Sans les antirétroviraux du Fonds mondial, les Camerounais séropositifs risquent « la peine de mort »
Le Fonds mondial a averti qu’il suspendrait son aide internationale de lutte contre le VIH (virus du sida) en fournissant gratuitement des antirétroviraux (ARV) au Cameroun, si le pays continuait d’éviter de payer sa part. Le Cameroun est en effet censé payer 20% du coût d’achat des médicaments, mais, mais il a accumulé maintenant une dette de presque 43 millions d’euros, a annoncé la BBC le 4 septembre.
Une source souhaitant rester anonyme et travaillant avec le programme national de lutte contre le VIH / sida du pays a déclaré à Global Voices : « On nous a dit de Yaoundé [la capitale] de vérifier le stock de médicaments antirétroviraux [et] d’être au courant de la situation. » Le gouvernement n’a pas encore publié de réponse officielle.
Le Fonds mondial, qui finance également des actions de lutte contre le paludisme et la tuberculose dans le monde entier, devrait mettre fin à son contrat avec le Cameroun à partir de janvier 2020. À ce stade, les personnes séropositives devront acheter elles-mêmes les médicaments essentiels leur permettant de vivre normalement.
Une femme a déclaré à la BBC qu’un manque d’accès à ces médicaments « constituerait une condamnation à mort pour les personnes vivant avec le VIH ». Une médecin qui gère une clinique a également expliqué à la BBC que les stocks d’antirétroviraux avaient diminué depuis juin. Auparavant, elle était en mesure de fournir un traitement antirétroviral de trois mois, mais à présent, elle ne peut plus fournir qu’un mois à la fois, en raison du manque de provisions et du risque de rupture de stock.
Cameroon has made good progress in fighting HIV AIDS but now patients may start buying ARV drugs which have been given free of charge for over a decade due to a default payment by the government to Global Fund
— Ikote Brian (@IkoteBrian) September 4, 2019
Le Cameroun a bien progressé dans la lutte contre le VIH-SIDA, mais les patients devront peut-être commencer à acheter les médicaments antirétroviraux qui étaient gratuits depuis plus de 10 ans, en raison d’un défaut de paiement du gouvernement au Fonds mondial.
Le docteur Ebongo, représentant du ministère de la Santé du Cameroun, a déclaré à Global Voices qu’il y avait lieu de s’inquiéter.
« Il y aura une réunion importante au ministère de la Santé pour discuter de la question. Le ministre fait tout son possible pour qu’il n’y ait pas d’interruption », a déclaré Dr. Ebongo, dissipant ainsi les craintes de manque de médicaments antirétroviraux au pays.
« Il n’y a pas de rupture de stock ; Les antirétroviraux sont disponibles dans les hôpitaux. Nous n’avons de problèmes que pour les distribuer dans les zones en crise », a-t-il déclaré.
Dr. Ebongo fait référence aux régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun, touchées par un conflit armé opposant les rebelles anglophones et l’armée francophone dans le cadre d’un mouvement séparatiste. En raison du conflit prolongé, l’ONU estime qu’au moins 1.800 personnes ont été tuées, plus de 530.000 déplacées, et plus de 1,3 millions ayant besoin d’assistance.
Avec un recul du taux de prévalence du VIH, passé de 4,3% en 2011 à 3,4% en 2018 selon la BBC, cette décision entraverait les progrès significatifs réalisés par le Cameroun dans la lutte contre le VIH et le sida.
Avec la crise actuelle dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest, il existe un risque élevé « d’une augmentation rapide du nombre de nouvelles infections à VIH après l’interruption du traitement antirétroviral »:
Humanitarian situation is fast deteriorating in Cameroon’s North & South-west regions
-1.3M pp in need of assistance
– 437,000+ pp fled their homes
– 80%+ of children no longer go to school
– high risk of rapid increase in new HIV infections after interruption of ARV medication pic.twitter.com/sYpM9m9bsg— Hajer Naili (@H_NAILI) February 21, 2019
La situation humanitaire se dégrade rapidement dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun
-1,3 millions de personnes ayant besoin d’assistance
– plus de 437 000 ont fui leur maison
– plus de 80% des enfants ne vont plus à l’école
– risque élevé d’augmentation rapide du nombre de nouvelles infections à VIH après l’interruption du traitement antirétroviral
En 2013, le Fonds mondial et le Cameroun avaient annoncé un nouveau programme de traitement du VIH : le premier avait annoncé un fonds de 18 millions d’euros, tandis que l’autre s’est engagé à renforcer le partenariat en en faisant une priorité dans son budget.
Aujourd’hui, plus d’un demi-million [fr] de personnes vivant avec le VIH au Cameroun sont confrontées à l’incertitude :
Uncertainty looms the around the survival of more than half a million persons living with HIV in Cameroon https://t.co/wu7tAP0z1d pic.twitter.com/2ge6nI73y3
— Shabir Moosa (@ShabirMoosa) September 1, 2019
L’incertitude plane sur la survie de plus d’un demi-million de personnes vivant avec le VIH au Cameroun
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Ce billet de Ekonde Daniel écrit en anglais que j’ai traduit en français a été publié sur le réseau globalvoices.org le 21 septembre 2019. L’auteur est un journaliste qui écrit sur le sport africain, l’intérêt humain et la culture. Il habite au Cameroun. Il est actuellement producteur sportif à CBS Radio Buea au Cameroun et également contributeur de football pour KweseESPN et contributeur aux éditions africaines de Goal.com. Daniel a couvert la Coupe d’Afrique des Nations Féminine 2016.