Guinée: Tortures et impunité un an après les élections
Je saisis l’occasion de la première célébration ce 23 novembre 2011 de la Journée internationale contre l’impunité pour publier des extraits du rapport d’une mission en Guinée de l’ACAT-France publiée le 9 novembre à Conakry et le 15 à Paris sous la signature des organisations de défense des droits de l’homme, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-France) Association des Victimes, Parents et Amis du 28 septembre 2009 (AVIPA), Les Mêmes Droits pour Tous (MDT) et l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen (OGDH). On peut lire le rapport entier ici: ‘’Torture : la force fait loi – Etude du phénomène tortionnaire en Guinée’’ peut etre consulté ici.
Dans le cadre d’un projet financé par la Commission européenne intitulé « Renforcer les mécanismes d’enquête, d’information, d’alerte et de suivi en matière de tortures et autre mauvais traitements », l’ACAT-France a mené une mission en Guinée du 20 juin au 1er juillet 2011 avec un appui technique et logistique du Programme concerté de Renforcement des capacités des Organisations de la société civile et de la Jeunesse Guinéennes (PROJEG) sur le terrain.
Ce rapport de mission confirme malheureusement les conclusions d’autres ONG nationales et internationales (Amnesty International, Human Right Watch, OGDH, FIDH etc.): sous le gouvernement du Président Alpha Condé les violences graves contre le peuple de Guinée continuent dans une totale impunité.
Il s’agit du recueil d’entretiens confidentiels relatant les témoignages vécus ‘’de 36 personnes indiquant avoir été victimes d’actes de tortures ou de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants commis par des agents des forces de défense et de sécurité essentiellement entre 2010 et 2011. La plupart d’entre elles présentaient des cicatrices et des traces de ligotages excessifs’’. Il en ressort de ce rapport qu’un an après l’élection d’Alpha Condé à la présidence de la République de Guinée en décembre 2010, à l’issue d’un scrutin ‘’démocratique’’, malgré les graves violences interethniques et les morts d’hommes, le phénomène tortionnaire existe toujours en Guinée.
Comme d’habitude, les forces de sécurité usent et abusent encore ‘’régulièrement de la torture et de mauvais traitements – lors d’arrestations, de gardes à vue ou de détentions – à l’encontre de suspects de droit commun, de prisonniers, de personnes considérées comme des sympathisants de l’opposition politique et de militaires accusés de vouloir renverser le pouvoir en place.’’ Faut-il rappeler que l’impunité, surtout parmi les hauts responsables de l’armée et de l’administration, est encore de règle ? Des personnalités soupçonnées des crimes les plus odieux non seulement occupent toujours des postes de responsabilités, mais elles obtiennent même des avancements.
Le Président Alpha Condé, avant de s’envoler pour le Brésil du 17 au 23 novembre a pris l’initiative de libérer des prisonniers politiques et de rencontrer les principaux dirigeants de l’opposition. Espérons qu’il va continuer sur ce chemin favorable à la détente. Pour le moment ce sont surtout ces initiatives à caractère ethnique et le fait de considérer la Guinée comme la propriété de sa région d’origine, qui retiennent l’attention.
Cette vidéo réalisée par des amis qui vivent en Guinée et publiée par le blog Bakchich.TV illustre bien la tragédie dans laquelle vivent les guinéens.