Camp Boiro

EN GUINEE, LE METIER DE PREFET EST UN FOURRE-TOUT, un article de BML du Lynx

Cet article de Bah Mamadou Lamine (BML) a été publié le 16 janvier dans le Lynx à Conakry. Il est repris entièrement avec l’autorisation de la rédaction.

Chapo

La réconciliation c’est la nouvelle vache à lait des ripoux de l’administration publique et autres opportunistes. Occasion de « petits manzements » pépères et de « Tokhogninis » sans frais pour les « gnari-makhas » en quête perpétuelle de chaussures à cirer pour des postes bonbons.

La  pré-faite de Pita a voulu se taper sa réconciliation alimentaire sur le dos des pauvres des collectivités de Pita dont les élus sont hors mandat. Tout cela sans avoir obtenu l’autorisation de lever ces fonds auprès de sa hiérarchie. Les populations se plaignent. Le gouvernement, averti, la désavoue et l’oblige à restituer ce qu’elle avait indûment arraché aux collectivités. Elle avoue avoir dépensé cent quatre vingt millions de nos Francs. Mais sa Mamaya capote.

Le 13 décembre, elle se retourne contre les élus périmés, le gouverneur de Mamou, le Ministre Alhassane Condé et toute la communauté peuhle qu’elle accuse de tous les maux.

 

EN GUINEE, LE METIER DE PREFET EST UN FOURRE-TOUT

Dans l’administration territoriale française que nous avons héritée de la colonisation, le Préfet est un administrateur civil sorti d’une Ecole Nationale d’Administration.

C’est donc un métier qui s’apprend comme celui de menuisier, de médecin, d’enseignant … En 1958, à l’indépendance, la France a rappelé ses commandants de cercle. Sékou Touré a dû ramasser du n’importe quoi pour en faire des Gouverneurs et/ou des Ministres Délégués. Dans ce choix, il a surtout privilégié les militants serviles et obséquieux du PDG. Dans les villes et dans les villages, ils ont peu administré jouant davantage aux commissaires politiques qu’aux bâtisseurs d’une administration de développement. En termes d’infrastructures, Sékou Chérif, éminent tortionnaire du Camp Boiro, chauffeur illettré en français et gouverneur avait bien remercié les Cubanais d’avoir construit la « gare-voitures de avions » de Labé…. Ces gouverneurs et compagnie, lorsqu’ ils ne ravitaillent pas les Camps Boiro en détenus passent leur  temps à mentir à Sékou Touré et  à vendre le patrimoine de l’Etat. Arrive Fory Coco et triomphent la corruption, l’impunité et l’Administration territoriale fantôme ou, plus exactement les préfets voleurs pillards et nuls.

Ainsi à Pita, on a connu des préfets qui ont vendu les forêts de la FAO, les préfets pique-assiette et qui ont coupé la forêt identitaire de la cité. Ainsi Dabola, Kankama et Konindou ont subi vols et pillages que nous avions dénoncés en son temps sur ces colonnes. A Guéckédou, un préfet n’avait pas trouvé mieux à faire que d’arracher les portes, fenêtres et tôles des bâtiments coloniaux. Pour les vendre .Sous le même régime de Couté, la décentralisation a été vite centralisée et les collectivités transformées en vaches à lait pour des préfets impécunieux, cupides et incompétents.

Avec le CNDD, toujours à Pita, le préfet vend un morceau de la forêt (coté Koubi) à un mécanicien et arrache et vend les tôles d’une des cases de sa propre résidence ! Qui dit mieux ? Madame Kanté,  pré-faite et préfet du changement du Professeur Alpha Grimpeur ! Elle coupe les arbres de cette résidence décoiffée (au moins 15 troncs) et les cède à un vendeur de madriers de Pita. Le décret du Président Alpha interdisant la coupe du bois ? Elle s’en balance. Le Code des Collectivités, le Code de la Forêt,  le Code Foncier et Domanial ? Elle s’en re-balance. Désormais, elle a donné l’exemple aux sous-préfets et maires des communes. Qui vont couper les forêts communautaires à qui mieux-mieux. Leurs arguments ? Si le préfet a coupé, pour quoi pas nous ? Qui est fou ? Tant pis pour les forêts que le PNUD a plantées dans les années 80 pour préserver les bassins versants, les affluents du Kokoulo (lui-même affluent du Konkouré) de Bantighel et consort.

Remarque :Ne sont pas concernés par ce diagnostic sans complaisance évidemment les très rares administrateurs territoriaux compétents et consciencieux qui rament malheureusement à contre courant de cette gouvernance catastrophique qui précipite notre pays dans les abysses.

BML

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konakryexpress

Je revendique le titre de premier clandestin à entrer en Italie, le jour où la mort de Che Guevara a été annoncée. Mais comme ce serait long de tout décrire, je vous invite à lire cette interview accordée à un blogger et militant pour les droits humains qui retrace mon parcours dans la vie: https://fr.globalvoices.org/2013/05/20/146487/

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