La Cour constitutionnelle a confirmé le 31 octobre 2015 les résultats, annoncés plus tot par la CENI, des élections présidentielles qui ont eu lieu en Guinée récemment.
Dans notre pays comme dans de nombreux autres en Afrique, ceux qui détiennent le pouvoir sont toujours les meilleurs en politique, du moins aux yeux des chercheurs de fonctions plus prestigieuses. Leur parti en période électorale est souvent comme un aimant il attire tout un petit monde de profiteurs qui se bousculent pour se faire remarquer. C’est ce qui aurait eu lieu en Guinée en ce quatrième trimestre de l’année 2015.
Bah Mamadou Lamine du Lynx nous décrit son point de vue corroboré par une expérience directe de terrain.
Nos élites ont l’extraordinaire capacité de rebondir, de se contorsionner, de jouer les caméléons pour venir au secours de toutes les victoires, de tous les PRG. Plus que Sékou Touré au temps du PDG, ils finissent par fonder le PUP avec Fory Coco. Collés aux putschistes au temps du CNDD, ils sucent les chaussettes de Dadis avant de lécher les bottes de Konaté. Arqués avec le Grimpeur, ils dament le pion aux militants historiques du RPG et se positionnent en vendeurs de votants. Avec mépris, ils prennent les électeurs pour du bétail, des biens meubles qu’ils proposent au Grimpeur pour des sous ou des places immérités.
A titre illustratif, nous avons pris deux cas : un membre de la société civile qui s’est découvert, à la veille des élections présidentielles une passion pour le Grimpeur et un politicien qui, comme le précédent s’est amouraché du RPG
I- Pour le Premier cas, nous avons interrogé Mr Diallo Taran, le patron de l’Association Guinéenne pour la Transparence, le correspondant local de Transparency International.
Sur l’actualité dominée par la campagne électorale et la généreuse et paradoxale distribution d’argent par le PRG dans les villes et villages du pays.
Question : Est-ce de la corruption, achat de voix/de conscience ? (Il fait partie de ceux qui ont reçu le Grimpeur à Taran, chez lui où il a même tenu le crachoir et formulé des requêtes dont la transformation de son village en Sous-préfecture).
Réponse : « -Non ce n’est pas de la Corruption. Surtout pas à Taran où il n’a fait que respecter la tradition en donnant le prix de la cola aux vieux et des cadeaux aux griots. En outre il a donné des sous pour les groupements et autres associations. Le Grimpeur est d’ailleurs accompagné du Directeur d’une Banque nouvellement installée en Guinée et qui veut s’impliquer dans la micro-finance. »
Question : « Comment aviez-vous réagi, lorsqu’aux Législatives de 2013, le RPG avait failli détruire le tissu social national et de la Moyenne en Guinée, en faisant la promotion du Manden djallon et des roundé ? »
Réponse : « J’avais condamné avec force. »
Q : « Avez-vous adhéré au RPG, le parti au pouvoir ? »
R : « Non ».
On a également parlé de la promesse ferme du Grimpeur de faire bitumer la Route Labé-Tougué-Dinguiraye-Siguiri. Il y croit fermement.
De cette conversation téléphonique, il ressort que Mr Taran est définitivement perdu pour la société civile. Il a laissé échapper la possibilité d’être neutre. C’est son droit et c’est son choix.
Pour ce qui des sous distribués, s’ils proviennent d’une banque qui cherche à se positionner dans le domaine de la micro finance, ce n’est pas normal. C’est de la concurrence déloyale vis-à-vis des institutions similaires qui évoluent dans le pays depuis belle lurette. Et qui produisent des résultats concrets. Certaines sont appuyées par la Coopération française. Si ça ce n’est pas de la corruption, qu’est-ce que c’est ?
L’approche groupements et mouvement associatif, c’est très intéressant. Mais elle doit être arrimée à une politique globale de promotion des produits de l’artisanat local. Jusqu’à présent cette gouvernance n’a rien fait pour aider l’artisanat. A quelque niveau que ce soit. Pourtant, c’est le premier employeur du pays. Bien avant la Fonction Publique, la vache à lait d’une Administration publique de façade.
Ex.1- Lors de son dernier séjour foutanien, le PRG a logé à Pita à la résidence du préfet, une des réalisations frappées de jaunisse « M’as-tu vu, je suis beau, regarde-moi et vote pour moi » de la gouvernance RPG dans la localité. Dans cette résidence, les portes (oui les portes !), les rideaux sont importés… Les faiseurs de Pita ? Au diable ! On ne pense à eux que pour les discours radiotélévisés et les banderoles jaunes. Pourtant la Coopération allemande s’était impliquée dans la région du temps de Fory Coco à travers la Fondation Friedrich Ebert. Il y a eu une nette amélioration de la qualité de leurs produits.
Autre élément révélateur du peu de souci que l’Etat RPG accorde aux problèmes des Guinéens : ni à N’Nzérékoré, ni à Boké, ni à Mamou, encore moins à Gaoual on n’a construit de caserne de Sapeurs Pompiers. Quand on sait que la Guinée est un pays de séismes…
Ex.2- En Août dernier, le Président de l’Assemblée Nationale débarque à Pita avec une forte délégation pour vendre les « Réalisations du Professeur ». Pour vendre sa camelote faite essentiellement de PPTE ( un topo piqué à Sydia), il va loger et se nourrir chez l’habitant. Lui et ses gorilles sur-armés, hyper-musclés et plus effrayants que les gardes du corps des barons de la mafia. Un élu, de quoi a-t-il peur ?
Les hôtels et restaurants de la place peuvent toujours courir… Eux et leurs plats typiques.
Ex.3-A Labé, toujours la Coopération allemande et l’actuelle GID fait construire à l’intérieur de la cour du gouvernorat le siège d’un de ses projets de lutte contre la pauvreté, l’ASRP.
A plusieurs reprises, nous nous sommes adressé à des ministres et à des députés, mouvance comme opposition pour leur demander d’initier une loi obligeant l’état à se ravitailler en mobilier avec les artisans locaux, des bureaux de quartier à Sékoutouréya en passant par les mairies, les sous-préfectures, les préfectures, les gouvernorats, les ministères et autres grandes directions publiques, Gendarmeries, Commissariats et Postes de Douanes…
C’est un marché immense d’une inestimable quantité de milliards qui échappe à nos compatriotes. Au bénéfice des Asiates.
De la même manière pourquoi n’encourage-t-on pas les hôtels et restaurants à servir majoritairement dans leurs tables les savoureux délices de la cuisine guinéenne ?
Pour le mobilier, c’est sûr que la Corruption n’est pas loin. On se sucre entre quelques hauts fonctionnaires pourris et des commerçants véreux. Pour la Cuisine locale, c’est sûr que c’est l’ignorance, la nullité. Et c’est toujours inexcusable. Les incompétents et les nuls, dehors !
Mais, revenons à Mr Taransparency.
– En 2006, il nous attribue un marché pour mener une étude sur le système national d’intégrité de la Guinée. Ce type d’étude est la porte d’entrée de Transparency International dans un pays. Nous menons l’étude avec une équipe de journalistes. Au moment de percevoir nos honoraires, il nous réclame une commission. Surpris et extrêmement déçu, nous en perdons la voix !
-En 2013, c’est lui qui nous avait documenté sur les magouilles d’Aziz Diop sur les sous de l’UE destinés aux législatives. Mr Diop, du Conseil National des OSC avait alors accusé les Peulh d’être responsables de ses malheurs. Lui aussi a tellement grenouillé qu’il a fini par être préfet de Kankan. Là-bas, actuellement il fait tout pour empêcher ces Peulh de voter. Objectivement ils sont devenus partenaires.
Pour le second cas, nous avons essayé de parler, en vain avec Mr Amadou « Alain Lélouma ». Ancien commissaire de police, ancien préfet de Pita, ancien député et ex ancien ministre, il aurait pu, sagement prendre sa retraite politico-administrative. Il a préféré continuer l’activisme politique en allant à l’UFR. Au cours de l’année 2014. Nous lui avons rendu visite chez lui à Labé pour une discussion autour de Samba Hééri ex préfet de Lélouma. Nous étions avec Mr Mamadou Yaya Bah, un responsable de la section UFR de Pita. Au cours de la conversation, il nous a dit son intention de quitter l’UFR. Parce que dit-il « Sidya n’aime pas les Peulh ». Nous n’avions rien à dire et nous n’avons rien dit.
C’est avec surprise que nous avons su, au mois d’août dernier qu’il s’est rallié au RPG ! Incroyable ! Comment imaginer qu’un fils du Fouta et particulièrement de Lélouma puisse aider le RPG du Grimpeur à être PRG sachant ce qu’il a fait faire à Lélouma et, précédemment à toute la Moyenne Guinée autour du misérable concept de Roundé et de Mandendjallon ?
Et après les violences et brutalités impunies des agents des FDS contre les jeunes Foutaniens à Bambéto-Cosa à Conakry ? Les militants du RPG qui galéraient autant du PUP l’accusent à l’époque, en juin 1991, pendant qu’il était Préfet de Pita, d’avoir refusé de recevoir Alpha Condé de passage dans la localité. Les temps ont changé, la traversée du désert fait partie du passé ; le Grimpeur est devenu plus fréquentable.
Ne donne-t-il pas raison, lui et ses semblables à ceux des Rpégistes qui disent que les Peulhs sont des cafards, des rats et autres punaises ou des tortues ? Et qu’ils aillent se faire voir ailleurs Mogadiscio ?
BAH MAMADOU LAMINE