il suit sa formation militaire à l’Académie royale de Meknès au Maroc et effectue des stages de formation en France, à l’école d’application de Montpellier en 1992, et une formation de chef de section parachutiste à Pau. Il intègre l’opération de maintien de la paix de la CEDEAO, l’Ecomog en Siera Léone entre 1995 et 1996.
A son retour à Conakry, il est arrêté après la mutinerie de 1996 qui a failli renverser le général Lansana Conté. Après deux mois de prison, il est relâché, faute de preuve. Certains de ses proches sont emprisonnés, c’est le cas du commandant du Bata, Kader Doumboya. Il retourne en Sierra dans le cadre d’une opération de maintien de la paix après le renversement du Président Ahmed Teijan Kabbah victime d’un coup d’état militaire. Ce dernier est rétabli dans ses fonctions en 1999. Sekouba va suivre un cours d’état major en Chine. En 2000, il est nommé à la tête du détachement des Rangers à Macenta, à la frontière avec le Libéria, où des rebelles ont failli déstabiliser la Guinée. En 2008, Lansana Conté le nomme commandant du Bata. Il se rapproche de Moussa Dadis Camara, qui bien qu’intendant, a une grande influence sur les troupes.
Depuis le coup d’état de décembre 2008, Sekouba Konaté surnommé El Tigre ou encore Parousky, va connaître une ascension fulgurante au sein de l’armée. Ce protégé de l’ancien chef d’état-major et ministre de la Défense sous le régime de Conté, le général Kerfala Camara, est passé du grade de lieutenant-colonel commandant du Bataillon autonome des troupes aéroportées (BATA), au moment du putsch à celui de général de brigade et vient de s’auto promouvoir, à la faveur d’un décret, deux jours après l’ élection du 27 juin 2010, général des armées.
Après les évènements tragiques du 28 septembre 2009, ce Ministre de la Défense de Dadis se rendra en Turquie et en Ukraine pour y négocier la fourniture de matériels militaires.
Chef de réseaux affairistes
Le général Sekouba Konaté assure la présidence de la transition guinéenne depuis la fin décembre 2009. Co-auteur du coup d’état du 23 décembre 2008, il était le plus proche collaborateur de Dadis Camara. Pendant les dix mois de règne de Moussa Dadis Camara, il était le Ministre de la Défense et dirigeait le comité d’audit chargé de récupérer l’argent de la corruption. Il place ses hommes aux postes stratégiques. Ses promotionnaire de Meknès, Oumar Sanoh, Ansoumane Kaba et Papa Doumbouya, deviennent respectivement chef d’état-major général, chef d’état-major de l’armée de terre et commandant du « train » (chargé des transports militaires), son ami d’enfance Laye Keira, promu directeur du Fonds minier, poste désormais confié à son ami Baîdy Aribot.
Ses amis : Kerfalla Person Camara alias KPC a le marché d’une valeur de 70 millions d’euros pour la reconstruction de casernes, Baïdy Aribot est nommé à la tête de la Caisse nationale de sécurité sociale, et le policier Mounir Cissé, directeur adjoint du protocole à la présidence. Il fait nommer ses amis hommes d’affaire d’origine libanaise Roda Fawaz, directement mis en cause dans un trafic d’armes à destination du Libéria par un groupe d’experts des Nations Unies et Ali Saadi, respectivement consuls honoraires de Guinée au Maroc et au Liban, après leur avoir concédé l’approvisionnement de la Guinée en hydrocarbures et riz.
Et juste avant son voyage avorté au Maroc le 12 novembre 2010, avant la proclamation des résultats provisoires par la CENI, le général « judicieusement » absent au moment des drames a nommé Cheick Sidya Diabaté, qui était chargé des renseignements généraux au poste de Conseiller à la Présidence chargé de la sécurité et de la défense. Etrange pour un président de transition sortant. Quelques semaines auparavant il avait nommé Goureissy Condé fondateur du parti politique Alliance pour le Renouveau National (ARENA) qui avait procédé à l’arrestation de alpha condé à l’issue de l’élection présidentielle de 1998 mais de qui dira celui que les gens appellent professeur ou grimpeur en Guinée, lors d’une réconciliation il y a quelques années à New York, qu’il n’est pas à l’origine de son arrestation.
Celui qui prétend ne rien savoir de la politique aurait tout de même l’ambition de se cramponner à la défense, sans doute pour y essaimer ses pions et gangrener d’avantage l’armée tribalisée à outrance et dont la restructuration est loin d’avoir commencé.
Hassatou Baldé