Le fonctionnement de l’ONU menacé par une grave crise de liquidités, selon Guterres

Les Nations Unies font face à une grave pénurie de liquidités et s’il n’y a pas davantage de gouvernements qui paient leurs cotisations, « notre travail et nos réformes sont en danger », a déclaré mardi le chef de l’ONU, António Guterres, aux États membres.

Dans une déclaration publiée par son porte-parole, le Secrétaire général a indiqué qu’il avait écrit aux États membres « sur la pire crise de liquidités que l’ONU ait connue depuis près de 10 ans ». « L’Organisation court le risque d’épuiser ses réserves de liquidités d’ici à la fin du mois et de ne pas effectuer les paiements au personnel et aux fournisseurs », a-t-il souligné.

Bien que 129 États sur 193 aient maintenant acquitté leur cotisation annuelle régulière, le dernier en date étant la Syrie, a déclaré le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, il faut que les autres s’acquittent de la leur « de manière urgente et complète ».

« C’est le seul moyen d’éviter un défaut qui risquerait de perturber les opérations au niveau mondial. Le Secrétaire général a en outre demandé aux gouvernements de s’attaquer aux raisons sous-jacentes de la crise et de s’entendre sur des mesures visant à assainir l’ONU sur le plan financier », a-t-il ajouté devant des journalistes.

À la fin du mois de septembre, 70% seulement du montant total de la cotisation pour l’année avaient été versés, contre 78% à la même période l’an dernier. Au 8 octobre, les États membres ont versé 1,99 milliard de dollars au titre du budget ordinaire pour 2019, a dit M. Dujarric.

Si l’Organisation n’avait pas « maîtrisé ses dépenses globalement depuis le début de l’année », le déficit de trésorerie en octobre aurait atteint 600 millions de dollars, ce qui signifie qu’il n’y avrait pas eu suffisamment de liquidités pour payer le débat de l’Assemblée générale et les réunions de haut niveau du mois dernier.

« À ce jour, nous avons évité des perturbations majeures dans les opérations », indique le communiqué, mais « ces mesures ne suffisent plus. Le Secrétariat pourrait faire face à un retard sur les salaires et les paiements de biens et services d’ici la fin novembre, si davantage d’États membres ne paient pas leurs contributions budgétaires intégralement ».

« Le Secrétaire général a noté qu’il s’agissait d’un problème récurrent qui entravait gravement la capacité du Secrétariat à s’acquitter de ses obligations envers les personnes que nous servons », a déclaré M. Dujarric. « Nous sommes maintenant déterminés à hiérarchiser nos travaux en fonction de la disponibilité de liquidités, ce qui compromet la mise en œuvre des mandats définis par les organes intergouvernementaux. Le Secrétaire général compte donc sur les États membres pour résoudre sans plus attendre les problèmes structurels qui sous-tendent cette crise annuelle ».

Guterres devant la Cinquième Commission chargée du budget

S’exprimant mardi matin devant la Cinquième commission de l’Assemblée générale chargée d’établir le budget de l’Organisation, le Secrétaire général a déclaré que « ce mois-ci, nous atteindrons le déficit le plus important de la décennie ».

En ce qui concerne les emprunts sur les réserves constituées pour faire face à des besoins urgents, il a déclaré que l’Organisation risquait d’épuiser les réserves de trésorerie réservées aux opérations de maintien de la paix et de commencer le mois de novembre sans disposer des liquidités nécessaires pour payer les salaires.

Après avoir examiné la proposition de budget ordinaire pour 2020, qui restent inchangées par rapport à cette année et totalisent 2,94 milliards de dollars, y compris une diminution nette de près de 100 postes, M. Guterres a déclaré que cette proposition représentait une « réflexion profonde sur la voie à suivre et un engagement profond envers notre travail commun ».

« Pourtant, l’Organisation est confrontée à une grave crise financière. Pour être plus précis, une grave crise de liquidités. L’équation est simple : sans argent, le budget ne peut être correctement exécuté », a-t-il ajouté.

Le chef des Nations Unies a déclaré que l’exécution du budget n’était plus dictée par la planification, mais par « la disponibilité de liquidités ». Le recrutement et les dépenses non salariales étant limités par ces liquidités, cela compromet la réalisation du mandat et va à l’encontre des efforts pour se concentrer davantage sur les résultats, a-t-il ajouté.

Notant la difficulté de planifier les dépenses lorsque l’argent n’est pas reçu suffisamment tôt dans l’année, il a exhorté les gouvernements à ne pas baser leurs dépenses l’année prochaine sur les tendances de cette année. « Cela ne ferait qu’aggraver une situation déjà alarmante », a-t-il dit.

M. Guterres a déclaré que la semaine dernière, il avait été « forcé d’introduire des mesures extraordinaires pour faire face à la pénurie record de liquidités. Les postes vacants ne peuvent être pourvus, les voyages seront limités aux voyages essentiels, des réunions devront peut-être être annulées ou reportées ». Cela affecterait non seulement les opérations dans les principaux bureaux des Nations Unies à New York, Genève, Vienne et Nairobi, mais aussi les commissions régionales, a-t-il prévenu.

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Ce article a été repris du site news.un.org/fr, qui l’a publié le 8 octobre 2019

 

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