Suite de l’article précédent intitulé Une page noire des États -Unis d’Amérique sous la présidence de Franklin Delano Roosevelt, ici une des survivantes, Mme Gerda nous raconte de vive voix cette histoire qu’elle a vécue personnellement avec famille.
J’ai eu de bons amis israélites et je garde une grande considération pour ce peuple qui a beaucoup apporté à l’humanité. En particulier, ils ont joué un rôle important dans la lutte contre la ségrégation raciale aux USA.
Sur le plan personnel, je remercierai toujours le Rabin Elio Toaff, grand-rabbin de Rome de 1951 à 2001 décédé l’année dernière à quelques jours de son 100ᵉ anniversaire. En 1970 et 1971, on s’est lié d’amitié et il m’a aidé à résoudre le problème de la circoncision de mes premiers enfants, dans une clinique privée à Rome. J’ai encore quelques amis à Rome, en particulier, des médecins qui m’ont traité quelques petits bobos liés à l’âge.
En outre, depuis 1999, l’administratrice de mes biens à Nice est une juive avec laquelle j’ai toujours eu de très bonnes relations personnelles.
Toute cette confession a comme but de démontrer que la prise de position que je vais exprimé n’est pas le fruit de préjugés raciaux ou religieux. Suite à l’attaque la plus meurtrière perpétrée par des palestiniens à Tel-Aviv, tuant quatre victimes et blessant cinq autres personnes, le gouvernement israélien a décidé d’interdire l’accès de son territoire à tous les palestiniens.
Gerda et ses parents obtinrent des visas pour partir à Cuba sur le navire « St. Louis » en mai 1939. Lorsque le navire arriva au port de La Havane, la plupart des réfugiés se virent refuser l’entrée et le navire repartit pour l’Europe. Gerda et ses parents débarquèrent en Belgique. En mai 1940, l’Allemagne attaqua la Belgique. Gerda et sa mère s’enfuirent en Suisse. Après la guerre, on leur dit que le père de Gerda était mort en déportation.
TRANSCRIPTION COMPLÈT DU TÉMOIGNAGE
Vous pouvez vous imaginer l’ambiance qui régnait. Tout le monde était très déprimé. Quelques uns ont tenté de se suicider, je pense à un homme… il, je crois qu’il s’est ouvert les poignets et il fut le seul à avoir débarqué parce qu’ils devaient l’emmener à l’hôpital pour le soigner. Je ne sais pas s’il y est restéJe pense que oui. Il doit être le seul à y être resté. Mais, vous savez, les humains sont toujours pleins d’espoir. Vous savez, nous nous accrochons toujours à l’espoir que quelque chose va se produire. Ils n’allaient pas nous laisser pourrir sur l’océan. Je veux dire, quelque chose devait nous arriver. Bien sûr, nous avions peur de retourner en Allemagne. C’était là le gros problème, vous savez. La nourriture empirait de jour en jour et l’eau c’était… l’eau courante, je veux dire, il y avait de l’eau mais nous devions être prudents, et, bien sûr, finies les fêtes.
Plus de fêtes, plus de joie. Nous restions assis à attendre que quelque chose arrive, vous voyez, et le comité a tout essayé et a envoyé des télégrammes dans le monde entier pour qu’on nous laisse entrer mais ce fut…Tous les jours, il y avait des genres de journaux imprimés qui étaient affichés pour nous dire ce qui se passait et tous les jours, nous devions aller dans un autre pays mais rien n’a jamais abouti jus qu’à ce qu’enfin, nous sommes arrivés sur la côte de Miami et nous avons pensé que nous pouvions accoster.
J’ai entendu plus tard que le capitaine avait accepté de faire une sorte d’accostage forcé mais nous ne savions pas de quoi il s’agissait. Nous n’avons vu que les bateaux des garde-côtes nous encercler près de Miami pour s’assurer que nous ne nous approcherions pas plus près de la frontière, de la berge, et ce fut tout. Alors nous avons vu les lumières de Miami. Nous avons vu les lumières de l’Amérique. Et ce fut tout. Nous repartîmes lentement vers l’Europe. Et, bien sûr, les négociations allaient bon train avec le, l’Appel Juif Uni et il y avait un Monsieur Tupper à Paris et il a finalement obtenu que nous soyions répartis entre la Belgique et la Hollande, entre la France et l’Angleterre.