30ème anniversaire de la Convention de l’ONU contre la discrimination aux femmes
A l’occasion du 30ème anniversaire de l’adoption de la Convention de l’ONU sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), surinitiative de la FIDH, plusieurs personnalités africaines et internationales ont adressé une lettre aux chefs d’état africains datée du 17 décembre. Voici la lettre:
Lettre Ouverte aux chefs d’État africains
Excellences,
Le 18 décembre 2009, nous célébrerons le 30ème anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). Nous saisissons cette occasion pour vous appeler, au nom de tous les acteurs de la campagne, «L’Afrique pour les droits des femmes: Ratifier et Respecter!*», à respecter les engagements que vous avez pris en ratifiant cet instrument et les autres traités internationaux de protection des droits humains des femmes. Nous vous appelons à saisir cette occasion pour annoncer la mise en oeuvre de mesures concrètes visant à garantir le respect des droits humains des femmes dans votre pays et ainsi pouvoir contribuer à mettre un terme aux violences et discriminations à l’égard des femmes, qui demeurent malheureusement répandues sur le continent.
La campagne «L’Afrique pour les droits des femmes: Ratifier et Respecter!» a été lancée le 8 mars 2009 par plus d’une centaine d’organisations africaines dans plus de 40 pays du continent. Elle appelle à la ratification, sans réserves, de la CEDAW et du Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes (Protocole de Maputo), à l’harmonisation des lois nationales avec les dispositions de ces instruments et à l’adoption de toutes les mesures nécessaires visant à les mettre en oeuvre.
La ratification de la CEDAW a directement contribué à l’adoption de réformes non négligeables dans plusieurs Etats africains dont l’abolition des mutilations génitales féminines, la réforme de législations discriminatoires ou encore l’adoption de lois pour protéger les femmes de la violence et des discriminations.
Bien que ces avancées encouragent notre mouvement, elles restent malheureusement insuffisantes, les lois et pratiques discriminatoires à l’égard des femmes étant toujours aussi répandues sur le continent. Si tous les Etats africains, à l’exception de la Somalie et du Soudan, ont ratifié la CEDAW, les dispositions de cette Convention demeurent largement inappliquées, notamment en raison d’un manque de volonté politique. Nous vous appelons une fois de plus à saisir cette occasion du 30ème anniversaire de la CEDAW pour annoncer et prendre des mesures urgentes pour:
* Ratifier sans réserves le Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes, la CEDAW et son protocol facultatif ;
* Conformer votre législation nationale avec les dispositions des instruments internationaux et régionaux de protection des droits des femmes, en abolissant les lois discriminatoires et en adoptant des lois pour protéger les droits humains des femmes ;
* Prendre toutes les mesures nécessaires visant à garantir la mise en oeuvre effective de ces lois.
Nous vous encourageons à considérer cet appel à l’action et à prendre des mesures concrètes pour enfin mettre un terme aux discriminations et violences à l’égard des femmes sur le continent africain.
Bien cordialement,
Nadine Gordimer, Prix Nobel de littérature, 1991
Wole Soyinka, Prix Nobel de littérature, 1986
Maryse Conde, Ecrivaine
Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, 2003
Mary Robinson, ancien Haut Commissaire de Nations unies aux droits de l’Homme
Soyata Maiga, Rapporteure Spéciale sur les droits des femmes, Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples
Reine Alapini Gansou, Présidente Commission africaine des droits de l’homme et des peuples
Yakin Erturk, Ancien Rapporteuse Spéciale des Nations Unies sur les violences faites aux femmes
Angela Melo
Pierre Sane
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Il y a tellement de journées internationales, qui sont toutes importantes, mais que nous ne sommes pas en mesure de célébrer de la meme façon, avec la meme importance. Pourtant, le fait qu’elles soient connues ou pas dépend de l’importance que chacun de nous leur attribue.
De tout temps, malgré les nombreuses contradictions dans notre société la femme guinéenne a joué un role important tant au niveau individuel que des organisations féminines. Dans le combat politique, elles ont toujours été à l’avant garde, meme si au moment du partage des fruits de la lutte, elles sont oubliées. Du matin au soir elles se battent pour améliorer les conditions de vie de toute la famille. Mais elles sont battues, violées, humiliées, voire vendues. Elles ont été les principales victimes des évènements du 28 septembre dernier et selon HRW, elles avaient été visées avec prémédittion par les militaires pour donner un signal de leur détermination de ne pas partager le pouvoir avec les civils.
N’oublions pas ces témoignages accablants des victimes de viols multiples en plein jour où de ces rapts et séquestrations suivis de viols multiples dans des maisons privées.
Voici quelques extraits: Ce qui est grave dans cette affaire au moment où les familles des victimes étaient encore dans la douleur, les hommes du capitaine Moussa Dadis Camara continuaient à satisfaire sa libido sur des femmes séquestrées dans des maisons privées. C’est le cas de cette femme âgée de 42 ans qui témoigne:
En essayant de m’enfuir des coups de feu, j’ai vu un petit groupe de Bérets rouges violer une jeune femme. L’un d’eux a enfoncé son fusil dans son sexe et a tiré. Elle n’a plus bougé. Oh Dieu, chaque fois que je pense à cette fille qui est morte de cette façon… Je ne peux pas le supporter. Et tout de suite après, un autre Béret rouge m’a attrapée par derrière, me serrant très fort et me dit : ‘Viens avec moi, ou je vais te faire la même chose.’ Il m’a conduit dans un camion militaire sans fenêtres. Il y avait là environ 25 jeunes hommes et six femmes, moi y compris. Après une certaine distance, ils se sont arrêtés et les soldats ont dit à trois ou quatre femmes de descendre. Plus tard, ils se sont arrêtés devant une deuxième maison où ils ont dit aux femmes qui sont restées de descendre. J’ai immédiatement été conduite dans une pièce et la porte a été fermée à clef derrière moi. Quelques heures plus tard, trois d’entre eux sont entrés dans la chambre. Tous habillés en tenues militaires et avec des bérets rouges. L’un d’eux avait un petit récipient de poudre blanche. Il y trempa son doigt et l’enfonça dans mon nez. Puis, tous les trois ont abusé de moi. Le lendemain, ils ont abusé de moi à nouveau et après, d’autres sont venus deux par deux. Je ne sais pas combien ou qui sont-ils. Je sentais mon sexe brûler. J’étais tellement fatiguée et hors de ma tête. Les trois premiers se regardaient entre eux quand ils me violaient.
J’étais là pendant trois jours. Ils ont dit : ‘Tu ne penses vraiment pas sortir d’ici en vie, n’est-ce pas ?’ Et parfois ils discutent entre eux : ‘Faut-il la tuer maintenant ?’ ‘Non, utilisons la d’abord avant de la tuer.’ Parfois j’entendais des pleurs de femme à partir d’une pièce voisine : ‘S’il vous plait, s’il vous plait… oh mon Dieu, je vais mourir.’ Le dernier jour, à 6 heures du matin, les soldats ont mis une couverture sur ma tête et m’ont conduite pendant un certain temps pour me laisser au coin d’une rue, toute nue.