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« Le VIH/SIDA n’est pas une fatalité », dixit dame Sylla, vivant avec la maladie depuis plus de 10 ans

Les enjeux liés aux difficultés des soins médicaux pour les patients du VIH/SIDA et le manque de communication sur la maladie restent encore un grand défi à relever. Pour beaucoup, être séropositif (ve) est un handicap. Or, il est très important de se connaitre soi-même. Il est aussi impératif de savoir vivre en société sans différenciation.

C’est dans ce sillage d’idée que konakryexpress fait découvrir à ses lecteurs les réalités que certains ignorent encore. Sur cet entretien sans tabou avec madame Sylla, une séropositive depuis une dizaine d’années et qui travaille pour le centre DREAM (Drug Ressource Enhancement againts AIDS and Malnutrition) qui aide à réduire le Sida en Guinée plus particulièrement, et en Afrique de manière générale.

Situé à la corniche nord, à la rentrée du quartier Camayenne, commune de Dixinn, le centre DREAM (Amélioration des ressources en médicaments contre le sida et la malnutrition) existe depuis 2006 en Guinée. Il a pour objectif d’aider à réduire le Sida en Afrique en général. Avec des équipements très avancés et un laboratoire qui inspire la confiance, et qui accueil un grand nombre de patients.

Il est presque 9 heures passées lorsque je me pointe à mon rendez-vous. Un retard accusé d’un peu plus d’une quinzaine de minutes. En fait, pour quitter la haute banlieue, il faut être très matinal pour gagner un taxi. Mais ce qui fait le plus mal, c’est le problème de bouchon. A Conakry cela n’est pas surprenant car même les noctambules se plaignent parfois. C’est devenu une coutume. « Ce n’est pas facile, mais on n’a pas le choix! » réplique mon interlocuteur dans un sourire.

Accueillante et ouverte, dame Sylla a eu le plaisir et la sagesse de me livrer sans complexe sur sa maladie et des étapes qu’elle a eu à surmonter depuis qu’elle fut annoncée porteuse du virus jusqu’à ce jour.

Dame Sylla : je suis tombée malade lorsque j’étais au lycée, je ne me sentais pas bien (…) c’est ce qui m’a finalement poussée à aller faire mon test de dépistage. Après le test, on m’a appris que je suis séropositive. Quelques mois après, je suis tombée enceinte. Finalement j’ai profité de l’ouverture du centre DREAM pour refaire le même test, qui s’est aussi avéré positif. Depuis, je suis le traitement avec une prise en charge totale.

– Etre séropositif (ve) donne à l’entourage un regard méfiant. Ainsi, il faudra assez de courage pour pouvoir chapeauter les épreuves. Est-ce que c’est le même cas chez vous ?

Je mène bien ma vie, on dit que le SIDA n’est pas une fatalité et le traitement est un traitement à vie. Si tu prends tes médicaments, tu n’auras pas de problème. Je n’en ai aucun complexe, ni chez moi en famille, ni entre mes copines, et encore moins devant qui que se soit. Etre malade ne veut pas dire rester isolé au sein de la société pour éviter de contaminer les autres. Le virus, ce n’est pas ça. Seulement tous ce que j’utilise comme « objet souillé » chez moi, reste uniquement à ma portée et non à la portée des enfants ni à la portée d’autrui pour ne pas qu’il y ait risque de contamination.

– Vous faites de la sensibilisations sur la maladie ?

– Bien évidemment. J’aborde le sujet entre amies, en famille (…) je sensibilise la dessus parce que quand on dit que quelqu’un vie avec le VIH/SIDA, pour certains c’est la fin du monde. J’explique à mes amies que cela n’est pas une fatalité. L’essentiel est de se faire dépister, quel que soit le résultat.

– Et à l’intérieur du pays, vous vous y êtes une fois rendue pour sensibiliser ?

– A Dubréka où on a un centre satellitaire par exemple, on a fait des journées de sensibilisation. Nous sommes même allés jusqu’à l’université des beaux arts en passant par les écoles du secondaire tout en se présentant comme séropositifs (ves) devant les étudiants et élèves pour leur faire savoir que toute maladie peut avoir un remède, à condition qu’on suive bien les conseils des médecins. Aucune personne n’est épargnée de cette maladie, chacun doit alors faire son test de dépistage.

– Comment arrivez-vous à convaincre les analphabètes, surtout quand on connaît la réticence de la majorité ?

– Ce n’est vraiment pas facile de sensibiliser les analphabètes, mais il suffit tout simplement de leur faire comprendre que lorsqu’ils apprennent que quelqu’un de leur famille est atteint de la maladie ou du virus, il faut l’approcher, l’aider à se traiter, il ne faut pas le pointer du doigt. Le SIDA est à l’image du diabète, du cancer, qui ont besoin de suivi. C’est d’ailleurs ce qui l’empêche de se développer dans le corps, et finalement nous arrivons par les convaincre.

– Quel conseil donnerez-vous à ceux qui ne veulent pas se faire dépister pour une raison de peur ?

– Je lance un appel à ces personnes là, de venir volontairement faire leur test afin de connaitre leurs états. Ce n’est pas facile mais il faut avoir le courage. Quand tu es séronégatif, on te conseille, et dans le cas contraire, on t’aide à suivre un traitement de manière gratuite et régulière. Le centre DREAM est là pour ça, doté d’un équipement spécialisé et moderne.

On lance souvent le slogan, « zéro contamination » ! Malgré tout, il y’en a encore. C’est pourquoi je dirai toujours et surtout aux jeunes que connaitre leur statut sérologique est extrêmement important. La santé n’a pas de prix. Quand tu connais ton état de santé même si tu es séropositif (ve), tu pourras encore vivre pendant de longues années.

En Guinée il faut le rappeler, rares sont ceux qui ont le courage d’aller se faire dépister dans un centre spécialisé. Et selon les récentes statistiques, le taux de prévalence s’inscrit à 1,7% au niveau de la population de façon générale, dont 2,1% chez les femmes et 1,2% chez les hommes.

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