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De nouvelles pistes sur les motivations du groupe armé qui terrorise le nord du Mozambique

Un groupe de combattants en treillis contemple une voiture calcinée à Cabo Delgado.

Les dégâts causés par un attentat à Cabo Delgado, au nord du Mozambique, en mars 2020. Photo capturée sur les réseaux sociaux.

[Sauf mention contraire, tous les liens de cet article renvoient à des pages en portugais, ndlt.]

Depuis plus de deux ans, la province de Cabo Delgado au Mozambique a enduré des attaques répétées, notamment des meurtres et des destructions de biens publics et privés, perpétrées par des groupes armés inconnus. Les récits d’habitants forcés de fuir sont récurrents.

Plus de 900 personnes ont été assassinées depuis le début de ces attaques, selon le Projet pour la localisation des conflits armés et le recensement des données d’incidents (ACLED) [en]. En février, le gouvernement de la province de Cabo Delgado a publié un rapport affirmant que plus de 150 000 personnes étaient déjà touchées par le conflit.

Les dernières attaques se sont produites à la fin du mois de mars et au début du mois d’avril 2020, dont une a donné lieu à une occupation temporaire du district par les assaillants.

Ce groupe armé, dont les motivations demeurent inconnues, est surnommé « Al Shabaab » par la population locale, bien qu’il n’y ait pour l’instant aucun lien avéré avec le groupe terroriste somalien [fr]. Cependant, une nouvelle vidéo publiée le 7 avril semble fournir quelques pistes.

Filmée dans le village de Ntchinga, cette vidéo montre les rebelles agitant un drapeau de l’État islamique [fr]. L’un des chefs du groupe s’adresse en kimwan et en kiswahili à la population locale, qu’il semble avoir convoquée pour un rassemblement.

Selon un article publié sur le site de la VOA, cette vidéo suggèrerait un changement de stratégie du groupe, qui tenterait à présent d’obtenir le soutien de la population locale. La VOA publie également la transcription des propos entendus dans cet extrait vidéo :

Nous souhaitons que la loi islamique soit respectée. Cabo Delgado nous appartient et nous allons imposer l’État islamique, compris ?

Nous sommes venus ici deux fois, et cette fois-ci, comme vous pouvez tous le voir, nous ne tuons personne et nous ne détruisons rien, et nous allons vous laisser en paix.

Si vous continuez à collaborer avec le gouvernement, à nous dénoncer et à ne pas suivre l’islam, nous reviendrons une troisième fois et nous allons tout brûler, tous vous tuer, et tout laisser à l’abandon, compris ?

Quelques jours après la diffusion de cette vidéo, des assaillants ont détruit une église catholique dans la région. Faisant écho à cet événement lors de la bénédiction pascale, le pape François a prié [fr] pour la population de Cabo Delgado.

L’intérieur de la mission catholique de Nangololo (district de Muidumbe) vandalisé jeudi par de violents extrémistes qui terrorisent les résidents, et ciblent les casernes militaires depuis deux ans à Cabo Delgado, au nord du Mozambique.

[photos] L’église saccagée : une statue cassée, des bancs renversés, des cendres devant l’autel, et une pièce entièrement calcinée.

En réaction, le gouvernement central a repris ses exhortations à l’arrêt des attaques, rappelant que leurs auteurs devraient être condamnés et emprisonnés :

Le gouvernement condamne fermement ces attaques odieuses et violentes et ne cessera de poursuivre tous les assassins afin de les traduire en justice, comme c’est le cas actuellement.

Au beau milieu de ces attaques, des échos de disparitions de journalistes [fr] se font entendre dans les médias. Le dernier en date est un présentateur de radio locale, selon un reportage de RFI en portugais :

Selon des informations rapportées par l’antenne mozambicaine de l’Institut des médias d’Afrique australe (MISA, acronyme anglais), Ibraimo Mbaruco a quitté son domicile vers 15h le 7 avril pour se rendre à la station de radio où il travaillait. Le journaliste, qui est sorti du travail peu avant 18h le même jour, aurait été séquestré alors qu’il rentrait chez lui, entre 18h et 19h.

MISA indique en outre que quelques instants auparavant, Ibraimo Mbaruco aurait envoyé un SMS à l’un de ses collègues de travail, l’informant qu’il était encerclé par des militaires. À partir de ce moment, il n’a plus répondu au téléphone, bien que son mobile n’ait pas été déconnecté du réseau.

Dans un rapport publié le 13 avril [pdf], le chercheur Sérgio Chichava de l’Institut d’études économiques et sociales, présentait quelques hypothèses concernant la nature du groupe et ses motivations.

Selon Sérgio Chichava, tout indique que le Mozambique est en présence d’un groupe islamiste radical, qui entend imposer la loi islamique.

Cependant, les différentes mutations par lesquelles le groupe est passé en l’espace de deux ans et demi, ainsi que les raisons du choix de la voie armée pour atteindre son objectif, après avoir initialement privilégié des actions non-violentes, mériteraient de plus amples recherches.

Qui est l’« ennemi » qui attaque Cabo Delgado ? Dans numéro 127 du journal IDeIAS, Sérgio Chichava présente les différentes hypothèses du gouvernement mozambicain quant à l’identité et aux objectifs du groupe qui attaque cette province depuis le 5 octobre 2017. À lire ici : [lien vers le bulletin 127 de IDeIAS, à télécharger en pdf] [photo] Capture d’écran de la page de garde du rapport élaboré par Sérgio Chichava, publié le 13 avril 2020 dans IDeIAS (bulletin d’information sur développement, les institutions et l’analyse sociale).

Récemment, un groupe d’artistes de la région a sorti une chanson dans plusieurs langues locales pour appeler les groupes armés à cesser les attaques dans cette province du nord du Mozambique :

C’est la première chanson condamnant les attaques de Cabo Delgado qu’il me soit donné d’écouter. Ce groupe est de Mueda et chante en maconde, en kiswahili et en portugais.

REFRAIN :

Pourquoi est-ce qu’ils nous tuent, nous égorgent comme des poulets, pourquoi est-ce qu’ils nous tuent, nous font du tort, pourquoi ? Qu’est-ce que nous avons fait?!

Le Centre pour la démocratie et le développement (CDD) a quant à lui attiré l’attention sur le danger d’une perte le contrôle de la situation, risquant de provoquer une crise encore plus grave qui s’étendrait à toute l’Afrique australe

Il est impératif que la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) intervienne. Il est vrai que la SADC est cet organisme amorphe que nous connaissons tous, mais elle doit être mobilisée pour intervenir ici.

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Ce billet écrit par Dércio Tsandzana qui blogue depuis 2008 en portugais, a été traduit Laila Le Guen, responsable du groupe globalvoices.org et publié sur ce réseau le

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konakryexpress

Je revendique le titre de premier clandestin à entrer en Italie, le jour où la mort de Che Guevara a été annoncée. Mais comme ce serait long de tout décrire, je vous invite à lire cette interview accordée à un blogger et militant pour les droits humains qui retrace mon parcours dans la vie: https://fr.globalvoices.org/2013/05/20/146487/

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