Lettre adressée à Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso et médiateur dans la crise guinéenne
Le 30 décembre 2009, des membres de la communauté guinéenne en France
Guinéens de France se sont retrouvés devant l’ambassade du Burkina à Paris pour manifester contre la médiation du Président Blaise Compaoré dans la crise guinéenne.
Selon un article publié sur le site du Collectif guinéen contre le pouvoir militaire:
« Vers 13 h 30, la manifestation proprement dite a commencé avec des slogans du genre : « Blaise Assassin ! Blaise escroc ! Blaise dehors ! On ne veut pas de Blaise comme médiateur ». Les leaders politiques guinéens encore à l’étranger, ont été également invités par des slogans, à regagner le pays, leur place, estiment-ils en cette période difficile, est d’être aux côtés du peuple de Guinée. »
Malheureusement, les organisateurs de la manifestation n’ayant pas demandé les autorisations nécessaires, d’après ce site, les manifestants n’ont pas pu accéder à l’ambassade. Mais:
« une responsable de la chancellerie est venue aux dernières minutes rencontrer les manifestants, pour l’entendre dire que l’ambassadeur était absent de Paris. Elle a demandé aux Guinéens de prendre un rendez-vous avec leur bureau en vue d’organiser un rendez-vous avec le représentant du Burkina en France. Ce qui se fera, probablement en début de l’année… »
Ils ont remis la lettre suivante dans la boite à lettres de l’ambassade:
Objet : Crise guinéenne/la partialité et les déclarations intolérables du médiateur
Monsieur le Président,
En tant que médiateur de la crise Guinéenne, nous avons été choqués par vos dernières prises de position partiales en faveur de la junte guinéenne et de son chef Moussa Dadis Camara.
En effet, malgré votre passé sombre, (nous pensons non seulement à la manière par laquelle vous êtes arrivé au pouvoir au Burkina Faso mais aussi et surtout votre parrainage de tous les conflits qui ont déchiré la sous région), toutes les composantes de la crise guinéenne, les citoyens guinéens vous ont accordé le bénéfice du doute.
Fort malheureusement, la première proposition de sortie de crise que vous avez faite a choqué la quasi-totalité des Guinéens plus ou moins optimistes et a renforcé les craintes de ceux qui étaient sceptiques.
En effet, votre proposition qui ne reprend aucune position des Forces Vives, retient et renforce toutes les propositions de la junte, ce qui n’inscrit plus celle-ci dans le cadre d’un arbitrage. Pis, cette proposition va à l’encontre de toutes les recommandations des composantes de la communauté internationale qui vous ont mandaté (la CEDEAO, l’Union africaine, le Groupe International de Contact sur la Guinée et bien d’autres…). Dans le même temps, votre proposition ne prend pas en compte les propositions légitimes des Guinéens qui ont été massacrés le 28 septembre dernier qui réclamaient entre autres la non-candidature de Dadis Camara et de tout autre membre du CNDD et du gouvernement actuel.
Cette position vient confirmer la véracité des rumeurs qui couraient depuis quelques semaines sur l’existence d’intérêt entre vous et Moussa Dadis Camara piloté par votre aide de camp personnel d’une part et Idrissa Cherif (ministre de la communication guinéenne) d’autre part. Parmi ces intérêts, nous citons la gestion du port autonome de Conakry confiée à votre ami Richard Talbot, une dizaine de kilo d’or qui ont été convoyées à Ouagadougou par une délégation de la Junte et surtout la mise sous tutelle des richesses guinéennes.
Vos dernières sorties sont venus confirmées toutes ces rumeurs. En effet depuis que Moussa Dadis Camara a été touché par une balle de Toumba Diakité, son aide de camp, alors que vous aviez là une occasion de réussir votre médiation en écartant Dadis Camara qui est la source même de la crise guinéenne, vous dépêchez dans un premier temps un avion pour envoyer Dadis au Maroc pour des soins (car la disparition de Dadis sera la fin de vos juteuses affaires avec la Guinée). Depuis vous avez suspendu votre médiation, comme l’a demandé l’aile extrémiste du CNDD incarnée par Moussa Keita et Idrissa Cherif. La réception du seul Idrissa Cherif, porte-parole de la présidence guinéenne, membre des Forces Nouvelles de côte d’Ivoire et escroc connu dans toute la sous région, le séjour de travail de plusieurs jours de ce dernier à Ouagadougou viennent conforter cette position.
Le comble est venu de votre dernière sortie qui « exige le retour de Moussa Dadis Camara en Guinée », alors que vous savez vous-même que Moussa Dadis Camara n’a plus les capacités mentales pour diriger un Etat. Vous ajoutez que pour vous le choix pour les Guinéens se résume entre Dadis Camara et le capitaine Claude Pivi qui est l’un des artisans des tueries du 28 septembre, d’ailleurs accusé dans le rapport de la commission internationale d’enquête de l’ONU.
Tout cela nous emmène à conclure, que vous ne faites que défendre vos affaires avec le CNDD, vous ne jouez pas votre rôle de médiateur, vous n’avez aucune envie d’aider la Guinée à sortir de sa crise actuelle ;
Par conséquent, nous vous demandons solennellement de vous retirer du dossier guinéen, nous ne voulons plus de votre médiation, nous allons saisir toutes les instances internationales qui vous ont mandatées pour leur demander de vous dessaisir du dossier Guinéen.
Dans cette attente, nous vous demandons de bien vouloir vous abstenir de toute immixtion dans les affaires internes de la Guinée.
Veuillez croire, Monsieur, à l’assurance de nos sentiments distingués.
Paris le 30 décembre 2009
Signataires
Le Mouvement des Jeunes pour le Changement (MJC)
Le Mouvement Dadis Doit Partir (MDDP)
Le Collectif Guinéen Contre le Pouvoir Militaire (CGCPM)
Les Jeunes des Forces Vives de Guinée en France (JFVG-F)
Des citoyens Guinéens de France
J’ai lu votre analyse sur le comportement du mediateur dans la crise Guineenne.
Je partage votre comprehension de la situation et la clarté de votre analyse « Blaise doit être desaisi du dossier guineen ».