Le pire scénario que l’on pouvait imaginer pour la Guinée et les guinéens est entrain de se dessiner. Voici une dépêche d’AFP qui ne présage rien de bon.
DAKAR — Le dirigeant intérimaire de Guinée, le général Sékouba Konaté, a menacé jeudi soir de démissionner devant l’insistance de membres de la junte à vouloir ramener à Conakry leur chef, le capitaine Moussa Dadis Camara, a affirmé vendredi un membre de la junte.
Des responsables de la junte, dont le colonel Moussa Kéita, arrivés jeudi soir à Ouagadougou, ont « voulu coûte que coûte » ramener à Conakry le capitaine Camara, selon cette source jointe au téléphone par l’AFP dans la capitale burkinabè depuis Dakar et qui a été témoin de cette discussion entre les deux parties.
« Puisqu’il en est ainsi, je vous offre ma démission et vous allez voir comment vous allez rentrer en Guinée », leur a répondu le général Sékouba Konaté, selon la même source s’exprimant sous couvert de l’anonymat.
Après ces vifs échanges traduisant de profondes divisions au sein du pouvoir militaire, les deux parties ont convenu de revoir vendredi le médiateur, le président burkinabè Blaise Compaoré, et d’arrêter une position commune, a-t-on ajouté.
Des discussions de haut niveau se déroulent depuis mercredi soir à Ouagadougou sur le maintien en exil ou le retour en Guinée du chef de la junte.
Ce dernier est arrivé par surprise mardi soir dans la capitale burkinabè, après plus d’un mois d’hospitalisation au Maroc à la suite d’une blessure par balle à la tête lors d’une tentative d’assassinat le 3 décembre par son aide de camp.
Jeudi soir, les partisans du capitaine Camara ont fait monter la pression: un « collectif » composé des membres de la junte et « des chefs d’Etat-major des armées » a « exigé le retour en Guinée du président de la République », le capitaine Camara, selon un communiqué lu à la télévision publique guinéenne.
Ce « collectif » a envoyé à Conakry une délégation menée par le ministre-secrétaire permanent du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte) Moussa Kéita, proche du capitaine Camara.
« A son arrivée à Ouagadougou, la délégation guinéenne a été reçue par le président Compaoré avant qu’il ne la conduise à la villa du capitaine Camara », a expliqué à l’AFP le même membre de la junte.
« Elle a eu un entretien de plusieurs heures avec le président de la junte » puis s’est rendue « à l’hôtel du général Konaté qui, dans un premier temps, a refusé de les recevoir », a-t-il poursuivi.
« Après de longues et interminables tractations, Konaté se résoud à recevoir cette délégation » et entame la discussion en lançant au chef de la délégation: « toi Moussa, tu veux la guerre en Guinée? tu l’auras ». « Non, mon général, non », aurait alors répliqué le colonel Kéita.
Selon le même récit, le général Konaté, soutenu par la communauté internationale, répond alors: « oui, tu veux que le pays brûle, tu sais que Dadis nous a trahi, il a trompé tout le peuple, arrêtons de faire croire à l’étranger que nous sommes populaires, c’est faux, le peuple est fatigué de nous ».